En communion avec nos frères et soeurs persecutés — 13. Paroisse Notre-Dame des Trois Vallées

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En communion avec nos frères et soeurs persecutés

Dimanche 8 mars 2020, Monsieur ZOBLER, membre de l'Aide à l'Église en Détresse AED, a présenté au cours de la messe la situation de très nombreux chrétiens persécutés à cause de leur foi dans le monde. Voici le texte de son intervention.

AILLANT SUR THOLON                                                                    Dimanche 8 mars 2020
                                                                                                               2e dimanche de Carême, année A

Merci (  ) de m’accueillir à nouveau cette année à AILLANT pour vous parler des Eglises souffrantes à travers le monde, des chrétiens persécutés, de tous ceux, toutes celles, qui donnent leur vie pour le Christ, en fidélité à l’Evangile.

Je le fais au nom de l’AED - l’Aide à l’Eglise en détresse – fondation internationale de droit pontifical qui leur vient en aide depuis plus de 70 ans et qui essaie de faire connaître leur situation. C’est pas toujours facile d’ailleurs de le faire dans nos pays, y compris parmi les chrétiens, car en bonne logique chrétienne, la foi fait vivre normalement, et non pas souffrir, ou mourir. Il n’est pas rare que le témoignage des chrétiens persécutés soit remis en question, leurs souffrances minimisées ou même passées sous silence : non, « la foi ne peut pas faire mourir ».

Mais est-ce que la foi au Christ nous fait vivre pour autant ? Oui certainement, car nous ne serions pas là aujourd’hui, pour répondre à l’invitation du Seigneur.

Dans l’Evangile de ce jour (Mt 17,1-9) quand Jésus est transfiguré sur la montagne, dans une plénitude de vie et de lumière qui le manifeste comme Fils bien-aimé du Père, les disciples sont invités à l’écouter. C’est-à-dire à prêter attention à sa parole, mais aussi à la mettre en pratique, à en vivre, à en témoigner à leur tour.

Pourtant, pour les premiers disciples du Christ jusqu’à ceux d’aujourd’hui, si la Parole de Jésus est vraiment une Bonne Nouvelle qui fait vivre, elle peut être aussi la cause de bien des ennuis, d’épreuves et de souffrances. En ce 21e siècle déjà bien avancé, pour les chrétiens qui sont  « au loin », comme pour les chrétiens d’ici chez nous, faire référence à Jésus, à sa parole de vie, peut désormais nous attirer, aux uns comme aux autres, quelques difficultés. Et même si nous sommes convaincus de la bonté de Dieu pour nous et de sa fidélité sans bornes, nous devons parfois, comme dit St Paul « prendre notre part de souffrance pour l’annonce de l’Evangile » (cf. 1 Tm, 8-10).

Prier pour la Chine

Ce mois-ci, le pape François nous demande de prier plus spécialement pour la Chine pour que l’Eglise y persévère dans la fidélité à l’Évangile et grandisse dans l’unité. Dans ce pays en effet, le président impose de nouvelles règles aux religions, ce qui entraîne une tension manifeste dans l’Eglise catholique, tiraillée entre sa mission pastorale et son obéissance aux lois de l’Etat chinois. Les autorités ont sommé les responsables religieux de réécrire les textes sacrés qui ne correspondraient pas aux exigences de la pensée du président. Non seulement les textes de la Bible mais aussi ceux du Coran, ainsi que les sutras bouddhistes. En août dernier, les autorités ont censuré les mots « Dieu », « Bible » et « Christ » des manuels destinés aux écoles primaires. Dans certaines régions, les funérailles chrétiennes ont été interdites. Les prêtres ne peuvent plus accompagner les familles en deuil chez elles.

Quelle persévérance faut-il à ces chrétiens de Chine pour tenir bon dans la foi ! Combien de chemins remplis d’embûches ont-ils parcouru depuis 70 ans !?  Même si de l’extérieur, elle peut sembler désunie par tant d’années d’oppression, l’Eglise en Chine est une Eglise de témoins qui ouvre une brèche au cœur de la société chinoise, dominée par le matérialisme et la corruption. Dans la faiblesse de sa condition, dans sa pauvreté, l’Eglise en Chine manifeste l’amour fidèle de Dieu pour son peuple. En témoignent ces 60.000 nouveaux baptisés chaque année dans l’Eglise catholique et ces 100.000 - certains disent plus de 300.000 - dans les différentes églises protestantes.

