ÉDITO DU PÈRE ARNAUD MONTOUX

Renaître de nos pauvretés

En ce temps d’Avent qui nous prépare à Noël, comme chaque année, nous sommes interpelés par le signe de la Crèche. Nous savons tous très bien que le Dieu qui s’est fait chair n’est pas venu habiter dans les maisons des rois (Cf. Mt 11, 8), mais dans la pauvre demeure des oubliés. Quand la Vierge sainte « mit au monde son fils premier-né, elle l’emmaillota et le coucha dans une mangeoire, car il n’y avait pas de place pour eux dans la salle commune » (Lc 2, 7).

Que nous le sachions ou non, que nous comprenions ou non ce que cette réalité induit dans notre recherche de la vérité, Dieu est descendu dans cette auberge de pauvreté, dans cette mangeoire pour les bêtes, et tous nos orgueils n’y pourront rien changer. C’est là qu’Il nous attend et c’est par là que passeront tous nos chemins allant vers Lui. Il y a tant de manières d’être pauvre… Dieu merci nous ne les connaîtrons pas toutes, car la pauvreté n’est jamais facile à vivre. Pourtant c’est dans cette pauvreté qui est la nôtre, visible ou cachée, exposée ou secrète, que nous aurons besoin de Lui et que nous découvrirons ce qu’est vraiment la foi : un cri d’Amour et de Désir lancé vers Celui qui nous a aimés dans nos langes d’impuissance et qui nous chérira encore dans nos linceuls d’abandon. C’est quand il ne reste plus rien de nos certitudes et de nos sécurités, que nous voyons se dessiner le visage de Celui qui a toujours été là, sans même que nous le sachions.

Nous savons aussi que c’est aux bergers que l’ange du Seigneur se présenta en tout premier, c’est eux que la gloire du Seigneur enveloppa de sa lumière pour qu’ils reçoivent les premiers, le signe, le « nouveau-né emmailloté et couché dans une mangeoire ». Là encore, nous sommes libres de nous souvenir de cette préférence de Dieu pour les pauvres ou de l’oublier, mais cela n’empêchera pas le Seigneur de continuer à désigner les déshérités, les marginaux, comme ses premiers héritiers. Quels que soient nos titres, nos situations, ou nos héritages avec leur honorable beauté, nous savons que Dieu ne peut se donner que dans des mains vides, dans des cœurs disponibles à cet inouï qu’Il apporte en chacune de ses paroles, en chacun de ses gestes. Tout ce qu’Il nous demande, c’est de cultiver cette pauvreté-là et le respect pour tous les plus démunis.

Notre société traverse une grande période de turbulences et nous sommes tous marqués ces derniers mois par des arrachements, des bouleversements qui nous apeurent, qui nous attristent. Vivons ce Noël en étant attentifs à la bonté de Dieu qui prend soin de nous, qui vient nous visiter dans ces terres de frustration, de solitude. De ces temps douloureux, saurons-nous faire sortir du neuf ou seulement l’envie amère de revenir à nos vieilles habitudes ? C’est la question que je vous offre pour la nouvelle année.

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