Père Jean-Baptiste Muard — Diocèse de Sens & Auxerre

Aller au contenu. | Aller à la navigation

Outils personnels

Père Jean-Baptiste Muard

Dix-neuvième siècle

Jean-Baptiste Muard (1809 - 1854), prêtre et moine icaunais, est le fondateur de l’abbaye Sainte Marie de la Pierre-qui-Vire à côté de Saint-Léger-Vauban (Yonne), dans le Morvan

La vocation

Fils d’un scieur de long, il naît le 15 avril 1809 à Vireaux (Yonne). Il est élevé par des parents éloignés de la religion, mais dès son plus jeune âge, il surprend son entourage par sa grande piété. Il entre au petit séminaire d’Auxerre en septembre 1823, puis au grand séminaire de Sens en octobre 1830. Ordonné prêtre le 24 juin 1834, il est nommé à Joux-la-Ville dont il sera le curé pendant cinq ans. Mais il est insatisfait de la vie paroissiale, lui qui rêve d’être missionnaire en Chine.

Il rencontre en vain le supérieur des Missions Etrangères, à Paris. Contre son gré, il est nommé curé de St Martin d’Avallon. Là, en quelques mois, on accourt pour entendre ses sermons. Le vendredi 13 décembre 1839, il vit une expérience mystique qui confirme sa vocation. Dès 1840, il commence ses recherches en vue d’organiser un groupe de prêtres consacrés aux missions dans le diocèse de Sens.

Les missions diocésaines

En 1841, c’est le début des missions diocésaines, avec l’achat de ce qui subsiste de l’ancienne abbaye de Pontigny où s’installent en juillet 1843 les quatre premiers missionnaires diocésains, dès lors appelés Prêtres auxiliaires, d’où sortira la Congrégation de Saint-Edme.

Libéré de sa charge de curé de St-Martin, il s’applique à surmonter les difficultés et vaincre les réticences. En 1844, il demande que les prêtres auxiliaires soient déchargés de leurs paroisses, afin qu’ils soient totalement disponibles pour les missions et pour vivre en véritables religieux.

Mais le Père Muard sent bien que sa vraie vocation est ailleurs, et sa quête spirituelle se poursuit : il fréquente les jésuites ainsi que les trappistes de Sept-Fons (Allier).

En 1847, en pleine révolution, il se rend à Rome et rencontre le pape Grégoire XVI, puis séjourne quatre mois à Subiaco, le monastère fondé par saint Benoît. Il fait alors la connaissance du monde bénédictin. Il regagne la France sans argent, fatigué, malade.

Après un passage à l’abbaye d’Aiguebelle, près de Montélimar, puis une rencontre avec le père Jean-Marie Vianney, curé d’Ars, il revient à Pontigny pour en finir avec sa situation intenable de supérieur des prêtres auxiliaires (mars 1849).

La Pierre-qui-Vire

Le curé de Saint-Germain-des-Champs l’accueille chez lui et l’accompagne dans la recherche de son « désert » : un lieu éloigné de toute habitation, où il veut installer le monastère dont il rêve. Il le trouve dans le Morvan, sur un plateau dominant le Trinquelin, affluent de la Cure, un terrain que les Chastellux lui abandonnent volontiers : la Pierre qui Vire.

Ayant obtenu la permission de l’archevêque, il fait ses deux premières recrues et entame en 1850 les premiers travaux avec la construction d’une cabane et d’un petit bâtiment en dur.

Mais lorsque l’épidémie de choléra s’abat sur la région, il donne aussitôt l’argent reçu pour sa fondation et rejoint les villages les plus menacés. À son retour, il apprend qu’il est atteint par la maladie et condamné. Il met ses affaires en ordre, mais - contre toute attente - guérit.

Il fait un noviciat à Aiguebelle avec ses trois premiers compagnons.

Ayant trouvé sa voie, il se plie « avec joie » à la règle, qui est la réforme la plus sévère de la règle de Saint Benoît. C’est là qu’il compose et remanie maintes fois les Constitutions de sa future fondation, qu’il modifiera sans cesse jusqu’à sa mort.

Premier monastèreIl revient dans l’Yonne en avril 1850. Il s’installe à Saint-Léger-Vauban, bientôt rejoint par ses deux compagnons. Il fait ainsi chaque jour 4 km pour rejoindre la Pierre qui Vire et 4 autres pour en revenir. Le Père Muard célèbre une première messe dans une chapelle provisoire, accompagné des curés de Saint-Léger-Vauban et de Saint-Agnan le 2 juillet, et, le 3 octobre, la petite communauté s’engage par des vœux.

Le premier bâtiment s’achève et les moines s’y installent. Au début ils ne sont que cinq, mais déjà leur renommée s’étend. En 1852, Muard organise une mission où viennent près de 300 habitants des hameaux voisins. En 1853 apparaissent les premiers novices. On le sollicite de tous les côtés : à Pontigny, Avallon, Sens, Auxerre. Il est épuisé, mais il fait des visites et des conférences, célèbre des messes malgré la fatigue et la maladie.

Les derniers jours

Le 14 juin 1854, il a un violent accès de fièvre et rentre à la Pierre-qui-Vire. Il visite le chantier, distribue le travail, parle avec les frères malgré la fatigue. Cette fois, il est gravement malade, probablement d’une fièvre typhoïde.

Entrée du monastèreIl meurt le 19 juin 1854. Les condoléances affluent de toute la France. Une messe célébrée à Pontigny pour lui, attire 130 prêtres et une foule considérable.

Mais l’enthousiasme communiqué à ses compagnons ne devait pas s’éteindre. La jeune communauté connaîtra une expansion rapide, et donnera à naissance à de nombreux monastères tant en France qu’à l’étranger (États-Unis, Angleterre, Viêt-Nam, Madagascar, Congo).

Le Père Muard repose désormais dans une crypte située sous l’église de la Pierre-qui-Vire.

Sources :

  •  Adolphe Charles Peltier et Augustin Calmet : Première encyclopédie théologique, 1859
  •  Paul-Camille Dugenne : Dictionnaire biographique (édition SGY)