Compte-rendu de la rencontre œcuménique sur les 500 ans de la Réforme — 12. Paroisse Saint-Jean-Baptiste de Joigny

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Compte-rendu de la rencontre œcuménique sur les 500 ans de la Réforme

Le mardi 10 octobre 2017 a eu lieu, au Centre Sophie Barat à Joigny, une soirée commémorative des 500 ans de la Réforme, dont le thème était "Sous le signe de la fraternité".

Après un chaleureux repas partagé, dans les salles à manger du Centre Sophie Barat, le pasteur Jean-François Blancheton, de l’Église protestante unie de Sens, introduit la soirée :

De multiples visages de l’Église de Christ sont présents ce soir et c’est une joie ! L’enjeu oecuménique de cette rencontre est important car il nous remet devant cette réalité d’une Église Une dans la diversité. Une Église universelle qui a besoin de tous ses membres pour rendre compte de l’oeuvre de Dieu dans notre monde. C’est un fait, aucune de ces confessions ne peut prétendre être à elle seule propriétaire et représentante de l’Évangile. L’Esprit de Dieu, et c’est tant mieux, ignore les frontières dans lesquelles, au cours des siècles, des hommes ont voulu l’enfermer.
Dans l’élan du 500ème anniversaire de la Réformation, l’occasion nous est offerte de nous retrouver ensemble, fraternellement, autour de la parole de Dieu qui nous fait vivre et nous constitue en un seul peuple.
Luther n’est pas un « saint » mais l’un de ces multiples témoins qui ont cherché à remettre le message biblique dans la main des gens, dans nos mains.
En cherchant à mieux entrer dans son parcours, nous allons du même coup dans le nôtre et, si nous le voulons bien, redécouvrir la force de la grâce de celui qui nous reconnaît justes à ses yeux dans la Foi et par la Foi.


les intervenants

La pasteure Magali Carlier, de l’Église protestante unie d’Auxerre, intervient sur le thème « La Réforme de Luther ». Elle commence par se présenter :

  Je ne suis pas conférencière. Quant à mon appartenance à l’Église protestante unie : je ne suis, ni plutôt luthérienne, ni plutôt calviniste, je suis chrétienne?

Elle donne quelques dates marquantes dans le parcours de Luther.

  • 1483, naissance.
  • En 1505, il décide d’être moine chez les Augustins.
  • En 1512 poursuite de sesétudes de théologie, et il découvre que c’est Dieu qui sauve, non nos actes.
  • 1517, Luther propose ses 95 thèses, en particulier contre les indulgences, (les papes Jules II et Léon X ont alors besoin d’argent pour construire la basilique St Pierre de Rome).
  • En 1518, convoqué à Augsbourg, il doit rentrer dans le rang.
  • 1519, disputation de Leipzig, il met en doute l’infaillibilité des conciles.
  • 1521, convoqué à Worms par Charles Quint et La diète, il est mis au ban de l’empire.
  • En 1522, il traduit le Nouveau Testament.
  • 1525-1526, Luther est rendu responsable de la sédition lors de « la guerre des paysans » où il semble prendre partie pour les princes alors que les insurgés s’appuient sur un certain nombre d’articles de la Réforme ; le théologien utilisera l’argument de la séparation du spirituel et du temporel : (La théorie des deux royaumes).
  • En 1534, il traduit la Bible pour la mettre dans les mains de tous les gens, afin que tous entrent en relation avec Dieu ; il utilise aussi la musique (nombreux chorals pour vivifier la piété).
  • En 1543 , après avoir longtemps cru que les juifs se laisseraient convaincre par sa théologie, il écrit : « Des juifs et leurs mensonges », ses propos sont alors d’une violence inouïe.
  • En 1545, Luther profère des propos contre la papauté.
  • En 1546, il meurt à Eisleben, sa ville natale. Pour Luther, 4 soli : la Parole est centrale (sola scriptura) ; la grâce de Dieu (sola gratia) ; la foi (sola fides) ; à Dieu seul la gloire (sola Dei gloria).


Le père Sharoubim, copte orthodoxe au monastère de Ronchère, invite à la prière du Notre Père.

Le père Radu, aumônier, au monastère orthodoxe de Bussy en Othe, témoigne :

Avec l’aide de Marie-Jeanne, le père Radu retrace la quête spirituelle et le parcours "Du protestantisme à l’orthodoxie" du père John Breck, prêtre orthodoxe américain. Sont soulignées, chemin faisant, quelques différences d’approche et de sensibilités spirituelles entre le protestantisme du milieu d’origine et du cursus académique du père John, point de départ de sa quête, et sa découverte de la spiritualité orthodoxe au sein de laquelle son âme va élire domicile. Le point tournant de ce cheminement vers ce que le père John décrit comme une plus profonde communion avec le Christ sera son immersion liturgique au coeur des offices orthodoxes de la Semaine de la Passion auxquels il assiste dans l’église de l’Institut Saint-Serge à Paris. C'est là qu'il dépasse une théologie qui lui paraissait par trop intellectuelle et fait une expérience plus immédiate du mystère, expérience participative bouleversante qui sollicite son être tout entier et qu'il décrit par des formules telles que : "Évangile proclamé en images et en hymne", "théologie en couleurs", "chant du sacré", "fête de la sainteté", "portail vers l’Eternité".


Le père Christophe Champenois, délégué épiscopal pour l’unité des chrétiens, est intervenu sur le thème : « Luther, aujourd’hui, peut-il nous apprendre quelque chose, à nous, les catholiques ? »

Au 16ème siècle, Luther était considéré comme un dépravé, un apostat, un hérétique. Il était stigmatisé par les catholiques. Au début du 20ème siècle, dans les années 30, le regard des catholiques sur Luther, en Allemagne, évolue. Des avis mitigés sont émis, reconnaissant que Luther a dit quelques vérités. En 1954, Louis Bouyer, dans « Du protestantisme à l’Église », trouve des points positifs chez Luther - la justification - la religion personnelle - l’importance des Écritures.
Le concile Vatican II (1962-1965) permet une ouverture des catholiques vers les protestants (dont les luthériens) avec notamment le décret sur l’oecuménisme (Unitatis redintegratio, 1964) parlant d’estime mutuelle. 1995-98, accord sur la justification par la foi, avec deux façons de voir. Cette année, en Suède, le pape François parle de l’expérience de Luther qui a trouvé un Dieu miséricordieux.


Le pasteur Vincent Le Pennec, de l’Église évangélique Bethesda, de Joigny, se dit « Petit-fils de Luther ». Comme Luther, il était torturé intérieurement par la justice de Dieu, la conviction d'être pécheur, et aucun moyen en lui ou ailleurs de vivre la réconciliation avec Dieu. C'est par la lecture de la Bible que la grâce de Dieu prend alors son vrai sens : Jésus a pris sur lui la condamnation, l'homme est pardonné s'il se saisit de ce don gratuit. Maintenant, libre de la culpabilité, il dit son dialogue avec Dieu : « Papa... ». Avec Jésus, on peut établir une relation simple et vraie.


La pasteure Ilena Hatton, de l’Eglise baptiste de Sens, ouvre le débat, puis suivent quelques réflexions, en particulier par le père François Tricard, prêtre catholique en retraite à Sens, Jean-François Blancheton, pasteur, et quelques autres personnes.

La soirée se termine par la prière de merci pour cette rencontre, animée par soeur Véronique Thibaut, religieuse du Sacré-Coeur : chant de louange, lecture de Paul, Colossiens 1, 12-13, prière de Luther et prière du Notre Père.


Auteurs du compte-rendu :
pour le mouvement œcuménique, Jacqueline et Denis