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ÉDITO DU PÈRE ARNAUD MONTOUX
Et consentir aux Printemps…
Il y a un mois, je vous invitais à méditer sur les consentements que nous devons offrir pour traverser les attentes et les froidures sans les mépriser ou les maudire. Aujourd’hui je voudrais en gardant cette même expression, vous inviter à « consentir » aux printemps.
Le dictionnaire de l’Académie française donne pour ce terme la définition suivante : Consentir, c’est « accepter une chose comme possible, réalisable » ; il ne s’agit donc pas de savoir, de maîtriser, de tenir, de prévoir, mais d’accepter que quelque chose advienne, vienne à nous, avec son originalité, avec tout son poids d’inattendu et de promesses nouvelles. Consentir aux Printemps, comme aux hivers, c’est accepter de ne pas aimer ce temps pour ce que nous en connaissons déjà, mais pour ce qu’il va nous apporter de neuf et d’imprévu. Consentir aux Printemps, c’est redécouvrir la nouveauté absolue de chaque instant, de chaque aurore, de chaque éclosion.
Sans cet apprentissage de la disponibilité, nous ne vivrons ce Carême et les promesses pascales vers lesquelles il nous tourne, que comme l’énième réitération d’un cycle n’ayant à nous apporter que des souvenirs et surtout du déjà-vu. Et si, au contraire, nous entrions dans ce consentement humble et fragile qui fait de notre attente une brèche dans nos certitudes… Attendre sans savoir ce que nous attendons ; désirer sans connaître exactement ce qui fait battre notre cœur ; recevoir l’annonce pascale qui vient comme une réalité infiniment plus large, plus ouverte, plus féconde, que tout ce que nous avons compris jusqu’alors.
L’une des pires choses qui puissent arriver à notre vie de foi, c’est de ne pas demeurer dans cette disposition intérieure qui nous garde ouverts à la volonté de Dieu et aux appels du monde. Là où nos cœurs, nos gestes, nos liturgies, nos idées, nos relations, se durcissent, se calcifient, se rigidifient, cette souplesse et cette élégance de l’âme qui cherche Dieu, disparaissent, au profit d’une certitude de plus en ce monde. Notre époque ne manque pas de certitudes, elle manque de cœurs qui cherchent, qui consentent et qui désirent…
Seigneur, fais de notre Carême une véritable offrande !
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