Homélie DU 2ÈME dimanche du Temps Ordinaire — 20. Paroisse Saint-Luc aux marches de Puisaye

Aller au contenu. | Aller à la navigation

Outils personnels

Homélie DU 2ÈME dimanche du Temps Ordinaire

15-16 JANVIER 2022

Par Le père Laurent NADEMBEGA

 

2ème Dimanche du temps ordinaire : 15-16 janvier 2022

Is 62, 1-5 ; Ps 95 (96) ; 1Co 12, 4-11 ; Jean 2, 1-11

Avec ce dimanche, nous sortons du temps des fêtes de la Nativité et nous entrons dans la période dite du « Temps ordinaire ». Ce n’est pas une période banale et moins importante, bien au contraire : c’est un temps pour accueillir le Seigneur qui s’est fait l’un de nous par sa Naissance dans notre monde et qui n’en finit pas de nous partager sa joie. Tout au long de cette période, nous serons invités à marcher en « conduite accompagnée » avec le Christ, à cheminer avec lui dans les villes et villages pour mieux le connaître et l’aimer, pour mieux découvrir sa divinité parce que jusqu’à maintenant nous avons surtout contemplé son humanité à travers sa naissance, sa circoncision ou sa présentation au temple et son baptême. A travers ses signes et miracles nous découvrirons petit à petit la manifestation de sa divinité. Durant ce temps ordinaire, nous écouterons son enseignement qui nous aidera dans notre vie de foi et nous permettra de mieux connaître Dieu dans son plan d’amour depuis l’Ancien Testament jusqu’au Nouveau Testament.  Et maintenant, allons à la découverte des messages contenus dans les textes qui nous sont proposés en méditation ce dimanche. Ces textes nous parlent encore aujourd’hui comme ils parlaient aux peuples d’autrefois, encore faut-il les comprendre.

- La première lecture est tirée du livre du prophète Isaïe ; ce prophète du 8ème siècle avant Jésus Christ n’a de cesse pour le peuple d’Israël tant que celui-ci ne retrouve pas sa libération. Il dépeint la situation de déporté d’Israël qui est comme un peuple délaissé par le Seigneur avec une situation de désolation totale. Il prophétise ensuite un avenir radieux pour ce peuple qui sera comme une couronne brillante, un diadème royal entre les doigts de son Dieu. En effet après 50 ans d’exil à Babylone, la communauté juive est réduite à une poignée de rescapés ; le moral est bien bas. Mais le prophète les rassure : c’est avec ce petit reste que Dieu a lié une amitié particulière et forte. C’est vraiment par amour qu’il fait alliance avec ce peuple. Ce peuple sera désormais « marié » au Seigneur, aimé et protégé par lui. Cette bonne nouvelle remplit leur cœur de joie. Et c’est ce qui se passe : Dieu libère son peuple. Nous nous reconnaissons parfois dans la situation de ce peuple. Beaucoup de gens sont inquiets pour l’avenir l’Église : le nombre de chrétiens a beaucoup diminué, les chrétiens sont divisés, il y a beaucoup de scandales dans l’église, l’entretien des églises-édifices et des paroisses devient difficiles, l’Eglise n’a plus suffisamment d’argent pour fonctionner parce que les donateurs diminuent d’année en année. Voici une sombre fresque de l’église qui plonge dans l’inquiétude. Mais devant ces incertitudes, affirmons notre espérance. Elle nous permet de vivre et de croire. Somme toute, c’est le Christ qui conduit son Eglise. Elle ne sera pas délaissée. Le Christ l’appellera toujours « Ma Préférence » et la nommera « L’Epousée », car le Christ a épousé l’Eglise. Ne soyons donc pas tristes mais dans la joie car le Seigneur conduit son peuple. Son amour a le pouvoir de tout transformer en nous. Il peut changer l’eau de nos amertumes en vin de la joie éternelle, comme aux noces de Cana.  

