Vézelay : sainte Marie Madeleine — Pèlerinages

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Vézelay : sainte Marie Madeleine

Le 22 juillet du calendrier liturgique était jusqu’à début 2016 l’occasion de célébrer la mémoire (dite obligatoire) de Marie Madeleine. Par décision du pape François, c'est désormais une célébration d’un rang plus important, puisqu’il s’agit d’une fête. Un pèlerinage est proposé à Vézelay chaque année le 22 juillet.

“Dis-nous Marie Madeleine, qu’as-tu vu en chemin”

Marie Madeleine accueille les pèlerins depuis si longtemps, en sa colline éternelle, qu’on serait bien vite tenté de gommer toutes les péripéties de cette longue histoire. C’est en effet vers l’an 880, peu de temps après les refondation et translation d’un monastère à Vézelay, que la chronique situe l’expédition du moine Badilon vers la Provence afin d’y rapporter des reliques de celle qui fut le premier témoin du Christ ressuscité. Une partie en échut au trésor de la cathédrale de Sens, à la fin du XIIIe siècle, grâce à un don du pape Martin IV. Ce dernier avait apparemment reçu une côte de la sainte en 1267 alors que, n’étant encore que le cardinal Simon de Brion, il accompagnait, comme légat du pape, saint Louis venu à Vézelay pour y reconnaître solennellement ces reliques. Mais les foules de pèlerins qui se pressèrent vers la Madeleine tout au long du Moyen Âge purent aussi porter leur vénération vers la Provence où le corps de la sainte fut redécouvert en 1279. Et à la fin du XVIe siècle, les pillages protestants, dispersant toute relique, achevèrent de ruiner le pèlerinage vézelien.

Or, comme une étincelle suffit à un embrasement, c’est à partir de la remise au sanctuaire d’une petite parcelle des reliques conservées à Sens, en 1870, que le mouvement de pèlerinage se trouva relancé. Et il est certain que la réunion au nouveau diocèse de Sens du territoire vézelien autrefois inclus dans le diocèse d’Autun aura pu faciliter ce retour des reliques sénonaises de Marie Madeleine en son sanctuaire. Car, en 1876, Mgr Bernadou décide purement et simplement de la translation à Vézelay de l’intégralité de la relique confiée au trésor de Sens par Martin IV, près de six siècles auparavant. Et l’archevêque de Sens offre à cette occasion un reliquaire où figurent saint Louis, le cardinal de Brion, saint Bernard et l’abbé de Vézelay. Le sanctuaire retrouve alors une affluence considérable jusqu’à ce que, nouveau coup de théâtre, les reliques soient dérobées, dans la nuit du 29 juin 1898. Elles ne réapparaîtront que les 19 et 25 décembre suivants, déposées sur une tombe du cimetière de Briare.

1899 : les reliques de Marie Madeleine retrouvent définitivement Vézelay

Le pèlerinage du 22 juillet 1899 prend un aspect tout particulier. Comme son prédécesseur, Mgr Ardin y a convié ses diocésains par une lettre pastorale qui précise le sens de cette “pacifique croisade” et en annonce l’éclat. Et l’événement montre que, jusqu’en ses dernières années, le XIXe siècle a voulu restaurer le lien ténu de l’histoire et de l’actualité, en un mot le fil d’une tradition vivante, brisé au moment de la Révolution : on procède donc à cette même occasion au remplacement de l’ancienne croix de la Cordelle par une monumentale “croix de Jérusalem” rapportée par les Assomptionnistes à l’occasion d’un pèlerinage en Terre-Sainte au printemps précédent. Avec les commentateurs de ces grands événements diocésains, “on peut assurer que depuis ces jours si glorieux du Moyen Âge, Vézelay n’avait jamais vu dans ses murs une telle affluence de visiteurs”.

Nicolas Tafoiry,
archiviste diocésain
Église dans l'Yonne - ÉDY, n° 1-2023, pp. 8-9

Pèlerinage le 22 juillet.