Retour sur le pèlerinage en l'honneur de sainte Marie-Madeleine — Pèlerinages

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Retour sur le pèlerinage en l'honneur de sainte Marie-Madeleine

Lundi 22 juillet 2019, malgré la chaleur, de nombreux pèlerins étaient présents pour vivre la journée de pèlerinage en l'honneur de Marie Madeleine.

Homélie du père Christophe Roucou, prêtre de la mission de France

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Frères et sœurs,

Nous connaissons sans doute bien ce récit de la rencontre de Marie-Madeleine avec cet inconnu près du tombeau où Jésus a été enseveli, cet inconnu qui n’est autre que le Crucifié-Ressuscité. Alors, ce matin, comment recevoir ce récit évangélique et les autres lectures comme une Bonne Nouvelle adressée aux pèlerins que nous sommes ?

“J’ai cherché celui que mon âme désire” nous dit la bien-aimée du Cantique des Cantiques. “Qui cherches-tu ?” dit à Marie-Madeleine l’inconnu près du tombeau. “Chercher”, ce verbe m’a frappé par sa présence dans les textes de la Bible écoutés aujourd’hui, car le Psaume aussi s’ouvre par ce verset : “Dieu, tu es mon Dieu, je te cherche dès l’aube”. Ces textes expriment une quête, celle de la Bien-aimée à la recherche de son Amour, celle du psalmiste dès l’aube tourné vers Dieu, celle de Marie-Madeleine qui ne peut se satisfaire du tombeau vide, de l’absence de Celui qu’elle a accompagné jusqu’à sa mort en croix.

“Qui cherches-tu ?” ( et non que cherches-tu ?) cette question est aussi adressée à chacune et chacun d’entre nous, ce matin. Oui , qui cherches-tu ? en venant ici, en marchant avec d’autres pélerins, au milieu de l’été, en faisant silence dans cette basilique. Une question qui est aussi une invitation à une attitude intellectuelle, pratique et spirituelle, une invitation à nous mettre en route comme cette femme qui traverse toute la ville, interroge les gardes pour trouver celui que son cœur aime.

Les papes contemporains de Paul VI à François, en passant par Jean-Paul II et Benoît XVI, ont tous utilisé une même expression pour qualifier cette quête de foi, cette quête de Dieu. Ils ont dit que les croyants étaient des pélerins de la Vérité… et chacun de ces papes à travers ses voyages, ses rencontres aux quatre coins du monde se sont eux-mêmes situés en pélerins, pélerins de la vérité. Ecoutons Benoit XVI, parlant du dialogue interreligieux, lors de son dernier grand discours, à Rome :

“ce n’est pas nous qui possédons la vérité, mais c’est elle qui nous possède : le Christ qui est la Vérité nous a pris par la main, et sur le chemin de notre recherche passionnée de connaissance, nous savons que sa main nous tient fermement. Le fait d’être intérieurement soutenus par la main du Christ nous rend libres et en même temps assurés.” (Benoît XVI, Discours à la curie romaine, 21 décembre 2012).

Comment être des chercheurs de Dieu sans interroger les autres ? La Bien-aimée questionne les gardes de la ville, Marie-Madeleine interroge cet inconnu près du tombeau. Nous, qui allons-nous questionner pour trouver Celui que notre cœur cherche ? Nos contemporains, même des agnostiques, des croyants en Dieu sur d’autres chemins que le nôtre ont sans doute quelque chose à nous dire. Osons-nous poser avec eux des questions sur le sens de l’existence, sur les choix à propos de la vie ou de la mort, si présents dans notre société  française, aujourd’hui ?

Poser des questions, ce n’est pas s’éloigner de la foi , c’est au contraire se donner une chance comme Marie-Madeleine de découvrir le vrai visage du Christ et de Dieu derrière ce que nous avions cru savoir ou connaître. Car la Bible nous révèle, à chaque page, que Dieu n’est pas celui que l’on croit connaître, qu’Il est là où nous sommes et que nous ne le savions pas, que nos yeux, notre intelligence n’étaient pas capables de le reconnaître, comme Marie-Madeleine. Au premier abord pour Marie-Madeleine comme pour les disciples d’Emmaüs, le Ressuscité est un inconnu.

