Repartir sur le chemin de la foi
A l’occasion des JMJ (journées mondiales de la jeunesse à Lisbonne), un certain nombre de journalistes intéressés par les questions religieuses ont voulu se pencher sur les convictions spirituelles des jeunes Français. Des sondages ont été effectués. Des enquêtes ont été menées. Nous avons pu lire, en particulier dans la presse catholique (La Croix, Famille Chrétienne etc.) des articles sur le sujet.
Personnellement, j’ai été assez déçu par ce que j’ai lu. Très souvent, on en restait à une analyse sociologique marquée par un biais plutôt politique, plutôt idéologique. Comme si le fait de classer les gens suivant un clivage droite / gauche suffisait à comprendre la foi et le style de vie auquel cette foi peut correspondre.
Au fond, la question vraiment intéressante est la question que pose Jésus : « Pour vous, qui suis-je ? » (cf. Matthieu, ch. 16 – évangile du dimanche 27 août). Cette question va beaucoup plus loin que les sondages des spécialistes de marketing ou de sociologie. Personnellement, quand j’entends, à travers le récit des évangiles, cette question, il y a en moi comme un blanc, comme un vide. Je prends conscience que tout ce que je crois savoir ne suffira pas et qu’il va falloir que je me mouille un peu plus que de répéter mon catéchisme. Il faut bien reconnaître que la question de Jésus nous met dans un certain inconfort. On n’est plus dans la politique, dans l’idéologie. Il s’agit de prendre position par rapport au personnage le plus décisif de l’histoire. Pour répondre, il faut connaître mais pas d’une connaissance seulement livresque. La connaissance qui est requise est une connaissance fondée sur une expérience, sur une relation, mieux encore sur un don qui nous est fait : « ce n’est pas la chair et le sang qui nous révèlent qui est vraiment Jésus », la « chair et le sang » c’est-à-dire notre humanité livrée à elle-même, à ses propres forces. La réponse ne peut que venir de l’intérieur. Elle ne peut qu’être une réponse de foi.
En disant cela, je ne voudrais pas du tout mettre de côté le côté normatif de la foi chrétienne. En effet, la foi chrétienne articule une démarche très personnelle (« JE crois ») avec une démarche plus communautaire (NOUS croyons »). D’un côté, nous sommes en effet encouragés à risquer notre réponse personnelle. D’un autre côté, nous nous appuyons sur le roc de la foi de toute l’Eglise garante de la révélation divine.
La sécurité qui nous est donnée de pouvoir nous appuyer sur la foi ecclésiale (Pierre) ne doit cependant pas nous dispenser de courir personnellement le beau risque de la foi. Le contexte social et culturel dans lequel nous vivons nous oblige à cela. Nous n’avons pas le choix. Il n’y a pas d’autre option que celle d’une foi risquée qui atteste de façon crédible que Jésus est le Christ, le Fils de Dieu.
En cette période de rentrée pastorale, puissions-nous nous encourager fraternellement sur notre chemin de foi. Que notre témoignage soit celui d’une foi libre et adulte.
Christophe Champenois
Curé – doyen
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