La logique de l'amour

L’amour fidèle de Dieu pour son peuple,  il se manifeste aussi à travers le témoignage de ces 4 sœurs de la charité de Mère Teresa, parties au Yémen soigner les handicapés et les lépreux, leur laver les pieds, dans un pays en guerre avec son cortège de familles déplacées, de vies fauchées. Il y a tout juste quatre ans, ces 4 religieuses ont reçu la visite de djihadistes à leur dispensaire et ont été « remerciées »… par la tête coupée. Triste fin, horrible fin ! Mais pour ces religieuses, dans un pays où la logique de la violence et de la vengeance prime toujours, elles ont mis en avant la logique de l’Amour, de l’Amour jusqu’au bout, jusqu’au bout du service qui se donne, sans retour.

Donner sa vie pour le Christ

L’agence Fides a publié en début d’année la liste des prêtres, religieuses, laïcs en mission assassinés au cours de l’année 2019. Ils sont 29 à avoir donné leur vie pour le Christ, en diverses circonstances, dans divers pays : 18 prêtres, 2 religieux, 2 religieuses, 1 diacre permanent et 6 laïcs. La plupart ont été tués en Afrique, en Amérique centrale ou en Amérique latine. Ils étaient dans ce pays au service des populations, dans des environnements dont ils connaissaient les risques. Ils sont pourtant restés, par fidélité Dieu, par fidélité envers ceux qu’ils servaient. L’AED va d’ailleurs leur rendre hommage prochainement, par plusieurs veillées de prière et de témoignages dans cinq villes de France.

L’amour plus fort que la mort

Mais dans ce martyrologe, il ne faut pas oublier les « simples fidèles du Christ », comme vous et moi, pères ou mères de familles, et même enfants, tués parce que chrétiens : ils ont été 2.983 en 2019, dont 1.350 rien qu’au Nigeria. 10 d’entre eux ont été exécutés bestialement le 26 décembre dernier, lendemain de Noël, jour de la St Etienne. Leur exécution a même été filmée à l’instar de celle des 21 chrétiens coptes en Libye, en février 2015.

Hommes, femmes, enfants, tous ces martyrs sont des témoins silencieux de l’amour plus fort que la mort. Ils nous poussent à vivre notre foi à notre tour avec plus de générosité, de courage et d’abandon.

Des chrétiens étrangers dans leur propre pays

Un exemple encore, en Irak, où les chrétiens, après tant d’années d’épreuves, réfugiés au Kurdistan irakien, peuvent commencer à revenir dans leurs villes et villages détruits de la plaine de Ninive. Le gouvernement irakien, confronté à de grosses difficultés économiques et sociales, et influencé par des groupes radicaux ne peut pas - ne veut pas - garantir leur sécurité. Des organismes d’aide, comme l’AED, aident les chrétiens à reconstruire leurs maisons, leurs écoles, leur églises, mais qu’en est-il de leur avenir dans ce Moyen-Orient plus qu’incertain ? Ils se sentent à nouveau étrangers dans leur propre pays. Faudra-t-il qu’ils quittent à nouveau leurs terres ? Déjà 5 à 6 familles par jour partent d’Irak pour trouver un avenir ailleurs. Cet avenir, provisoire, s’appelle la Jordanie, la Turquie ou le Liban voisins ; des pays déjà instables politiquement et économiquement, qui les accueillent. Là, ils attendent d’obtenir un visa pour l’Occident. Et que dire des 900 000 déplacés syriens qui cherchent refuge, coincés à la frontière turque, entre armées turques et syriennes… ?

Si la foi nous pousse à des « déplacements », des « dépassements », comme Abraham en son temps, comme ces migrants aujourd’hui, peut-elle nous aider à repousser les frontières de l’indifférence et du chacun pour soi ?

Aider l’Eglise en détresse !

L’Aide à l’Eglise en détresse peut nous y aider, en nous proposant de nous associer à son action au service des chrétiens pauvres, menacés ou persécutés.

Le service du pauvre - quel que soit le service, le mouvement, qu’elle que soit la mission - nous conduira toujours à une vraie fraternité, entre nous et avec ceux que nous servons.

