L'orgue et la liturgie — 16. Paroisse Saint-Germain d'Auxerre

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Paroisse Saint-Germain d'Auxerre

L'orgue et la liturgie

Ecouter des œuvres liturgiques jouées le dimanche est une chose. Mais les comprendre peut intéresser beaucoup d'entre-nous...

Cette musique d’orgue que nous entendons à la messe...
D’où vient-elle ?
Que signifie-t-elle ? Comment est-elle choisie ?

 

 

 

 

 

 

 

Autant de questions qui sont posées de temps à autre aux organistes et auxquelles il me sera un plaisir de répondre. Sans doute quelques fidèles auront remarqué la diversité de caractères, de couleurs, de styles de ce qui est joué tout au long des 66 offices de l’année liturgique. Cela est rendu possible quand on a la chance, comme à la cathédrale d’Auxerre, de disposer d’un grand instrument aux timbres très diversifiés. Instrument qui permet d’interpréter un répertoire très étendu. En tant qu’organiste, et si on en a le gout, c’est une grande joie que celle de faire vivre et partager des œuvres primitives, classiques, romantiques ou contemporaines sans apriori.

Les quelques considérations qui suivent ne sont qu’un survol du vaste sujet qui nous intéresse.

Le premier témoignage d’une musique de clavier et en particulier d’orgue, date de 1325 et, comme il s’écrit encore aujourd’hui de nouvelles œuvres (Jean-Pierre Legay à  Notre-Dame de Paris, Jean Guillou à Saint-Eustache, Jean-Louis Florentz à Lyon), nous avons donc à notre disposition un fabuleux répertoire couvrant quelques 690 années d’œuvres de tous styles, écrites par plus de 250 compositeurs.   

Ayant entrepris, depuis de nombreuses années, de répertorier la plupart des œuvres d’orgue destinées aux dimanches et fêtes de l’année liturgique, j’ai pu constater qu’il n’est pas un seul dimanche qui ne comporte au moins une œuvre en rapport avec ce qu’on appelle le propre du temps. Le fond de ce répertoire, ancien ou moderne est inspiré des thèmes grégoriens, mais bon nombre d’œuvres sont des illustrations sonores de scènes bibliques, de la vie du Christ, de la vierge Marie, des saints ou encore d’impressions mystiques.

Même au culte catholique, on ne peut évidemment pas faire abstraction des mélodies de Luther et de ses contemporains pour la haute valeur musicale et spirituelle qu’elles ont inspiré aux compositeurs tels que Buxtehude ou J.S Bach. Après tout, Luther a conservé lui-même quelques mélodies grégoriennes. Ainsi la mélodie de choral «Gelobet seist du, