Église de Poilly-sur-Tholon — 13. Paroisse Notre-Dame des Trois Vallées

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Église de Poilly-sur-Tholon

L'origine chrétienne de Poilly remonte certainement à l'apostolat de Germain d'Auxerre, propriétaire des terres au Ve siècle ; cette origine explique la dédicace de l'église

Poilly est donc une paroisse rurale des plus anciennes, dont Heiric d’Auxerre affirme la notoriété : « Parmi les célèbres églises où les miracles opérés par saint Germain furent les plus fréquents, il faut citer celle de St-Germain de Poilly où guérirent de nombreuses personnes, principalement au lieu de Bleury ».

Comme la plupart des églises de nos villages, l’église de Poilly est un édifice composite, construit, reconstruit et agrandi à différentes époques (36 mètres de long).

La partie la plus ancienne est la nef dont le mur nord ( celui donnant sur la place) est percé de baies ogivales du XIIIe et XIVe siècles. Une première campagne de travaux eut lieu à la fin du XVe siècle : la nef fut alors flanquée au sud d’un bas-côté et de la chapelle de la Vierge. On dut percer le mur sud de trois grandes arcades pour que l’ancienne nef et les nouvelles adjonctions puissent communiquer facilement. En même temps, on reconstruisait le chœur dans le style gothique tardif ou « flamboyant » alors à la mode.

Une seconde campagne de grands travaux est commencée pendant la Renaissance. Du côté ouest de l’église, une nouvelle façade est bâtie avec un portail monumental orné de délicates sculptures (1538). De même, on élève la grosse tour que nous voyons aujourd’hui, dont un des angles repose sur un énorme pilier situé à l’entrée de la nef. Ce dernier est d’ailleurs orné d’une statue de saint Vincent, placé dans une niche aux armes de la famille de Toisy ( baillis d’Auxerre au XVe siècle).

Il sera également décidé de surélever la nef et de la voûter en pierre comme le chœur ; à cet effet sont construits des piliers (aujourd’hui arasés) et des amorces de voûtes dont on voit les restes à l’intérieur, mais aussi à l’extérieur de l’église. Ces travaux qui datent du XVIe siècle sont interrompus par les guerres de Religion. On peut penser que la destruction délibérée (à coup de masse) de l’escalier en pierre de la tour date de cette époque.

L’église St-Germain a donc traversé les siècles et la Révolution sans trop subir de dégâts. Mais un ouragan en 1822 va gravement endommager la toiture et jeter à bas le petit clocher qui surmontait la tour. La commune est pauvre et doit emprunter. Les travaux de restauration et la construction d’un nouveau clocher ne commenceront qu’en 1846. C’est de cette époque que datent les petits clochetons et le balcon circulaire qui donnent à l’église de Poilly sa silhouette caractéristique et originale dans le paysage de la vallée du Ravillon.

Avec ses vieilles dorures, l’autel en portique (tout en pierre comme la statue de saint Germain qui préside le fronton) remonte à l’époque de Louis XIV. Saint Eloi (deuxième patron de Poilly) et saint Sébastien figurent aux côtés de saint Germain. Par contre, les toiles de saint Pierre et saint Paul datent de 1629. Un antiphonaire de 1854 est posé sur un lutrin. A gauche du chœur, une arcade donne accès à une chapelle réservée au seigneur du lieu. On peut y voir un tableau de la Nativité (en mauvais état).

Le pèlerinage à saint Edme de Pontigny était fréquenté par la paroisse ; une statue située à gauche dans le chœur en maintient le souvenir. A la chapelle de la Vierge, l’autel de 1872 est surmonté d’une peinture due au pinceau de Jacques Machavoine, inhumé au pied de son œuvre. On y voit sainte Catherine de Sienne, saint Dominique et en toile de fond, l’église de Poilly surmontée d’un clocher et d’une tour.

Le grand portail


Dès son approche, le grand portail surprend... Daté de 1538 et malgré son état de délabrement, nous constatons la finesse de son ornementation : colonnes, pilastres, médaillons des évangélistes saint Jean et saint Luc (à droite). Au-dessus dans les écoinçons, saint Matthieu et saint Marc ont disparu. Le portail mesure 5 m de hauteur et 4,25 m de largeur. En son milieu, le trumeau portait la statue de saint Germain ; elle a disparu à la Révolution.

Au-dessus du fronton central, sept panneaux retracent des épisodes de la vie de saint Germain :

  • L’arbre aux branches desquelles il suspendait ses trophées de chasse et en face, saint Amâtre lui reprochant cette coutume païenne.
  • La cérémonie de la tonsure : au centre l’évêque et saint Germain agenouillé devant lui.
  • La consécration de l’évêque, agenouillé entre deux confrères tenant à bout de bras la mitre qu’ils s’apprêtent à poser sur la tête du saint. Un acolyte a en main la crosse bientôt remise au nouvel évêque.
  • Son départ vers la Grande-Bretagne.
  • La victoire de l’Alléluia.
  • Le voyage de saint Germain à Ravenne.
  • Un char, tiré par un bœuf ramène en Gaule le corps du saint mort à Ravenne. Il est accompagné par deux des quatre vierges de la légende.

Sources

  • NOIROT A.J. - « La vallée d’Aillant » - volumes 1 et 4 Auxerre édition originale 1973
  • « La semaine religieuse » 1881
  • Archives Départementales de l’Yonne

Si vous souhaitez visiter cette église, vous pouvez vous adresser à Marie-France ou Alain BOURGEOIS 2 rue du Fort de Poilly (Tél: 03 86 63 46 02)