Car sous les traits du pauvre, du persécuté, du réfugié c’est le Christ qui est là, présent pour nous, au milieu de nous. Il se manifeste à nous, non plus dans la gloire du Thabor, mais dans le rayonnement d’une authentique charité (d’une charité incarnée).

Quelqu’un me faisait la remarque, l’autre jour : « l’Aide à l’Eglise en détresse, n’est-ce pas un peu « fort » comme terme pour désigner votre Association ? » Et de renchérir en disant : « La détresse, c’est la souffrance moins le sens ». Je me disais en moi-même : Est-ce qu’une souffrance peut avoir du sens ? Est-ce qu’elle a du sens, la souffrance de cette mère qui pleure son enfant massacré en Ituri, à l’Est du Congo ?

L’AED n’a pas d’autre réponse que celle d’inviter les chrétiens à être des « Simon de Cyrène » pour leurs frères et soeurs qui portent leur croix, sur les Golgotha du monde contemporain.

Des réponses de notre foi

Elle nous invite pour cela à trois dispositions de l’esprit et du cœur, trois réponses de notre foi : 

  •  Etre attentif aux plus petits, aux plus souffrants, parmi eux les persécutés : « Celui qui donnera ne fut-ce qu’un verre d’eau à l’un de ces petits qui croit en moi ne perdra pas sa récompense », nous dit Jésus (Mt. 10,42). Quand nous nous approchons d’eux, notre soif se creuse et nous étanchons notre soif. L’attention aux chrétiens persécutés, puisqu’ils sont loin, s’appelle l’information. Et quand nous sommes informés, nous pouvons en parler à notre tour (notre Bulletin, EDM, le site de l’AED).
     
  •  Prier pour eux. Le pape François ne cesse de nous le rappeler : « Parlons à Jésus de tous ces frères et sœurs qui souffrent tant… ». Parler à Jésus, lui confier les chrétiens qui souffrent, lui confier aussi ceux qui les font souffrir : « Père pardonne-leur, ils ne savent pas ce qu’ils font » (cf. Lc 23,34). C’est notre mission sacerdotale de baptisés que de prier aux intentions du monde, de l’Église ... Nous le faisons chaque dimanche dans la prière universelle. Nous le faisons aussi dans nos groupes de prière ou en famille. (L’AED édite chaque mois des intentions de prière, des feuillets de prière gratuitement mis à notre disposition).
     
  •  Soutenir les communautés chrétiennes matériellement : elles sont pauvres en moyens matériels, mais riches de leur foi et de leur amour. Chaque année l’AED-internationale, grâce à votre aide, soutient environ 5.000 projets. Par exemple l’AED vient en aide aux chrétiens qui retournent dans leur pays en Irak, leur construit des logements, des écoles, leur fournit du matériel pour travailler. L’AED a aidé les avocats d’Asia Bibi, cette femme chrétienne pakistanaise que vous connaissez, libérée il y a un an après 9 ans passés en prison, sur une fausse accusation. L’AED continue d’aider les avocats et la Commission « Justice et Paix » au Pakistan pour ceux qui connaissent la même situation qu’elle. L’AED aide les religieuses dans de nombreux pays - 1 religieuse sur 60 est aidée par l’AED – ainsi qu’à la formation des prêtres dans les pays pauvres...

Pour conclure, et puisque je viens d’évoquer Asia Bibi, je laisse la parole à cette femme de courage et de foi, avec ces mots qu’elle a prononcés récemment, en visite à Paris : « Je sais à quel point la foi est un trésor qui fait vivre ».

Oui, notre foi nous fait vivre quand on la donne au Christ !

 

M. ZOBLER, membre de l'Aide à l'Église en Détresse AED

Voir le site de l'AED

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« Seigneur Jésus, comment bien prier quand le mal m’écrase et que je n’en peux plus… Toi qui as connu le plus profond de la souffrance, Toi qui es passé par là, aujourd’hui sois avec moi. Toi qui as fait face jusqu’au bout, aide-moi à tenir bon. Toi qui es vivant, viens prier en moi par Ton Esprit-Saint. Et pendant que je traverse l’épreuve, fais passer en moi le souffle de Ta résurrection ».

Asia Bibi