Église de Branches — 13. Paroisse Notre-Dame des Trois Vallées

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Église de Branches

L’église de Branches figure parmi les plus anciennes églises du secteur : dès le VIIe siècle, les terres de Branches dépendent de l’abbaye de saint Germain d’Auxerre, puis vers l’an 1000, des moines de la Charité sur Loire.
Une église très ancienne, souvent remaniée


En 1220, Guillaume de Seignelay, évêque d’Auxerre, fonde à Branches un prieuré, dépendant de l’abbaye du Grand Saint Bernard de Montjoux, dont les religieux étaient déjà présents à l’Hôtel-Dieu d’Appoigny. Ce prieuré subsistera jusqu’à la Révolution.

L’église saint Martin, qui subit l’épreuve des invasions et des guerres, fut reconstruite et remaniée à plusieurs reprises : au XIIe siècle, l’édifice comportait une nef, dont il reste la moitié sud (côté cimetière), éclairée de petites fenêtres d’époque romane, sans vitraux. Un chapiteau de réemploi soutient les fonts baptismaux. La nef principale date du XVe siècle, ainsi que le chœur encadré de stalles du XVIe siècle - celle du prieur est surmontée d’un dais, et plus décorée. La lumière entre par des baies de style Renaissance.

Le chœur est décoré de boiseries peintes, du XVIIe siècle, surmontées d’une Vierge à l’Enfant, qu’entourent quatre statues : deux évêques et deux saintes - on reconnaît sainte Catherine avec sa roue.

Des martyrs... témoins de la foi jusqu’au bout
 

Qu’est-ce qu’un martyr ? C’est d’abord un "témoin" qui, à certaines époques de persécution, préfère perdre la vie plutôt que de renier sa foi au Christ ressuscité. Comment le reconnaît-on ? Par la palme, signe de sa rétribution glorieuse au ciel : en médaillon d’un vitrail, proche de la chaire, on remarque, par sa palme, une sainte martyre. Pourquoi la roue de sainte Catherine ? Catherine, appelée à comparaître devant les philosophes d’Alexandrie, les confondit… et fut condamnée par l’empereur au supplice de la roue.

A droite de l’entrée du chœur, la statue de saint Sébastien torse nu, attaché à un poteau, rappelle un autre martyr : soldat de l’Empire romain, comme Martin, il fut transpercé de flèches pour avoir défendu la foi au Christ.

Un Christ offert en sacrifice
 

En montant par l’allée centrale de la nef, on remarque à droite un grand Christ en croix, de facture archaïque, et pourtant émouvant si l’on contemple le visage enserré dans une couronne d’épines... image de tous les tracas, soucis et souffrances qui enserrent l’humanité ( ?).

A gauche de l’allée, presque en vis-à-vis, un immense tableau nous montre une femme agenouillée, dont la main entoure les pieds du crucifié : Marie Madeleine, l’ancienne prostituée, est la fidèle quand les autres ont fui… et témoigne de sa compassion. Elle émerge à la lumière tandis que Marie, à gauche, semble rester dans l’ombre.

La suite de l’histoire, on la trouve en montant vers le chœur : à droite, sur le pilier de la dernière travée, une Pietà polychrome laisse une forte impression, malgré son Christ endommagé. Le tableau qui forme la " Vierge douloureuse " devant son fils mort est encadré par deux saintes femmes absolument symétriques, qui expriment fortement l’affliction : la main appuyée sur la joue en est le symbole... tandis que l’autre laisse tomber une sorte de cierge renversé.

Dans quelques heures à peine, pourtant, les saintes femmes entendront l’incroyable nouvelle : "Pourquoi chercher parmi les morts Celui qui est vivant ?".

Une étrange procession
 

Au Moyen Age, les peintures murales couvraient les murs de nombreuses églises : décoration mais aussi message à transmettre à des gens qui ne savaient pas toujours lire.

D’après des études récentes, il semble que l’église était couverte de peintures. Des fragments ont été découverts en divers endroits, mais la composition la plus importante et la mieux lisible se trouve sur le mur sud, partie la plus ancienne de l’église.

 

Le décor a disparu en maints endroits, détruit par le percement des baies et l’humidité. Quelques éléments sont apparus vers 1939, après que le badigeon blanc qui les recouvrait se fut écaillé.

On a alors découvert une procession longue de 9m50, haute de 1m46.

Une vingtaine de personnages forment un cortège en direction de l’autel, un cierge allumé entre leurs mains. Les traits des visages sont d’une grande netteté. Ils sont vêtus de robes droites à plis, alternativement ocre jaune et ocre rouge, les plis soulignés de brun. Les pieds chaussés s’appuient sur un bandeau formé de figures géométriques emboîtées, traitées dans les mêmes couleurs, rappel de l’art décoratif roman.

 

A gauche de la fresque, on croit deviner un personnage sur un âne venant à la rencontre de la procession : s’agit-il d’une procession des Rameaux, qui commémore l’entrée triomphale de Jésus à Jérusalem, quelques jours avant sa passion et sa mort ?