C’est en marchant avec lui sur la route, c’est en posant des questions que l’on reconnait que l’inconnu est le Christ. Cela prend du temps. Cela suppose surtout une oreille, des yeux, un cœur attentifs pour l’écouter et le reconnaître. Marie-Madeleine entend cet inconnu, ce jardinier, l’appeler par son nom : “Marie”. Alors, elle reconnaît son maître : “Rabbouni”. Mais aussitôt Jésus ressuscité ajoute “Ne me retiens pas” ; les disciples d’Emmaüs le reconnaissent à la fraction du pain, mais “aussitôt, il disparut à leur yeux”.

Frères et sœurs, si nous sommes là ce matin c’est que d’une manière ou d’une autre nous sommes en quête de Dieu, que pour certain(e)s d’entre nous nous avons fait l’expérience d’être appelés par notre nom par Jésus-Christ et que c’est une question d’amour et de fidélité. Mais comme les disciples d’Emmaüs, comme Marie-Madeleine, il nous faut continuer la route car Il nous attend dans les Galilées d’aujourd’hui, dans les carrefours de notre société où déjà Il nous précède.

Que dit , en effet, Jésus à Marie-Madeleine ? “Va trouver mes frères pour leur dire que je monte vers mon Père et votre Père, vers mon Dieu et votre Dieu”. Marie-Madeleine, une femme, est le premier témoin de la Résurrection, elle est aussi en recevant cette consigne du Christ et en la mettant aussitôt en œuvre, le premier apôtre.

“Va trouver mes frères” : cette parole du Christ est aussi adressée à chacun et chacune d’entre nous ce matin. Invitation à nous remettre en route. Le Christ ne nous dit pas : va trouver tes frères et sœurs. Il nous dit va trouver MES frères. C’est donc une invitation à découvrir que Jésus le Christ a des frères et soeurs partout dans l’humanité, que ceux et celles avec qui nous vivons, habitons dans un quartier ou un village, côtoyons au travail ou à la fac, croisons dans la rue… ce sont des frères et sœurs du Christ que nous sommes invités à rencontrer. Des frères et sœurs du Christ, même lorsque leurs choix éthiques, politiques, leurs manières de vivre de croire, leurs religions sont différentes des nôtres.

En février dernier, à Abou Dhabi, le pape François a signé avec le grand imam d’Al-Azhar une déclaration sur la fraternité humaine qui commence par ces mots : “La foi amène le croyant à voir dans l’autre un frère à soutenir et à aimer”.

Quelle est donc la Bonne nouvelle que le Christ nous confie, à chacun et à chacune, en cette fête de Marie Madeleine ? D’abord continuer à être des pélerins de Dieu et de la vérité en cheminant avec nos frères et sœurs humains, car c’est là que nous l’entendrons nous dire “Qui cherches-tu ?” et nous appeler par notre nom pour nous dire l’amour de Dieu pour nous. C’est ensuite répondre à l’invitation du Ressuscité, à la suite de Marie-Madeleine, “Va trouver mes frères”, invitation à aller rejoindre les frères et sœurs du Christ qui sont la multitude pour laquelle il a donné sa vie, invitation à être en actes et en paroles auprès d’eux des témoins qu’il n’y a qu’un seul Dieu, qu’il aime chaque être humain d’un amour unique et qu’il est le Père de tous. Amen !

Quelques photos

 

Rappel du programme :

  • procession et messe présidée par Mgr Hervé Giraud, en présence du père Christophe Roucou, prêtre de la Mission de France,
  • intervention du père Christophe Roucou sur le thème "Chrétiens et musulmans, quelle rencontre et quel dialogue possible ?", suivie de la pièce "Pierre et Mohamed",
  • démarche de pèlerinage et vêpres.