Dans notre prière

Monsieur l’Abbé Sigismond BRZOSTOWSKI est décédé à Sens le 10 mars 2021, à l’âge de 90 ans, dans la 68^ème année de son ministère presbytéral.

La messe de funérailles a été célébrée le 16 mars 2021 à 10h, en l’église de Cerisiers, suivie de l’inhumation au cimetière de Sens.

Parcours

• Ordonné prêtre à Sens, le 29 juin 1953 ;
• Vicaire à Villeneuve-sur-Yonne, de 1953 à 1958 ;
• Curé de Cruzy-le-Châtel, de 1958 à 1966 ;
• Vicaire-coopérateur d’Ancy-le-Franc et secteur, résidant à Lézinnes, de 1966 à 1970 ;
• Vicaire pour la zone urbaine de Sens, à Saint-Savinien, de 1970 à 1975 ;
• Curé de Ligny-le-Châtel, de 1976 à 1995 ;
• Curé de Saint-Florentin, de 1995 à 2003 ;
• Curé de l’ensemble paroissial d’Ancy-le-Franc, de 2003 à 2010 ;
• Prêtre auxiliaire pour le Sénonais, depuis 2010.

« Mon âme attend le Seigneur plus qu’un veilleur ne guette l’aurore. »
(Ps. 129, office des complies du 10 mars 2021)

Chaque prêtre est invité à célébrer le sacrifice de la messe à son intention dans les jours qui viennent.

Hommage du CCFD de l'Yonne (16 mars 2021)

Toute l'équipe du CCFD-Terre Solidaire souhaite dire un immense MERCI à notre ami Sigismond.

Il a marqué de son empreinte le développement du CCFD dès la réinstallation d'une équipe CCFD dans l'Yonne en 1985.

Il ne manquait pas de venir à nos assemblées, avec sa discrétion, son humour, son humilité. Son engagement avec nous, l'a conduit à participer à un voyage d'immersion au Maroc, en 1997.

Sigismond a mis ses grandes capacités intellectuelles, son intelligence du cœur au service de tous.  

Dans chacune des paroisses où il a été curé il a eu à cœur d’inviter les chrétiens à participer aux campagnes de carême en faveur du développement des populations les plus pauvres.

Jusqu'à ces derniers temps, même âgé, avec une bonne maîtrise d’Internet  il nous a partagé ses réflexions, ses ressources, ses idées, ses méditations.

Son engagement également à d’autres organismes comme Pax Christi et Amnesty International montrait toute la cohérence de sa vie : la lutte pour la paix et la justice sociale au nom de la dignité humaine, dignité humaine, la même pour tous les êtres humains, voulue par notre Créateur et moteur de notre action.

MERCI Sigismond, au nom du CCFD-Terre Solidaire, MERCI !

Homélie prononcée lors des obsèques

par le père Jean-Max Gailledrat

Sigismond a été le prêtre avec lequel j'ai vécu mes premières années de ministère. Il a terminé sa vie dans le presbytère où j'ai terminé mon ministère de curé. C'est la raison pour laquelle j'ai accepté d'intervenir dans sa célébration d'adieu. Je me contenterai simplement de quelques flashes concernant les 7 années que j'ai passées avec lui.

En septembre 1958, nous arrivions tous les deux à Cruzy-le-Châtel, village d'un peu moins de 500 habitants. Il avait déjà passé cinq années à Villeneuve-sur-Yonne, moi nouvellement ordonné. Il était mon doyen, j'étais son vicaire. Nous avions la charge de neuf petits villages sur le plateau du Tonnerrois. Cette première année, nous avions chacun une moto. Je me souviens du déplacement pour des obsèques à Thorey à plus de 16 kms. Il avait bien neigé. Nous nous sommes retrouvés chacun trois fois dans le fossé. Les familles ont très bien compris notre retard de 10 minutes.

Nous habitions tous les deux dans le presbytère de Cruzy. Le confort était celui de l'époque. Le chauffage dans des poêles à bois fabriqués par des confrères qui nous avaient précédés pendant les années de guerre. Sigismond n'allumait pas souvent son poêle. Il prétendait ne pas souffrir du froid grâce à son atavisme polonais.

