François d’Assise, alors qu’il était en prière devant le crucifix de Saint-Damien, aurait entendu le Seigneur lui dire : « Va, répare ma maison qui, tu le vois, tombe en ruines. »  Cet appel à reconstruire l’Eglise, nous l’entendons nous-mêmes, en ce début du 3e millénaire, nous les catholiques de Puisaye.

    Je n’ai pas besoin de dresser le tableau d’une Eglise en crise que tout le monde connaît bien. Je voudrais juste poser cette question : comment envisageons-nous de « faire Eglise » dans les années qui viennent à l’échelle très locale qui est la nôtre en Puisaye ? Bien entendu, il ne s’agit pas de construire sur d’autres fondements que la foi en Jésus Christ reçue des apôtres et transmise par l’Eglise. Il ne s’agit pas pour moi non plus, de tomber dans le piège qui consisterait à opposer un prétendu pur Evangile à une tradition bimillénaire qui l’aurait corrompu. Nous ne pourrons jamais faire table rase de tout ce que nos ancêtres nous ont transmis : richesses de la tradition liturgique et théologique, patrimoine artistique et culturel, …

    Toutefois, tout cela ne doit pas nous empêcher de faire du neuf, « tirer de notre trésor du neuf et de l’ancien » comme le dit Jésus lui-même (cf. Matthieu 13, 52). Le pape François nous invite depuis le début de son pontificat à changer nos habitudes quand celles-ci se révèlent mortifères. Le pape Benoît XVI, lui-même, nous appelait à devenir des minorités créatives au sein d’un monde qui n’est plus chrétien.

    Demandons-nous donc concrètement quelles sont les briques avec lesquelles nous allons pouvoir construire ensemble l’Eglise de l’avenir. Il y a, bien sûr, les « pierres vivantes » que nous sommes en tant que baptisés. C’est la première condition : retour à l’évangile de chacun et de chacune, de nos communautés chrétiennes, conversion à Jésus Christ, foi professée non pas seulement par des mots mais par des actes, par un style de vie qui tranche, qui fait signe.

    Il y a également toutes ces « briques pastorales » que nous pouvons mettre en valeur et assembler ensemble : fraternités locales, Cafés-Sourire, équipes obsèques, prépas baptêmes et mariages, parcours de découverte ou de redécouverte de la foi chrétienne, liturgies dominicales soignées (avec ou sans prêtre), temps forts communautaires, etc. La liste n’est pas exhaustive. L’inventaire mériterait d’être approfondi ! Mais déjà, nous pouvons faire ce constat d’espoir : quelle richesse que toutes ces briques. L’Eglise de demain est déjà là !

Père Christophe CHAMPENOIS