Un seul parti, celui de la paix.
Lors de son audience du mercredi 19 octobre dernier, le pape François a exhorté « les croyants à ne prendre qu’un seul parti dans ce conflit (Israélo/palestinien), celui de la paix. »
La position des papes sur la paix n’est pas toujours très bien reçue, y compris par les croyants et les catholiques romains eux-mêmes.
On reproche aux papes de se mêler de ce qui ne les regarde pas. On estime qu’ils ne sont pas réalistes, qu’ils sont angéliques. On estime que dans certaines situations, il est nécessaire de prendre parti.
Voici quelques éléments pour répondre à ces objections.
Tout d’abord, il est important de souligner que l’Eglise par la voix de ses pasteurs (évêques et pape) mais plus généralement par la voix de tous ses membres (fidèles baptisés) a une mission prophétique à exercer au milieu du monde. Les pasteurs de l’Eglise ont toute légitimité à exhorter non seulement les membres de l’Eglise mais l’ensemble de l’humanité (les hommes et les femmes de bonne volonté) dans le sens d’un humanisme authentique.
Le sujet de la paix n’est pas un « hors sujet » pour l’Eglise. En effet, on peut affirmer que le don de la paix (Shalom en hébreu) pour l’humanité et pour toute la terre constitue le cœur du projet du Christ tel qu’il est mis en lumière dans la Bible.
Quand le pape déclare que la guerre n’est pas la bonne solution pour régler les conflits, nous ne devrions pas sourire mais au contraire réfléchir. En effet, depuis le 11 septembre 2001, si l’on ne fait que reprendre la séquence récente de notre histoire, tout le monde aujourd’hui ne peut que convenir que les guerres qui ont été déclenchées ont été un échec total et ont entraîné un coût économique, écologique et humain faramineux. Cela ne veut pas dire qu’il ne faut jamais employer la force pour désarmer des agresseurs. Il est nécessaire qu’il y ait des professionnels formés pour cela (policiers, militaires) non seulement sur le plan technique pour maîtriser l’usage de la force mais également sur le plan moral. Toutefois, il convient de s’attaquer aux causes profondes des conflits et de semer la paix dans la durée.
En tant que catholiques, nous avons la chance extraordinaire de faire partie d’une Eglise qui est présente sur tous les continents de la planète. Le pape, en tant que pasteur possédant une juridiction universelle sur l’ensemble des Eglises (c’est la doctrine catholique que ne partage pas les orthodoxes et encore moins les protestants) a l’avantage d’avoir un point de vue très large qui devrait nous inspirer et nous inciter à rechercher l’unité entre les hommes. Ecoutons-le quand il nous parle des périphéries, des zones de fractures, quand il met la lumière sur ce que vivent les plus pauvres, les perdants de la mondialisation. En tant que catholiques nous avons un rôle à jouer dans le monde d’aujourd’hui pour travailler à mettre en œuvre un universalisme concret. Cela suppose de prendre beaucoup de recul par rapport à certaines suggestions peut-être au premier abord, séduisantes mais néfastes à long terme.
Christophe Champenois
Curé
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