En effet ses parents étaient arrivés de Pologne en France pour travailler dans les fermes de la forêt d'Othe, ils avaient connu une vie rude. Comme beaucoup de migrants polonais de l'époque, il vécut un peu avec sa famille la misère et l'exclusion que rencontrent les migrants aujourd'hui. Pendant toute sa vie, il eut le souci de sa famille restée en Pologne: des tantes, des cousins. S'il vécut si pauvrement, c'était par souci de partager une grande partie de l'argent qu'il touchait avec sa famille polonaise. Pardonne-moi Sigismond cette indiscrétion, mais il fallait que ce soit dit. Ce n'est qu'assez récemment que je l'ai compris.

Ce souci du partage l'amena à vivre une véritable pauvreté évangélique tout au long de sa vie. Il avait entendu l'appel du Seigneur à ses disciples : "de ne rien prendre pour la route, mais seulement un bâton : pas de pain, pas de sac, pas de pièces de monnaie". L'important pour lui n'était pas le confort, ni le pouvoir, mais de révéler l'amour qui le faisait vivre.

Les seules dépenses importantes qu'il se permit, ce fut d'aller voir son frère au Japon. Édouard y partit quelques années après son ordination et devait y rester près de 50 ans. Il reviendra en France pour sa retraite et il est actuellement à la maison de Brienon, frappé d'Alzheimer. C'était toujours un gros souci pour Sigismond ces dernières années, il allait le voir plusieurs fois par semaine. Pour ce qui est du reste de la famille, il avait un frère plus jeune, Jean Pierre, décédé depuis plusieurs années, ainsi qu'une sœur, Thérèse, habitant le sud-ouest. Son état de santé ne lui a pas permis de venir aujourd'hui, mais elle est en communion avec nous.

En arrivant dans le Tonnerrois, nous entrions dans une équipe de prêtres, répartis dans quatre presbytères différents, qui organisaient la pastorale du secteur de Tanlay - Ancy-le-Franc - Annay-sur-Serein. Tous les 15 jours, nous nous retrouvions pour une journée de réflexion et d'organisation de la pastorale. C'était dans les années du concile et nous en avons vécu ensemble le déroulement des quatre années de 62 à 65. Nous avons participé ensemble à tout le renouveau de la liturgie, de la pastorale, dans l'enthousiasme, avec un sentiment de libération de nombre de règles qui nous étaient imposées et qui n'avaient plus de sens. Nous pouvions célébrer en français et concélébrer. La messe devenait le rassemblement où tous les chrétiens pouvaient prendre une place active. Nous rencontrions déjà nombre de personnes, de couples dans des équipes de réflexion, d'Action Catholique, bibliques, liturgiques. Sigismond fut le premier à s'acheter un magnétophone : il s'en servait pour écouter des conférences et les partager avec des paroissiens. Annoncer la parole de Dieu, là était son vrai trésor. Il avait une part active dans la formation que l'on organisait avec les laïcs. Nous avions des rencontres de tout le secteur, nous envisagions déjà la création de Conseil paroissiaux.

Quelques souvenirs du Père Sigismond

Paroissiens de Ligny le Chatel

Il accompagnait différents mouvement : CMR – MCR- ATD Quart monde….
Il nous a fait découvrir ce qu’était le tiers-monde , le commerce équitable. Comment certaines cultures intensives en Amérique du Sud, nuisaient aux cultures vivrières, plus particulièrement le soja.
Il avait une bonne connaissance des gens du secteur et était apprécié :

• Conduite du car de transport scolaire, quelque fois un peu « scabreuse ».
• Pèlerinage à Lourdes où il amusait avec ses blagues mais était attentif à chacun,
• Engagement vis-à-vis de l’alcoolisme et sa participation à Vie Libre.

C’était le début de l’implication des parents dans la catéchèse, sans doute faute d’autres solutions, la participation active des enfants dans les messes familiales. Il s’entendait bien avec Sœur Marie du Sacré Cœur pour l’animation CCFD et aussi pour la liturgie.
Il avait un certain mépris pour les papiers et pour son confort personnel, peu de chauffage au presbytère, par exemple.

Paroissiens de Cruzy-le-Châtel

Sigismond.
Il aimait se retrouver à la table de ses paroissiens et apportait toujours son humour. Comme tous ses confrères de l’époque, il nous a préparé à assumer des responsabilités paroissiales pour compenser le manque de prêtres qui commençait à se faire sentir.
Il était très courageux bravant le froid pour rejoindre les villages environnants.
Merci Sigismond pour tout ce que tu nous as transmis et pour ce que nous avons partagé avec toi pendant les 8 ans de ta présence parmi nous.