29ème dimanche 'TO année B' -21 octobre 2018- — 18. Paroisse Sainte-Reine - Auxerre Val de Baulche

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29ème dimanche 'TO année B' -21 octobre 2018-

La liturgie de la Parole de Dieu de ce dimanche pose à notre attention, la question du pouvoir.

La liturgie de la Parole de Dieu de ce dimanche pose à notre attention la question du pouvoir. Chaque jour, les nouvelles du pouvoir dominent des journaux : des élections ici et là, des guerres et des intrigues pour se maintenir au pouvoir, des reformes du pouvoir, etc. Pour Jésus, le pouvoir doit être entendu comme un service « Celui qui veut être parmi vous le premier sera l’esclave de tous ».    

                La première lecture loue la grandeur du sacrifice. Souvent le sacrifice ne se sépare pas de la souffrance. Tout le monde se souvient du Colonel Arnaud Beltrame qui a sacrifié sa vie, son existence pour sauver une femme qu’un terroriste allait priver de la joie de vivre. La souffrance du sacrifice conduit à la gloire et selon le prophète Isaïe celui qui l’accepte « plait au Seigneur ». Il faut bien comprendre, ce n’est pas la souffrance qui plait au Seigneur mais celui qui la subit que le prophète appelle le juste qui « Justifiera les multitudes ». Ce juste que le prophète Isaïe parle s’est manifesté dans la personne de Jésus que la lettre aux Hébreux appelle « Grand prêtre éprouvé en toutes choses, à notre ressemblance, excepté le péché. » La force dans la souffrance est un pouvoir qui peut éveiller ceux qui sombrent dans le mal. Voilà pourquoi la souffrance de Jésus est devenue source de notre salut.

               Dans l’Évangile, Jésus et les apôtres s’adressent à Jérusalem. Pour Jésus c’est là où il va achever sa mission par sa mort et sa résurrection. Il sait ce qui l’attend là. La mort est à l’horizon de son voyage mais il annonce aussi sa résurrection. C’est un voyage fatidique mais ses disciples n’entendent rien. Imaginez-vous quelqu’un qui voit sa mort proche tandis que les autres discutent en chemin…On dit qu’on meurt seul ! Au lieu d’être avec Jésus dans ce moment difficile, ces disciples les plus proches et les plus estimés, les plus intimes, lui font une demande « Accorde nous de siéger, l’un à ta droite et l’autre à ta gauche, dans ta gloire.» (Mc 10, 37) Ils montrent leur incompréhension quant à la mission de Jésus. Celui -ci n’est pas un messie mondain, politique qui distribue les places importantes de son gouvernement à ceux qui lui sont fidèles ou à ses courtisans. Il nous demande de ne pas suivre ces pratiques et ces manières de faire du monde, mais d’adopter sa façon de vivre.

                Nous savons que Jacques et Jean surnommés « Fils du tonnerre » (Mc 3, 17) étaient bien impliqués dans la cause de l’Évangile. Nous voyons dans l’Évangile de Luc, Jean prêt à demander – par la prière, comme Elie le prophète – la destruction de tout un village samaritain qui ne voulait pas recevoir Jésus (Luc 9, 55). Selon la logique humaine, ils méritaient les places qu’ils sollicitèrent. Leur désir est donc louable, ils manifestent un sentiment qui exprime tout leur amour pour Jésus et une estime la plus haute de leur attachement à leur Maître. Mais Jésus n’approuve pas leur demande car ils ne savent pas ce qu’ils demandent (Mc 10, 38).

                Sans colère ni orgueil, Jésus révèle aux fils de Zébédée, que ce qu'ils demandent ne dépend pas de lui mais de son Père « Quant à siéger à ma droite ou à ma gauche, il ne m’appartient pas de l’accorder. » (Mc10, 40) Ici, Jésus donne un bon exemple de réponse sans aucun inconvénient ni provocation. Ce qui est différent de la réaction des autres disciples qui aussi attendent ces faveurs que demandent des fils de Zébédée « S’indignaient contre eux. » (10,41). Les dix autres apôtres voulaient aussi être les premiers, voilà pourquoi Jésus leur annonce la manière de l’être « Celui qui veut devenir grand sera votre serviteur. Celui qui veut être le premier sera l'esclave de tous. » Jésus se donne en exemple « Car le Fils de l'Homme n'est pas venu pour être servi, mais pour servir, et donner sa vie en rançon pour une multitude.» Donc, mériter être à droite ou à gauche de Jésus est possible, il suffit de vivre comme lui.

                Quel enseignement pouvons-nous tirer de cet Évangile ? D’abord, bien savoir que dans le cœur de chaque personne, il y a un désir de gloire, de puissance, de domination. Il ne faut pas condamner les deux frères, Jean et Jacques ou ceux qui cherchent des gloires. Seul Dieu est capable d’expulser de nos cœurs ce sentiment ; c’est Lui qui peut assainir tous les coins obscurs de notre existence, pour faire de nous des créatures nouvelles capables de suivre son Fils Jésus sans prétention de grandeur mais en toute humilité en servant les autres dans la charité.

                Chez Dieu, la dernière place est devenue la place d’honneur. Dieu espère que nous consentions à vivre à la dernière place. « Chère dernière place !» disait Charles de Foucaud. Chère dernière place qui est la place même de Dieu ! Chère dernière place où Dieu règne en nous donnant sa Vie, où il repousse la haine et brise les verrous de la mort ! Chère dernière place qui est aussi la première où l’on devient, à la suite de Jésus, fils de Dieu !

                Être serviteur ne nuit pas à notre liberté et à notre dignité. En Jésus, être serviteur c’est une question de choix. Le service du chrétien n’est pas celui de l’esclave où ce dernier n’est pas libre mais contraint de faire ce que son maître veut. Jésus s’est livré librement et volontairement pour nous sauver. « Pouvez-vous boire la coupe que je vais boire, recevoir le baptême dans lequel je vais être plongé ? Ils lui dirent « Nous le pouvons. » Les martyrs font le choix de suivre Jésus dans sa passion.  

                Jésus a un mot à dire sur le pouvoir politique « Vous le savez : ceux que l’on regarde comme chefs des nations païennes commandent en maîtres. Il n'en n’est pas ainsi parmi vous. » Il n’a jamais contesté le pouvoir politique, « rendez à César ce qui est à César » ni contesté ceux qui avaient une certaine autorité, des personnes en situation de responsabilité : pensons au Centurion romain, chef militaire, à Zachée, à Mathieu, le collecteur d’impôts… Il faut bien des responsables et des personnes qui assument les responsabilités sociales, économiques, politiques ! Mais quand on est disciple de Jésus, il serait bien de remplir cette responsabilité comme un service à la nation. Prions pour que nos dirigeants soient nos serviteurs et non l’inverse. 

Que l’esprit de service domine le cœur de ceux qui servent les autres pour témoigner de l’amour de Jésus Christ.