Les Célébrations de la Parole dans la Paroisse St Lazare — 19. Paroisse Saint-Lazare

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Les Célébrations de la Parole dans la Paroisse St Lazare

Comme certains d’entre vous le savent, notre curé, le père Laurent Nadembega, a été empêché d’exercer son ministère pendant tout le mois de février par suite d’une intervention chirurgicale. Et, le diocèse manquant cruellement de prêtres, il n’a pas été possible de le remplacer par un prêtre pour tous les offices pendant son absence. Nous avons donc été amenés à célébrer certains offices sans prêtre. Avant son départ, le père Laurent a nommé 4 paroissiens (Daniel, Jean-Marc, Jeannine, Marie), pour assurer la célébration de ces offices sans prêtre.

La question s’est posée : une Célébration de la Parole doit-elle inclure une communion au Corps du Christ ou non ? Les avis de certains paroissiens sont très tranchés sur la question. Certains refusent l’absence d’Eucharistie ; d’autres refusent qu’il y ait une communion au Corps du Christ dans une Célébration de la Parole. Quelle que soit la forme choisie, elle ne fera pas l’unanimité. Mais réfléchissons à la question.

Dans l’Église primitive, il y avait deux tables : la table de la Parole où l’on communiait à Jésus Verbe de Dieu et la table eucharistique où l’on communiait à Jésus Pain de Vie. Aujourd’hui, les deux tables sont toujours présentes, même si la première est réduite à un pupitre qu’on appelle « l’ambon ».

A ces deux tables nous recevons le Christ. Et l’une complète l’autre et sont toutes deux fondamentales. Il est intéressant d’entendre le Pape Benoît XVI – qui vient de nous quitter – affirmer en 1965 que l’unité de l’Église, ce n’est pas le siège épiscopal de Rome, mais avant tout la Parole et le Pain. Et il est primordial de bien comprendre que Jésus, avant de faire communier ses disciples à son Corps les a formés pendant trois ans à recevoir et à vivre de sa Parole.

Dès lors, celui ou celle qui prétendrait communier au Corps du Christ sans avoir d’abord communié à la Parole de Dieu se fourvoie. La communion à la seconde table est impossible si l’on n’a pas pleinement vécu la communion à la première table. Pour s’en convaincre, écoutons Jésus, lors de la Sainte Cène, dire aux onze apôtres (Judas avait quitté la pièce) « Maintenant vous êtes purs, grâce à la Parole que je vous ai fait entendre » (Jean 15,3). Bien recevoir la Parole et en vivre purifie notre vie et notre âme, nous rendant aptes à recevoir son Corps. Voilà pourquoi il est sans doute important de faire des Célébrations de la Parole sans communion au Corps du Christ – au moins dans les premiers temps. Il faut que les chrétiens redécouvrent l’importance de cette communion à Jésus Verbe de Dieu. Cela permettra aussi sans doute de creuser la soif de la communion à la seconde table.

Alors se pose à nous la question suivante : comment bien recevoir la Parole ?

« Prenez garde à la manière dont vous écoutez » (Marc 4, 24)

Avec la Parole de Dieu, on peut faire les meilleures et les pires des choses. On peut agir saintement et on peut commettre les pires erreurs. Après avoir donné ses Lois - donc sa Parole - au peuple d’Israël, Dieu dit « Vois, je te propose aujourd’hui vie et bonheur, mort et malheur […] Choisis donc la vie ! » (Deut. 30, 15-19). Ainsi nous comprenons que la Parole de Dieu est une double porte. Une porte de vie ou une porte de mort. Que n’a-t-on pas fait au nom de la Bible : guerre, inquisition… ? Lors de la tentation au désert, le diable vient à Jésus avec une bible sous le bras : « N’est-il pas écrit… ? » … Vas-y Jésus, obéis à la Parole de Dieu et jette toi en bas ! – porte de mort. Et Jésus réplique aussi avec des versets bibliques - porte de vie.

Dès lors, on peut se demander si la Parole de Dieu peut être mise entre toutes les mains. N’y a-t-il pas un risque de déviances ?

 

Comment bien lire ? Comment bien comprendre ? Et au final comment bien vivre de cette Parole ?

Première règle : Considérer le texte biblique comme la Parole de Dieu.

Donc approcher ce texte avec le respect dû à Dieu, même si le texte est difficile ou incompréhensible. Une tentation - moderne - face aux apparentes contradictions des Écritures Saintes est de considérer qu’un texte biblique est une parole d’homme ; dès lors, étant moi-même un homme, je critique cette parole qui devient discutable : il s’agit de l’opinion d’un homme d’une certaine époque (Isaïe, Jérémie, Matthieu, Paul…), mais il ne s’agit plus de la Parole de Dieu. Comme dirait Saint Jacques qui réprimande ceux qui sèment la discorde dans l’Église « tu n’es plus l’observateur de la loi, tu en es le juge » (Jacques 4,11). Comme le réaffirme le concile Vatican II « L’Ancien et le Nouveau Testament ont Dieu pour auteur » (Dei Verbum, 11). Bref : respecter le texte qui est sacré. Si je ne comprends pas, avant de critiquer ou rejeter, admettre mon inintelligence à cette Parole et chercher à comprendre.

Deuxième règle : Dieu est amour.

