|
ÉDITO DU PÈRE ARNAUD MONTOUX
Consentir aux hivers
Que nous aimions ou non la saison hivernale, que les amateurs de sports d’hiver se rendent à la montagne ou restent chez eux, l’hiver est là, avec sa froidure, ses journées brèves, ses longues nuits, ses branches nues et ses attentes. La sagesse de ce monde avec ses rythmes incompressibles, nous rappelle que nous ne sommes pas les maîtres et que notre Créateur nous a donné des conditions dans lesquelles nous avons à vivre et à grandir.
C’est en apprenant au fil de son histoire, à recevoir ces conditions de vie, à les interroger, à les découvrir, à les accepter, à s’y adapter, que l’homme a grandi et a déployé son génie ; en effet, les plus beaux fruits humains sont nés d’innombrables contraintes incontournables transformées en défis, en provocations à la croissance humaine. Que deviendrait l’émerveillement des enfants sans les nuits scintillantes de décembre ? Que serait la douceur d’un foyer sans le froid de l’hiver ? Quel prix aurait pour le lecteur une page d’Hugo, de Proust, ou de Marie Noël, sans le temps dépensé à l’apprentissage d’une langue qui sait traduire les richesses de l’âme ?
Nos intelligences pratiques qui ne cherchent souvent que la facilité ou l’efficacité, qui ne voient le sommet du bonheur que dans les doux soleils d’été, dans les ciels sans nuages et les journées sans effort, auront toujours un hiver à traverser… Dieu merci ! Il leur rappellera, plus ou moins vigoureusement, qu’il existe au fond d’eux des trésors dont les coffres ne s’ouvrent que de nuit, des joies qui ne chantent qu’aux vents du nord, et des Vies plus grandes, plus larges, qui n’éclosent qu’à l’ombre des tombeaux.
Chérissons nos hivers… aussi longs et éprouvants soient-ils – mieux que toutes les douceurs d’été – ils portent dans leur pâle regard fixé sur l’horizon, le désir d’un printemps toujours à venir.
|
|