Rapport Moral - assemblée générale de l'Association diocésaine de Sens

Revenir sur le passé récent nous conduit inévitablement à évoquer en premier lieu les incidences immédiates de la pandémie et de la crise sanitaire mondiale qu’elle a induite. Car ces conséquences sont encore loin d’être connues dans toute leur étendue. Mais puisque l’assemblée générale d’une association diocésaine nous invite chaque année à entrevoir les interactions entre le domaine pastoral et les questions financières, un enseignement semble déjà nous être donné par la première réaction des nations face à cette pandémie. En effet, nous avons constaté que les impératifs de santé publique ont été jugés prioritaires. Une menace sanitaire a fait privilégier la protection des plus fragiles, malgré les conséquences économiques. Il est certain que l’humanisme chrétien a pu jouer un rôle dans la prise de cette décision. Souhaitons donc que ces mêmes valeurs de fraternité évangélique restent au cœur des initiatives, maintenant que des perspectives sombres sur le plan socio-économique sont annoncées par les observateurs qualifiés. Et, pour ce qui nous concerne, traduisons ces signes des temps comme une invitation à améliorer encore l’efficience de nos structures temporelles. Nous avons à les reconnaître, plus que jamais, comme le moyen d’arriver au but qui leur est assigné, tant par les exigences évangéliques que juridiques, de subvenir au culte de l’Église, vouée à l’annonce de la Foi, à la célébration de l’Espérance et au service de la Charité.

L’année Laudato Si, à laquelle le pape François a invité l’Église universelle au mois de mai, procède de cette même exigence d’une conversion toujours nécessaire de nos modes de pensée et de fonctionnement. La pandémie de la COVID 19 a fait apparaître toute l’actualité des réflexions du Saint-Père dans cette encyclique qu’il publiait en 2015. Ce sursaut auquel il nous provoque s’annonce comme un processus long qui engage chacun des pans de l’activité humaine. Pour accompagner ce mouvement vers une écologie intégrale, nous avons nommé l’Abbé François Campagnac comme vicaire général, en le chargeant spécialement de ce suivi qu’il effectuera en collaboration avec Mme Bernadette Daguin, qui a accepté cette responsabilité diocésaine. La prochaine Assemblée diocésaine sera consacrée au lancement de ce processus. Et parce qu’une écologie intégrale est une écologie humaine, je pense devoir évoquer également ici, comme un des objectifs de la présente année pastorale, notre projet de refonder le conseil diocésain de la solidarité en l’élargissant à toutes les réalités où nous pouvons nous reconnaître liés au sort de notre prochain. Notre diocèse compte deux siècles d’existence dans ses limites géographiques actuelles : quelle plus belle perspective pour se projeter dans l’avenir que d’inviter chacun de nos contemporains à servir le Bien commun, dans une véritable fraternité en Christ ? Le pape François nous y encouragera certainement dans sa nouvelle encyclique, “Fratelli tutti”, annoncée pour le 4 octobre.

Avec cette année s’achève également le premier quinquennat de la mise en place des 31 nouvelles paroisses. Ce sera l’occasion d’en dresser le bilan, de procéder à d’éventuels ajustements de découpage comme de fonctionnement, et de proposer de nouvelles initiatives. Enfin, citons aussi, parmi les projets de l’année en cours, le lancement d’une consultation visant à mettre à jour les pratiques de la pastorale du baptême.

Parmi les événements ayant marqué les acteurs de cette mission, l’an dernier, je ne veux évidemment pas manquer d’évoquer l’ordination presbytérale de l’Abbé Matthieu Jasseron, ainsi que l’ordination diaconale de M. Frédéric Canler. La fraternité diaconale s’est également enrichie de l’arrivée à Auxerre de M. Richard Lepelletier. Mais nous avons eu à déplorer les décès de l’Abbé Georges Charron, et des diacres Jacques Vial et Alain Delestre. Les Abbés Célestin Badji et Charbel Attallah ont achevé leur mission dans notre diocèse mais nous pouvons compter désormais sur les Abbés Nestor Sadio et Benoît Sambou que Mgr Paul-Abel Mamba a envoyés de Ziguinchor en septembre 2019, dans l’élan du partenariat qui lie nos deux diocèses. Enfin, un candidat séminariste a achevé son année de propédeutique et intègre donc, en cette rentrée, le séminaire interdiocésain d’Orléans.