Ces personnages ont des caractéristiques proches de celle de Moutiers en Puisaye.

Sur le mur nord, de petites surfaces de peintures ont été dégagées : des dessins géométriques avec fleur stylisée ; une main tenant un crucifix... éléments décoratifs d’art gothique.

Restauration des fresques

La dégradation des enduits a fait apparaître sur les murs des deux nefs des peintures datées des XIII, XIV et XVIe siècles. Leur restauration a été entreprise en 2005.

Quatre décors sont découverts souvent superposés et leur dégagement, très récent, est délicat.

Mur sud :
 

Trente-deux personnages, des laïcs, vêtus de tuniques de couleur ocre, jaune et rouge avancent en procession, tenant dans leurs mains jointes un cierge allumé.

Leurs visages sont expressifs ; l’imbrication des pieds donne une impression de mouvement.

Ils sont précédés par un personnage portant une barbe, vêtu d’une tunique de couleur claire ; il lève la main en signe de salut vers un cavalier qui vient à leur rencontre. Casqué, revêtu d’un haubert, il lève la main gauche en signe de salut, porte une épée sur l’épaule droite. Le décor est un semis d’étoiles et de fleurettes.

Cette procession, classée Monument Historique, est l’une des quatre représentations de laïcs en peinture murale dans une église en Bourgogne.

Au dessus du banc d’œuvre : un panneau du XVIe siècle.

Un homme vêtu de noir, la tête auréolée, est agenouillé : c’est Saint Hubert. Son visage, très expressif est peut-être le portrait du donateur. Il est à genoux devant le cerf figurant sur la partie gauche du décor. Sur la partie droite du panneau, un écu armorié est présenté par deux personnages ; l’un vêtu d’un pourpoint blanc et de chausses jaunes et l’autre des mêmes chausses aux couleurs inversées.

Mur nord :
 

Le dégagement est récent et très fragmentaire. Les décors datant des XIIIe, XIVe et XVIe siècles sont souvent superposés.

Il a été découvert :

  • un médaillon représentant Saint Barthélemy tenant une croix de la main gauche et une épée sur l’épaule droite
  • un personnage auréolé tendant une main vers deux autres personnages tient les rênes d’un cheval de l’autre main,
  • deux personnages portant une couronne.
Chœur


Le chevalier en armure est coiffé d’un heaume, typique de la fin du XIIIe siècle. Il tient un écu d’argent frappé d’une croix rouge - sans doute la croix de Saint Georges - identique à celle du caparaçon porté par le cheval. Près de l’autel, des fragments de décors.

Il y aura d’autres découvertes.

Marguerite-Marie QUÉRÉ



Quelques photos des fresques récemment restaurées sur le mur nord de l’église :
 

 

 
Une armoire à bannières
 

La richesse des ornements liturgiques reflète à la fois la beauté des cérémonies d’autrefois... et la dégradation du temps. L’armoire à bannières sur le mur sud fait apparaître en contre-jour sur ses portes décorées la figure de deux grands évêques : saint Martin et saint Aubin. Elle abrite encore deux bannières de procession, hélas endommagées.

Saint Martin, un saint très populaire
 

Les reliques de saint Martin sont-elles passées à Branches pour que l’église, très ancienne, lui soit dédiée ? La statue principale, d’un soldat à cheval, nous évoque en tout cas un épisode décisif de sa vie.

Originaire de Pannonie (Hongrie actuelle), sujet de l’Empire romain, destiné par son père à la carrière militaire, Martin est en service à Amiens, lorsque survient l’événement fameux, rapporté par Sulpice Sévère :

Un jour où il n’avait sur lui que ses armes et un simple manteau de soldat, au milieu d’un hiver plus rigoureux que de coutume (...) il rencontre à la porte de la cité d’Amiens un pauvre nu. Martin, rempli de Dieu, comprit que ce pauvre lui était réservé : saisissant l’arme qu’il portait à la ceinture, il partage son manteau en deux, en donne un morceau au pauvre et se rhabille avec le reste. Quelques-uns des assistants se mirent à rire car on lui trouvait piètre allure avec son habit mutilé. La nuit suivante, quand il fut abandonné au sommeil, Martin vit le Christ vêtu de la moitié du manteau dont il avait couvert le pauvre (...). Puis il entend Jésus dire d’une voix éclatante à la foule des anges qui se tiennent autour d’eux : "Martin qui n’est encore que catéchumène, m’a couvert de ce vêtement " (...) Il avait 18 ans. Il s’empressa de se faire baptiser."

(extrait de la vie de saint Martin par Sulpice Sévère)

Dès qu’il peut abandonner les armes, il devient moine dans la région de Tours ; puis, élu évêque malgré lui, il parcourt la Gaule pour évangéliser. Ses nombreux miracles font de lui un saint très populaire.

Si vous souhaitez visiter cette église, vous pouvez vous adresser à M. et Mme Gilles Guespereau, 2 rue de la grange aux Dîmes, 03 86 73 71 47