Dans notre prière — Diocèse de Sens & Auxerre

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Dans notre prière

abbé Édouard Brzostowski

Monsieur l’Abbé Édouard BRZOSTOWSKI est décédé à Brienon-sur-Armançon, le 23 avril 2021,
à l’âge de 88 ans, dans la 66ème année de son ministère presbytéral.

La messe de funérailles a été célébrée le mercredi 28 avril, en l’église de Brienon-sur-
Armançon
, suivie de l’inhumation au cimetière de Sens.

Chaque prêtre est invité à célébrer le sacrifice de la messe à son intention dans les jours qui viennent.

Parcours

  • Ordonné prêtre à Sens, le 29 juin 1955 ;
  • En formation au Prado, à Lyon, 1955-1956 ;
  • Vicaire à Chablis, 1956-1957 ;
  • Vicaire à Saint-Pierre d’Auxerre, 1957-1960 ;
  • En mission d’études à l’Université grégorienne, à Rome, 1960-1962 ;
  • En mission d’études pour apprendre la langue japonaise, 1963-1965 ;
  • Vicaire à Otsu (Japon), 1965-1967 ;
  • Vicaire à Hama-Matsu (Japon), 1967-1970 ;
  • Curé à Asada (Japon), 1971-2013.


"J’en suis persuadé, celui qui a commencé en vous un si beau travail le continuera jusqu’à son achèvement au jour où viendra le Christ Jésus. (…) En effet, pour moi, vivre c’est le Christ, et mourir est un avantage."
(Ph 1,6 et 20)
 

Homélie du père Jean Max Gailledrat

C'était en mai 1960, Édouard, alors vicaire à l'égise Saint-Pierre d'Auxerre, rentrait d'une retraite des enfants de la Profession de foi. Dans le car qui les ramenait à Auxerre, il leur annonçait qu'il avait demandé de partir au Japon et allait faire ses adieux à la paroisse. C'était, disait-il un désir qu'il avait depuis plusieurs années et il venait d'avoir la réponse de l'Archevêque, le P. Lamy lui donnant carte blanche. Nous étions à quelques années de l'Encyclique « Fidei Donum », par laquelle le pape Pie XII encourageait les évêques à laisser partir les prêtres qui le désiraient à apporter leur concours à l'évangélisation de jeunes chrétientés à travers le monde. Beaucoup d'évêques étaient réticents à voir partir des prêtres souvent parmi les plus dynamiques.

Édouard avait fait ses études secondaires entre 45 et 49 dans une école tenue par des frères Pallotins à Chevilly dans le Loiret, qui regroupait spécialement des enfants d'émigrés polonais, ce qui lui permit de parler couramment sa lange maternelle. Au grand séminaire de Sens, il se révélait studieux, avec un grand désir de perfection, mais son sérieux le coupait quelquefois des autres qui aimaient les plaisanteries comme savent les faire des séminaristes. Très vite il manifeste son désir de rejoindre le Prado, société de prêtres orientée vers les plus pauvres. Il forme une équipe avec quelques prêtres et séminaristes déjà pradosiens, et au lendemain de son ordination, il fera à Limonest près de Lyon son année de noviciat.

C'était donc son rêve qui se réalisait. Mais il lui fallait faire auparavant 2 années d'études théologiques à Rome (à la Grégorienne). Il partait au Japon où il retrouvait une équipe du Prado. Arrivé là-bas, il dut apprendre le japonais, mais avec sa facilité pour les langues, Il continua en même temps ses études de théologie qui le menèrent 2 ans après au doctorat en 64. Néanmoins Il continua son parcours d'étude du japonais jusqu'à la licence de lettres japonaises en 70.

Sans se laisser éblouir par ses succès universitaires, il sut rester fidèle à sa vocation auprès des plus pauvres. Nommé avec d'autres prêtres français, dans une paroisse où se retrouvaient une centaine de nationalités et des japonais plus ou moins récemment convertis, il fut très vite marqué par la situation des jeunes travailleurs. Il se consacra très tôt aux jeunes de la JOC – mouvement dont il avait été aumônier à l'église Saint-Pierre d'Auxerre. Ces jeunes rencontraient là un lieu où ils pouvaient exprimer leurs difficultés dans des entreprises où le seul souci était la rentabilité. Combien d'exemples effarants ne nous a-t-il pas donnés durant ses retours en France ! Les entreprises de confection où les couturières ne devaient plus bouger une fois installées parce qu'il fallait faire tenir un maximum de machines dans l'atelier, c'était la règle.

