Mese du 11 novembre 2018 : homélie — 12. Paroisse Saint-Jean-Baptiste de Joigny

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Mese du 11 novembre 2018 : homélie

Retrouvez l'homélie prononcée par le père Michel N'Tela lors de la messe pour la paix, le dimanche 11 novembre 2018, en présence des maires de Joigny et Mayen

Chers frères et sœurs ;

Au début de l'eucharistie, je relevais que, en tant qu'humains et chrétiens, nous avons le devoir de la réconciliation. Les jumelages entre les communes de différents pays en Europe sont l'expression de cette volonté, de ce souci de réconciliation et de rapprochement des peuples qui se sont réciproquement fait du mal. Toutefois, au-delà du simple souci de réparer le passé, c'est l'expression de la prise de conscience que nous sommes tous frères et sœurs.  C'est l'occasion pour nous aujourd'hui de rendre hommage à toutes les personnes qui ont œuvré pour la réconciliation et y œuvrent encore aujourd'hui, plus précisément à ceux et celles qui ont initié l'aventure du jumelage et qui l'entretiennent encore. Une noble aventure qu'il faut transmettre aux générations futures.  Personnellement, c'est par ce biais que je suis venu d'Allemagne en France. J'aurai l’occasion de dire un mot là-dessus à la fin de la messe.

À vous, chers frères et sœurs allemands, c'est avec beaucoup de joie et plein de souvenirs que je célèbre cette messe en « mon mauvais allemand ». En effet, l'Allemagne est le premier pays qui m'a accueilli en Europe. J'en garde de très bons souvenirs. Mes premières messes en Europe, je les célébrées en « mauvais allemand ». Il ne s’est pas amélioré parce que, depuis que j’ai quitté l'Allemagne, je ne m'y applique pas assez. Et là-dessus, je compte sur votre compréhension.

Dans les textes de la Parole de Dieu que nous venons d'entendre, Jésus nous déconseille un comportement, tout en nous recommandant un exemple à suivre.

Le premier comportement à éviter est celui des Scribes. Tout dans leur vie est faux. Tout est apparence. Tout ce qu'ils font, c'est pour attirer le regard des gens, le regard des humains. Nous avons entendu la description que Jésus en a faite. S'ils trompent les humains, ils ne peuvent mentir à Dieu, parce que Dieu voit même ce qui est caché.

L'orgueil, la recherche effrénée de la gloire, des honneurs, du pouvoir...vouloir à tout prix occuper la première place peuvent être préjudiciables. Le fait de nous croire en tant qu'individu, famille, groupe, peuple ou nation..., comme les scribes, plus forts, plus importants, plus puissants que l'autre ou que les autres, a conduit des individus, des peuples et des nations entières à se battre. La première et la deuxième guerre mondiales, et presque toutes les guerres, ont été provoquées par l'absurdité de ce genre de sentiment ou en sont l'expression.

Le deuxième comportement à éviter est celui des riches qui donnent du superflu, ce dont ils n'ont plus besoin. Ils mentent eux aussi aux humains en faisant croire qu’ils donnent beaucoup, mais le Seigneur qui voit même ce qui est caché sait que ce que leur geste n'a pas de valeur. En effet, ils donnent ce qui n'a sa place qu'à la poubelle. Tout n'est qu'apparence. En fait, en ne donnant que du superflu, on ne se sacrifie pas du tout. Ce que le Seigneur condamne, ce n'est pas le fait qu'ils aient donné beaucoup, mais le fait que ce qu'ils donnent n'est rien par rapport à ce qu'ils gardent pour eux : leur offrande est de mauvaise qualité tout simplement parce qu’ils se glorifient eux-mêmes. C'est une offrande indigne, comme celle de Caïn. Le Seigneur n'a pas besoin de notre faux et mauvais sacrifice, comme il n'a pas non plus besoin de notre fausse et mauvaise offrande. Lorsque lui nous donne, il ne nous donne pas ce qui est mauvais, mais ce qui est bon. Il a donné pour le salut de l'humanité son propre Fils, son Fils unique. Jésus, le Fils, a versé, en sacrifice, son propre précieux sang et non pas le sang des autres ou celui des animaux, avons-nous entendu dans la deuxième lecture. Voilà le sacrifice du Christ pour le monde.

Par ailleurs, le Seigneur nous conseille l'attitude de la veuve. Cette veuve, nous la trouvons aussi bien dans la première lecture que dans l'Évangile. Le point commun des deux, c'est qu'elles sont pauvres et vraies. Elles se présentent humblement telles qu'elles sont.  Celle de l'Évangile donne deux pièces, c’est-à-dire tout ce qu'elle avait pour vivre. En les offrant, elle se sacrifie. Ce que le Seigneur loue en elle, ce n'est pas le fait qu'elle ait donné peu - parce que donner peu n'est pas nécessairement synonyme d'une offrande de qualité supérieure ou donner beaucoup synonyme d'une offrande de qualité inférieure - c'est qu'en donnant tout ce qu'elle possédait, elle s'est elle-même sacrifiée.  C'est tout le contraire du riche. Lorsque nous donnons du superflu, nous ne nous sacrifions pas. Ce n'est pas un sacrifice. Nous nous débarrassons plutôt de ce dont nous n'avons pas besoin, de ce qui peut-être nous encombre. Le Seigneur n'est pas un débarras.

Sans doute, la veuve de la première lecture illustre bien ce fait que lorsque nous partageons le peu que nous avons avec nos frères et sœurs humains qui sont dans le besoin, c'est aussi au Seigneur que nous donnons. En contrepartie, le Seigneur s'occupe du reste.  Cette veuve et son fils étaient condamnés à mourir. Le sacrifice qu'elle consent en partageant le peu qu'elle avait, les sauve de leur inexorable destin. Leur lendemain garanti, elle et son fils n'ont plus de soucis à se faire. Le Seigneur s'occupe d'eux.

N'ayons donc pas peur de donner au Seigneur le meilleur de ce que nous sommes, de ce que nous pouvons et de ce que nous avons, si peu que ce soit, et faisons-lui confiance.

Père Michel