- La seconde lecture vient de la première lettre de Paul aux Corinthiens. Dans la communauté de Corinthe il y avait des divisions, des disputes, des médisances, et d’autres choses encore (impureté, ivrognerie, incestes…). Paul veut rassurer les chrétiens de Corinthe que la variété des dons et grâces viennent de Dieu, Père, Fils et Esprit. « Les dons de la grâce sont variés, mais c’est le même Esprit. Les services sont variés, mais c’est le même Seigneur. Les activités sont variées, mais c’est le même Dieu qui agit en tout et en tous ». Il y a multiplicité dans l’unité. Les membres sont plusieurs et le corps est un. Chaque membre occupe une place et aucun membre ne peut suppléer un autre, aucun membre n’est de trop. Paul encourage fortement chacun et chacune à mettre à profit les dons qui lui sont attribués par l’Esprit pour le bien de la communauté. Loin d’être occasion de rivalités ou de jalousies, les charismes individuels n’opèrent que par « l’unique et même Esprit ». Dieu donne différemment pour que nous soyons complémentaires et plus enrichis. Les enseignements de Paul peuvent s’appliquer à notre communauté paroissiale. Chacun de nous pris individuellement a reçu des talents, des grâces pour le bien de toute la communauté. C’est pour cela que je suis convaincu que chacun peut faire quelque chose, peut apporter quelque chose pour le bien de la paroisse : apporter ses compétences en musique, en chants, donner son temps, offrir ses biens matériels ou financier, offrir sa disponibilité et sa générosité, offrir sa prière… Nous avons beaucoup de choses à offrir. Ne soyons pas avare replié sur nous-mêmes, ne nous contentons pas d’observer à distance, mettons tout en commun pour une communauté plus vivante et épanouie.  Notre paroisse a besoin de gens qui animent les messes et qui chantent, elle a besoin de gens qui jouent des instruments de musique, elle a besoin d’une chorale et des gens qui acceptent d’aller aux répétitions des chants, de gens qui s’occupent de l’ordre et de l’embellissement de nos églises, de gens qui font le service des obsèques, de gens qui entretiennent l’église et la sacristie. Car nos assemblées de prières ne doivent pas être tristes, un lieu de prières et de louanges n’est pas un funérarium. Rendons vivantes et joyeuses nos célébrations pour nous en donner le goût et pour attirer tous les jeunes et moins jeunes qui rêvent d’une église accueillante, joyeuse et vivante. Ne tuons pas notre église par la morosité et la tristesse de nos célébrations. Sachons reconnaître les talents et les qualités des uns et des autres. Ne soyons pas seulement aux aguets des défauts des autres, car nul n’est parfait sur la terre. Paul nous conseille : « Aucune parole mauvaise ne doit sortir de votre bouche ; mais s’il y en a besoin, dites une parole bonne et constructive, bienveillante pour ceux qui vous écoutent » Ep.4, 29. Dieu veut une église joyeuse, une église en fête. Et des chrétiens joyeux. Ne dit-on pas qu’un chrétien triste est un triste chrétien. Saint Paul recommandait à ses disciples d’être toujours dans la joie. Il disait aux Philippiens : « soyez toujours dans la joie du Seigneur, laissez-moi vous le redire : soyez dans la joie » (Ph 4, 4).

- Selon l’évangile de Jean, l’un des premiers signes de Jésus se passa lors des noces de Cana, dans une atmosphère de fête et de joie. Le vin venait à manquer. Délicatement sa mère lui dit : ils n’ont plus de vin. Si le vin vient à manquer, la fête risque de couper court, la tristesse fera place à la joie. Jésus le savait autant que sa mère. Pour prolonger la fête, Jésus changea l’eau en vin. Ce premier miracle de Jésus à Cana soulage des époux, mais il est le signe d’une réalité plus profonde. Il faut comprendre que quand Jésus est là c’est la fête, c’est la joie sans fin. Jésus est dans son église et notre joie ne saurait finir. Cette joie n’est pas seulement terrestre ; elle se prolonge jusque dans la vie éternelle. Le signe des noces de Cana est une annonce du Christ qui vient nous conduire au grand banquet éternel. Par le miracle de l’eau changé en vin, Jésus invite aux noces de l’agneau. Et chaque jour, chaque dimanche, l’église nous répète : « heureux les invités aux noces de l’agneau ». A Cana une nouvelle noce commence, celle d’une nouvelle alliance de Dieu avec son peuple. Un simple repas de mariage prend une dimension d’éternité. Nous sommes en état de noces perpétuelles et éternelles. Comment ne pas être dans la joie. Ce premier miracle de Jésus à Cana, en plus de la foi et de la confiance en Jésus qu’il veut susciter, voudrait aussi nous faire percevoir la place importante de Marie, Mère de Dieu dans la mission de Jésus et dans l’église. En plus d’être Co-rédemptrice, Marie intercède pour nous. C’est grâce à son intercession que l’eau est changée en vin pour la joie des époux et des invités de Cana. De même grâce à son intercession, le Seigneur nous transforme chaque jour et nous indique le chemin de l’évangile. Présentons nos prières de louange et de demande à Jésus par Marie, la mère discrète et attentive, et nous sommes sûrs qu’elle les transmet à son Divin Fils. Saint Louis-Marie Grignon de Montfort affirmait : « Dieu a réuni toutes les eaux et les a appelées mer ; il a réuni toutes les grâces et les a appelées Marie ». Apprenons à aller à Jésus par Marie. Marie est toujours prête à intercéder pour tous ceux qui mettent leur confiance en elle. Que l’Esprit Saint nous inspire la bonne attitude, le bon geste, la bonne parole pour le service de Dieu en son Eglise. Amen.