Il favorisa les rencontres entre les différentes équipes dispersées dans tout le Japon, puis au long des années, il fut nommé aumônier inter-régional pour tout le sud-est Asiatique. Cette fonction l'amena à voyager dans ce monde peu familier pour un européen, à connaître différentes cultures. Il maitrisait très bien l'Anglais, ce qui lui ouvrait de nombreuses portes. Il fut même appelé à être traducteur à partir de 74 aux assemblées générales du Mouvement Mondial des Travailleurs Chrétiens qui se tinrent aux quatre coins du monde : de Rome à Strasbourg en passant par Alicante et Sao Paolo en 2000. Il fut même tout naturellement l'interprète du Pape polonais Jean Paul II lors de son voyage au Japon en février 81.

Alors qu'il était d'un naturel assez discret, il savait défendre les causes qui lui paraissaient justes avec acharnement. C'est ainsi qu'il s'engagea en faveur des immigrés coréens qui avaient été déplacés durant la guerre avec le Japon et qui étaient en fait réduits à un véritable esclavage, spécialement les femmes réquisitionnées pour consoler les guerriers japonais. Ces associations sont toujours très actives, une émission récentes à la TV nous disait que ce problème n'est toujours pas réglé. Atteint de bronchite chronique, il fut reconnu victime de la pollution et s'engagea dans une association qui manifeste pour que les autorités prennent vraiment en charge les causes et les conséquences de ces situations inadmissibles. Là où étaient les pauvres et les victimes, là était le lieu de ses engagements.

C'était presque tous les ans qu'il venait voir sa famille et quelques-uns de ses amis de l'Yonne et de France. Très souvent ceux-ci organisaient des rencontres où Édouard parlait de son ministère au Japon. Certains lui reprochaient son action un peu trop engagée, un peu trop « politique » selon eux. Mais Edouard leur démontrait imperturbablement qu'il suivait tout simplement l'Évangile, et, qui que nous soyons, il nous remettait en cause, nous les chrétiens installés dans notre confort et nos sécurités.

Il nous manque ici le témoignage de ses confrères de cours qu'il avait invité au Japon, il y a une quinzaine d'années, pour leur cinquante de ministère et qui nous ont quittés il y a peu : Paul Maubert, Jacques Duban, Raymond Chesnel. Édouard a su leur faire découvrir tout ce qui peut paraître original pour un européen. Et, dans tous ces domaines, il semblait parfaitement adapté. Sa longue expérience du pays faisait de lui un guide compétent. Ils nous ont témoigné, au retour, de leur émerveillement à travers toutes ces visites. Il avait su choisir tout ce qui pouvait provoquer chez eux étonnement et admiration. 

À travers toutes ses activités, Édouard trouvait encore le temps d'écrire. Il publia entre autres 2 livres : « Prier, un nouveau défi japonais » et « Évangéliser au Japon ». Mais il traduisit de nombreuses publications et articles de japonais en français ou en anglais et inversement. Si vous voulez avoir une idée de son travail acharné, allez voir sur Internet.

Ceux qui n'ont connu Édouard qu'à son retour en France et surtout depuis l'enfermement psychologique dans lequel il se trouvait à Brienon, ne peuvent croire qu'il s'agit du même homme que celui que je viens de décrire. Un homme qui s'éteint et c'est tout une partie d'histoire qui disparaît avec lui. Sa propre histoire nous invite à la disponibilité que demandait le Seigneur à Pierre : « Amen, amen, je te le dis : quand tu étais jeune, tu mettais ta ceinture toi-même pour aller là où tu voulais ; quand tu seras vieux, tu étendras les mains, et c’est un autre qui te mettra ta ceinture, pour t’emmener là où tu ne voudrais pas aller .» Chacun de nous pourra être conduit un jour à une telle disponibilité. Mais Jésus  avait d'abord posé la question par 3 fois  : « Simon fils de Jean m'aimes-tu ? »

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