Dans un monde qui change, retrouver le sens du politique — Diocèse de Sens & Auxerre

Aller au contenu. | Aller à la navigation

Outils personnels

Dans un monde qui change, retrouver le sens du politique

Dans une lettre adressée aux habitants de notre pays, les évêques prennent la parole parce qu’en tant que citoyens à part entière au milieu de leurs contemporains, les catholiques ne peuvent se désintéresser de ce qui touche à la vie en société, la dignité et l’avenir de l’homme.

Dans une lettre adressée aux habitants de notre pays, les évêques prennent la parole parce qu’en tant que citoyens à part entière au milieu de leurs contemporains, les catholiques ne peuvent se désintéresser de ce qui touche à la vie en société, la dignité et l’avenir de l’homme.

Cette lettre fait suite au document intitulé “2017, année électorale. Quelques éléments de réflexion”, publié en juin 2016.

Télécharger la lettre

Réaction de Mgr Hervé Giraud

Auxerre, le 17 octobre 2016

Le Conseil permanent de la Conférence des évêques de France vient de publier un texte de fond pour “retrouver le sens du politique”. Il s’agit de revenir à la vraie nature du politique pour mieux considérer combien il est essentiel au fonctionnement de la société. Partant du constat de la crise profonde du politique, les évêques invitent à sortir de la sinistrose pour entrer dans une logique d’avenir valorisant la parole et la réflexion comme seules capables de créer les conditions d’un vrai débat. “Les catholiques, citoyens à part entière, ne peuvent se désintéresser de ce qui touche à la vie en société, la dignité et l’avenir de l’homme” et nous sommes donc invités à élever ce débat… sans le perdre de vue, et sans nous ériger en contre-culture “en dehors du monde, en position de surplomb”.
Le tableau brossé en premier lieu est malheureusement connu : sur fond de grands changements dans le monde et de projet européen en berne se développe un climat d’incertitude, de lassitude, de frustrations, de peurs, de colère, de précarité, d’exclusion. Cette ambiance occulte les initiatives de solidarité qui contribuent à mieux vivre ensemble dans une société plurielle et fracturée. Aussi, les évêques de France invitent à “voir tout ce qui, le plus souvent silencieusement, fait de manière bonne et heureuse la vie de ce pays : le travail bien fait, la disponibilité auprès de ceux qui souffrent, la vie de famille...”.

À partir de ceux qui sont “au bord du monde” (les exclus du système, les chômeurs en fin de droit, les sans domicile fixe et personnes vivant dans la précarité…) le texte cherche à sortir d’une logique de simple assistance, invitant à passer du “faire pour” au “faire avec”. Face à la grande injustice que constitue le chômage, les évêques demandent à chacun de se sentir responsable de l’état du tissu social. Il s’agit de promouvoir une manière d’être ensemble qui fasse sens malgré l’inflation des sentiments d’insécurité et d’injustice : “plus que d’armure, c’est de charpente que nos contemporains ont besoin pour vivre dans le monde d’aujourd’hui.” Car la politique a privilégié les problèmes de gestion à celui du sens. En voulant redonner un souffle au politique, les évêques apparaissent d’autant plus dans leur responsabilité qu’ils se placent du côté des plus faibles, du temps long et des débats de fond où chacun est responsable de ce que sa parole produit. A une société qui réagit et sur-réagit, l’Église souhaite ainsi proposer sa propre réflexion profondément enracinée dans l’histoire et le sens du prochain.

Rendre un sens au politique implique également de relancer la parole en société. Il existe de véritables désirs de parole et il est nécessaire de relégitimer la parole, notamment une parole publique qui soit respectueuse de toute opinion contraire. Constatant que “tout ce qui pervertit la parole, le mensonge, les promesses non-tenues ont des conséquences très lourdes”, les évêques invitent à privilégier “les espaces de dialogue… plus que jamais nécessaires et urgents…” pour “échanger avec d’autres, y compris non-chrétiens, sur les enjeux de notre vie en société par une écoute personnelle et collective des besoins profonds de l’homme”. Il s’agit donc d’“entrer dans un vrai dialogue où on ne cherche pas à prendre le dessus mais à construire ensemble quelque chose d’autre, où personne ne se renie, mais qui conduit forcément à quelque chose de différent des positions du départ.

Au final, l’enjeu est bien d’inviter à repenser nos modes de vie en société, à inventer de nouvelles manières de vivre : “chacun, à son niveau, est responsable de la vie et de l’avenir de notre société… L’espérance chrétienne n’est pas seulement individuelle, elle est aussi collective.”