Dans notre prière — Diocèse de Sens & Auxerre

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Dans notre prière

M. le Chanoine Jean-Yves Morel

Monsieur le Chanoine Jean-Yves MOREL, doyen du Chapitre cathédral, est décédé  à Sens, le 2 avril 2021, à l’âge de 83 ans, dans la 57ème année de son ministère presbytéral.

La messe de funérailles a été célébrée le jeudi 8 avril 2021 à 15h, en la cathédrale Saint-Etienne de Sens, suivie de l’inhumation dans le caveau des Chanoines.

Parcours

  • Ordonné prêtre à Sens, le 19 décembre 1964 ;
  • Etudiant au Séminaire pontifical français de Rome, 1965 ;
  • Vicaire à Sens, 1965-1971 ;
  • Vicaire à Tonnerre, 1971-1977 ;
  • Aumônier de la Militia Christi, à partir de 1977 ;
  • Vicaire à Saint-Eusèbe d’Auxerre, 1977-1983 ;
  • Curé d’Avallon, 1983-1991 ;
  • Curé de Paron et Saint-Maurice de Sens, 1991-1999 ;
  • Doyen de Sens-urbain, 1994-1999 ;
  • Curé de Joigny, de 1999-2005 ;
  • Curé de Tonnerre et doyen du Tonnerrois, 2005-2012 ;
  • Membre du Chapitre cathédral depuis 2008, et doyen du Chapitre cathédral depuis 2012 ;
  • Auxiliaire pour le doyenné de Sens, depuis 2012 ;
  • Aumônier diocésain de l’Association Lourdes Cancer Espérance, depuis 2017.
  • Chevalier de l’Ordre national du Mérite
  • Croix du Combattant
     

Hommage de M. l'abbé Daniel Rousseau

"En ce jeudi 8 avril, dans l'Octave de Pâques, le chanoine Morel - qui aimait qu'on lui dise plus simplement "Père Jean-Yves" - nous réunit dans le souvenir, l'amitié et la prière.
C'est en tant qu'ami de Jean-Yves que j'ai été sollicité pour dire quelques mots de lui, et les partager avec vous cet après-midi.

En lisant le faire-part nous invitant à venir dans cette cathédrale, au service de laquelle il était doyen du Chapitre, on est frappé par la densité de cette vie pastorale qu'il a exercée à travers le diocèse.

Mais il faut d'abord évoquer ici le fait que Jean-Yves est un Sénonais pure souche. Il est né et habitait dans une maison située dans une rue qui porte le nom de son grand-père - Auguste Morel. Petit enfant et adolescent, il a fait toutes ses études à Sens, à l'ombre de la grande entreprise tenue par son père. Aspirant à devenir prêtre, son père lui a conseillé de poursuivre des études. Ainsi est-il allé ensuite à Paris étudier au célèbre Lycée Henri IV, a fait cagne, puis du droit à la non moins célèbre Faculté d'Assas.
Au terme de ses années universitaires, Monseigneur Lamy, son Archevêque, l'envoie à Rome pour se préparer au sacerdoce et acquérir une licence canonique. Il sera présent à Rome pendant que se déroule le Concile Vatican II, et il va acquérir pour toujours le sens de l'universalité de l'Église et du rôle du Pape, évêque de Rome à la tête de l'Église. Il va également tisser de solides amitiés qui l'accompagneront toute sa vie.
Le 19 décembre 1964, Monseigneur Stourm, nouvel Archevêque de Sens, va ordonner prêtre Jean-Yves à l'église Saint-Pregts de Sens, église de son baptême et de sa première communion.

Plutôt que d'énumérer ce que Jean-Yves a fait dans chacun des postes dont on lui a confié la mission, je vais essayer de dégager quelques points saillants de cette si belle vie d'apôtre dont il a témoigné.