Si un passage de l’écriture semble me dire le contraire, c’est que je ne sais pas lire. Je vais donc commencer par prier Dieu pour qu’il m’éclaire. Cet éclairage peut être rapide ou demander du temps. Il peut être direct (c’est possible) ou se faire (souvent) par l’intermédiaire de quelqu’un. Dieu est amour. L’écriture et la prière l’affirment et le confirment. Dieu est amour. Il n’y a pas d’hypocrisie, pas de méchanceté, pas de violence, pas de mal en Dieu. Il faut oser relire toute la Bible avec cette certitude au cœur… tout en respectant la première règle.

Troisième règle : observer les réactions de son cœur à la réception de la Parole.

Il y a en nous un être de Vie. A l’écoute de la Parole de Dieu, notre âme s’éclaire, notre horizon intérieur s’ouvre. Une intelligence imprégnée de paix s’offre à nous. Et il y a en nous un être corrompu. Le fameux « vieil homme » dont parle Saint Paul (Eph 4,22). Celui-là ne supporte pas la Parole et il la rejette. Il nous vient alors des pensées telles que « c’est trop dur » « c’est idiot » « il ne faut pas croire tout ce qui est écrit ». Ou alors le vieil homme se sert de la Parole pour accuser Dieu et suggérer qu’il est dur, violent et mauvais. Un exemple ? Luc 16, 19-30. Le riche se retrouve dans un « endroit chaud » et un abîme « a été mis » pour l’empêcher de rejoindre Abraham et Lazare. Instinctivement (n’est-ce pas évident ?) Nous pensons que c’est Dieu qui a mis cet abîme. Mais ce n’est pas ce qui est écrit. Cette pensée vient du vieil homme qui est en nous et nous suggère que Dieu est implacable. Mais ce n’est pas Dieu qui a mis l’abime. C’est le riche lui-même qui a creusé cet abime entre lui et le pauvre Lazare. De fait, comme dans beaucoup de versets bibliques, le texte n’est pas clair. Pourquoi ? parce que c’est la Parole de Dieu, et que Dieu ne s’impose pas. Il nous laisse libre de croire ou non : d’ouvrir la porte de vie ou non. Choisis la vie ! A nous d’écouter notre cœur et de choisir la bonne façon de lire : celle de la vie.

Quatrième règle : Les critères d’une bonne écoute de la Parole ? Les fruits de l’Esprit : Humilité, Amour, Douceur.

Impossible de communier à Dieu sans humilité, car Dieu est humble. Jésus est venu nous le démontrer. Donc sans humilité vis-à-vis de Dieu et des hommes, il n’y a pas de réception de la Parole, ou plutôt il y a une réception erronée. De même, si je suis dans la peur, la colère ou l’amertume, quand bien même j’énoncerais une vérité, cette vérité est destructrice pour moi-même comme pour mon auditoire. « Oui, mais j’ai raison ! ». Peut-être ; mais sans amour, je ne suis qu’une cymbale qui résonne (I Cor. 13). Les fruits de l’Esprit sont amour, paix, patience, bonté, douceur… (Gal. 5, 22)

Cinquième règle : Faire confiance à l’Esprit Saint

Une bonne manière de lire la Parole et de la comprendre, c’est de la prier. « La Parole ne s’écoute pas, elle se caresse » disait un Rabbin. Comprenez : avant d’être une question de tête, c’est d’abord une question de cœur. Mon cœur (= mon âme) doit entrer en contact avec (= caresser) le cœur de Dieu. « Jésus, je ne comprends pas cette Parole. Que veux-tu me dire ? » Entendre. Prier. Peut-être faut-il lire la Parole avant la célébration de la Parole. Peut-être la mettre en ligne sur le site de la paroisse avant la célébration. Certains versets de la Parole sont assez faciles et accessibles à beaucoup. D’autres ont besoin d’être éclairés. Le but n’est pas de tout comprendre. On peut vivre avec trois versets bibliques pourvu qu’on les vive. Et puis le diacre ou le prêtre sont là pour aider les baptisés à porter au monde la Parole et la vivre, ces derniers exerçant ainsi leur sacerdoce baptismal (Lumen Gentium 11 à 13). Il faut lire et entendre cette parole du concile Vatican II : « La collectivité des fidèles ayant reçu l’Esprit Saint ne peut se tromper dans la foi » (Lumen Gentium 12). En clair : si tu vis dans la foi (= si ton cœur caresse le cœur de Dieu) si tu vis dans les fruits de l’Esprit (amour, paix, douceur…) tu ne dis pas de bêtise et tu ne commets pas d’erreur. Donc : n’ayons pas peur des célébrations de la Parole. N’ayons pas peur de l’absence de prêtre ou de diacre. Tout baptisé peut se laisser inspirer par l’Esprit Saint, dire une parole éclairante et enrichir son prochain.

Sixième règle : aimer son prochain.

En amont de tout ce qui précède, il y a l’envie d’être ensemble. Sans cette envie, sans cet amour du prochain, une célébration de Parole n’a pas de sens, puisque Dieu lui-même aime les hommes. Inversement, une célébration de la Parole ne peut se limiter à être un rassemblement de gens qui ont envie d’être ensemble. Autant créer un club de belote. Ce sera plus fun. Une célébration de la Parole ne peut pas non plus être réduite à un rassemblement de gens qui cherchent à se cultiver sur la bible. Il faut respecter la règle précédente : le cœur avant la tête. Une célébration de Parole n’est pas une réunion d’étude biblique. Une célébration de la Parole est véritablement une liturgie. J’y rencontre le Christ. J’y rencontre mes frères et sœurs. Et ces deux réalités se tiennent : « Quand deux ou trois sont réunis en mon Nom, je suis là au milieu d’eux » (Mat 18, 20).

Compte-rendu de la formation donnée par Louis Ruellan

 

 

 

 

 

 

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