La vie des communautés de consacrés a été, quant à elle, marquée par le départ des sœurs des Saints-Cœurs de Jésus et de Marie, de Toucy, en décembre 2019, et des Sœurs de Jeanne-Delanoue, qui quittent Joux-la-Ville en ce mois de septembre. Une belle célébration à Sens, qui a regroupé très largement les fidèles du diocèse, a accompagné le jubilé des 175 ans de la Congrégation des Sœurs Franciscaines du Cœur immaculé de Marie de Pondichéry. Et ces mêmes sœurs viennent également d’élargir à la France la possibilité de s’adjoindre des associées laïques, proposition qui était déjà effective dans plusieurs pays où la congrégation est implantée.

Les services diocésains ont poursuivi leur activité pendant le confinement comme en dehors de cette période à laquelle ils ont su s’adapter pour toujours mieux répondre aux demandes qui leur sont faites. Comme pour les différents acteurs pastoraux, il est important que leur rôle soit correctement situé et parfaitement compris. Rappelons donc qu’ils sont chargés d’apporter une aide vigilante aux initiatives paroissiales ou individuelles, comme de favoriser la diffusion des initiatives diocésaines. Signalons particulièrement, pour cette année, la constitution d’un Pôle Annonce de la Foi (PAF), regroupement des services de la catéchèse, du catéchuménat, et de la pastorale des jeunes, comme un bel exemple de synergie. Dans l’actualité récente, on peut aussi relever la nomination de l’Abbé Thierry Debacker comme responsable du Service diocésain de liturgie. Enfin, la curie diocésaine dans son ensemble a reçu un modérateur en la personne de l’Abbé Joël Rignault, vicaire général.

Comme de coutume, les acteurs pastoraux en mission dans le diocèse ont été réunis en Assemblée diocésaine, le 30 novembre 2019, pour s’interroger sur leur vision de la mission des prêtres. Et l’on a pu, dans les débats, constater combien il apparaissait utile de se remémorer les changements qui ont affecté le ministère presbytéral au cours des siècles, avant de se confronter aux nécessités actuelles de ce ministère essentiel. Nous avions pu, peu avant, faire réfléchir les équipes d’animation paroissiale sur leur propre collaboration à l’annonce de l’Évangile. Car il est essentiel que chacun sache discerner les contours de sa mission pour mieux se joindre à l’action forcément collective de l’Église, tel que le pape François nous y invite.

Nous présenterons d’ailleurs au Saint-Père, en janvier, les joies et les préoccupations du diocèse dont les dicastères romains ont pu recevoir le rapport d’activité complet, et canoniquement prescrit, en décembre 2019. La crise sanitaire aura différé la tenue de cette visite ad limina, mais la venue du nouveau nonce apostolique, Mgr Celestino Migliore, pour présider le pèlerinage de la Madeleine, nous aura permis d’exprimer de la plus belle manière notre communion avec le successeur de saint Pierre, en cette année qui marquait le centenaire du titre de la basilique de Vézelay. Ainsi, aux remerciements que j’adresse habituellement à tous ceux qui, d’une manière ou d’une autre, œuvrent à nos côtés pour l’annonce de l’Évangile dans l’Yonne, je joindrai donc, cette année, l’assurance de la prière reconnaissante que je ne manquerai pas d’exprimer, avec mes frères évêques de France, en pèlerinage aux tombeaux des apôtres Pierre et Paul, leur demandant de continuer à soutenir l’ardeur apostolique de tous les baptisés.

+ Mgr Hervé GIRAUD
Archevêque de Sens-Auxerre