Il faut d'abord évoquer ici ce qui était la clef de voûte de toute son existence d'homme et de prêtre, à savoir sa vie spirituelle et intellectuelle.
À Rome, il a appris la fidélité à la prière. Ainsi pouvait-on le voir dans les différentes villes où il a exercé, faire le tour des remparts ou des parcs, le chapelet à la main. Ou encore assis dans sa voiture, priant son bréviaire en attendant l'heure d'un rendez-vous. De même, on pouvait aussi le voir faire oraison devant le Saint-Sacrement. Mais de tout cela, il ne parlait jamais. C'était comme son secret intime avec Dieu, avec Marie et avec les saints qu'il aimait prier. Dans cette dimension spirituelle, il faut dire la joie qu'il éprouvait à célébrer de belles liturgies - que ce soit la messe ou d'autres célébrations. Quand il en était responsable, il y mettait tous ses dons et son talent. Tout comme il souffrait des liturgies non préparées ou bâclées.
Homme de culture, avec une envergure intellectuelle, il aimait les expositions, le théâtre, les concerts... et tout cela rejaillissait dans ses propos.

Dans son comportement général, tout le monde a reconnu combien il était avenant avec chacun, combien il se mettait à la portée de tous, et s'arrangeait pour que tout le monde soit satisfait. À la sortie de la messe, sur le parvis de l'église, il prenait le temps de saluer chacun, chacune, en étant extrêmement attentif à chaque paroissien, et demandant des nouvelles des uns et des autres.
Ses prédications étaient toujours simples et faisaient appel à un sujet d'actualité qu'il savait relier au message évangélique. Tout à fait concret et réaliste, il était toujours en connexion avec la réalité politique gouvernementale et sociétale, et n'avait pas peur de dire ce qu'il pensait avec un ton caustique qui donnait à penser. Avec lui, il n'y avait pas de langue de bois.
Aimant la convivialité, cultivant un climat d'amité avec les personnes, Jean-Yves avait horreur des tensions, des conflits, car cela ne venait pas de Dieu. Alors il s'arrangeait pour se situer au-dessus de la mêlée, dans le but de voir les choses s'apaiser et trouver avec un peu de distance une nouvelle voie pour sortir de l'impasse. Mais attention ! Jean-Yves savait ce qu'il voulait et, en même temps, on ne lui faisait pas faire ce qu'il ne voulait pas. Il n'était pas manipulable. D'ailleurs, il lui fallait du doigté pour diriger certaines paroisses dans lesquelles s'imposaient de fortes personnalités, qui étaient de sensibilités différentes. Ainsi, à Joigny, il a su laisser faire une célébration œucuménique le Vendredi Saint, en assurant lui-même la célébration de la Passion et de la Croix à Cézy.

Il me reste encore à dire à quel point Jean-Yves a été marqué par la guerre d'Algérie. Marqué par les combattants dont il a été lui aussi. Marqué par la population elle-même. Attaché à l'Église d'Algérie et marqué par le courage du Cardinal Duval, archevêque d'Alger. Retourné plusieurs fois en Algérie, il en revenait toujours plus soucieux de travailler à la réconciliation entre les populations maghrébines et européennes. Nous savons sa joie lors de la béatification des martyrs d'Algérie, dont Monseigneur Claverie, évêque d'Oran, et les moines de Tibhirine. L'attachement aux harkis, aux combattants d'Algérie, l'a poussé à faire partie de la FNACA, et à vivre les voyages, les rencontres organisées dans ce cadre. Bien qu'association purement laïque, les amis de la FNACA ne disent-ils pas "notre aumônier" en parlant de Jean-Yves ?

Qu'il me soit permis, pour conclure, d'évoquer ce qui fut pour lui la joie et le bonheur de ces dernières années de ministère, à savoir Lourdes Cancer Espérance. Ce groupe géré par des personnes malades du cancer, au service duquel il s'était mis, lui faisait dire : "Ah ! Je suis bien là !"

Jean-Yves, mon ami et mon frère, pardonne-moi de n'avoir pas tout dit de l'héritage d'humanité et spirituel que tu nous laisses. Comment tout évoquer quand on a fidèlement labouré avec amour le champ du Seigneur pendant 57 années...!

Je ne voudrais cependant pas terminer sans dire de quel sens de la vie sociale tu as su faire preuve. En effet, tu as tenu à être présent au maximum dans les activités ou manifestations organisées au niveau de la ville de Sens. Tu as montré par là que par ta présence fraternelle et citoyenne, l'Église n'est pas indifférente à ce qui se fait au service du bien commun, mais au contraire bien partie prenante."

"Mes bien-aimés, aimons-nous les uns les autres, puisque l'amour vient de Dieu",
alors "réjouissez-vous, soyez dans l'allégresse car votre récompense est grande dans les cieux."

M. l'abbé Daniel Rousseau
prêtre auxiliaire

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