Pèleriner à Lourdes — Pèlerinages

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Pèleriner à Lourdes

Aller à Lourdes, c’est aller à la Grotte pour se laisser toucher par la présence de Marie qui nous conduit à son Fils dans la prière. C’est nous confier tout entier avec ce que nous sommes et ce que nous portons : nos difficultés et nos joies, nos doutes comme notre espérance, nos défis et nos épreuves. Notre prière s’apparente à une demande de miracles, petits et grands, et de prières d’action de grâces, mais avant tout elle est une démarche de confiance.

Au cœur d'un siècle marqué par le rationalisme, les apparitions de la Vierge Marie à la petite Bernadette Soubirous, en 1858, avec son message de prière et de pénitence, sont un “clin d'œil” du Seigneur pour un retour à l'essentiel.

De famille pauvre jusqu'à l'indigence et l'angoisse du pain quotidien, fragile, malade, elle a cependant dans son regard la lumière des Béatitudes. La maison de son père, c'est le “Cachot”. Il n'y a pas d'autre nom pour ce lieu de misère. Cette ancienne prison est devenue le gîte du pauvre. La maigre braise des branches mortes glanées dans les terrains communaux dispense sa tiédeur. C'est pour cette petite lourdaise anonyme, si frêle dans ses vêtements rapiécés, que vont s'ouvrir les portes de l'Invisible.

Et, depuis lors, le Monde vient à Lourdes. Le filet d'eau primitif du roc de Massabielle s'est élargi. Il a fait éclater la faille du Rocher. Il est devenu ce fleuve humain qui, de Pâques à Novembre, roule sur les berges adoucies du Gave. Des millions de pèlerins, chaque année, participent aux nombreuses célébrations dont la ferveur est impressionnante.

Le Monde vient à Lourdes.

Et qu'importe ce qui le conduit en ces lieux ! Qu'importe si c'est la Vérité qui se cherche, la Conscience qui se retrouve, l'ardent désir de croire, le besoin de prier !

Qu'importe si c'est l'immense lassitude humaine, la Foi ou cette force mystérieuse, douce mais implacable, prenant seulement prétexte de la curiosité !

Le Monde vient à Lourdes.

Ils sont là, ces milliers d'hommes et de femmes, avec leurs inquiétudes, leur crainte de vivre, la peur de mourir. Ils sont là avec leurs misères et leurs détresses, leurs maladies et leurs désespoirs. Ils appellent l'Espérance. Ils regardent cette humble grotte ouverte, cette niche ogivale qui s'est illuminée en 1858 pour une simple enfant vêtue des rudes atours, des sabots de bergère et du capulet des petites paysannes.

À leur départ, au fond de leur cœur, ils gardent quelque chose. Quelque chose qui émane de ces pierres, de cette eau jaillissante. Quelque chose qui ne se traduit pas mais qui se concrétise, dans la flèche de cette Basilique, dans le rocher de cette Grotte noir et luisant des signes tangibles de dévotion.

Aujourd'hui, sur les berges adoucies du Gave, s'écoule, devant Massabielle, un siècle et demi de flammes, un siècle et demi de souffrances, un siècle et demi de cantiques, un siècle et demi de manifestations, de respect et de gloire lentement déroulées au cours de lumineuses processions. Les foules sont venues... Les corps ont cherché le soulagement à leurs peines ; les âmes, la lumière, le réconfort, le pardon. Bernadette Soubirous a rempli sa mission.

À la source jaillie entre ses doigts meurtris, sur un sourire de la Vierge, les multitudes se sont désaltérées...

Texte paru dans le livret du pèlerinage 2007 de l’Hospitalité du diocèse d’Aire et Dax, et écrit par Mgr Philippe BRETON, alors évêque d'Aire et Dax.