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Nous pouvons observer que la circulation se fait plus intense sur les routes de Puisaye pendant la période estivale : résidents autochtones qui vaquent à leurs occupations habituelles, agriculteurs qui se vouent aux travaux des champs, transporteurs de biens ou de personnes, mais aussi touristes venus des quatre coins de l’Europe, voire du monde nous visiter ou plus simplement traverser notre région. La voiture et la route sont une partie constitutive de notre mode de vie dans le rural ! Il y aurait sans doute beaucoup de choses à changer dans ce domaine pour respecter davantage la planète. Toutefois, nous ne pourrons pas sacrifier complètement notre mobilité proche ou plus lointaine.
Ce thème de la mobilité pourrait être un sujet de réflexion pour nous cet été. La tradition spirituelle chrétienne l’aborde suivant deux angles complémentaires. Il y a, tout d’abord, le fait que la bonne nouvelle de Jésus Christ nous est transmise par des hommes et des femmes qui avaient l’habitude de circuler, de se déplacer, par les routes, par les mers, de pratiquer le commerce de l’hospitalité (demander d’être accueillis / être accueillis). Les acteurs principaux de l’évangélisation ne sont pas des sédentaires mais des personnes itinérantes qui n’ont pas peur d’aller à la rencontre des autres. La tradition spirituelle chrétienne, par ailleurs, met en lumière un autre aspect avec, les moines et les moniales qui invitent à apprendre à habiter notre demeure en combattant la maladie de la bougeotte, en apprenant à s’enraciner quelque part, à nous stabiliser non seulement géographiquement mais également psychologiquement et spirituellement. La citation célèbre de Blaise Pascal (5e centenaire !) exprime parfaitement cette façon de voir : « Tout le malheur des hommes vient d’une seule chose, qui est de ne savoir pas demeurer en repos dans une chambre. » L’expérience du confinement forcé nous a appris qu’il n’était pas donné à tout le monde de vivre cet idéal ! La vertu se trouve sans doute dans le juste milieu entre l’agitation et l’immobilité, entre la consommation effrénée de déplacements et l’auto-claustration pathologique.
Pour conclure, je me permets de porter à votre connaissance (ou de vous rappeler) cette prière de saint Christophe, à dire avant un voyage. Une prière venue de la tradition orientale et qui contient un magnifique programme de vie :
« Accorde-moi, Seigneur, une main ferme et un regard vigilant ; que personne ne soit blessé quand je passe. Tu as donné la vie, je prie pour qu’aucun de mes actes ne puisse enlever ou endommager ce Don de Toi. Abrite, Ô Seigneur, ceux qui m’accompagnent, des maux du feu et de toutes les calamités. Apprends-moi à utiliser ma voiture pour le besoin des autres, Et à ne pas manquer, par amour de la vitesse excessive, la beauté du monde ; et qu’ainsi, je puisse continuer ma route avec joie et courtoisie. Saint Christophe, saint patron des voyageurs, protège-moi et conduis-moi en toute sécurité vers ma destination. »
Christophe Champenois
Curé
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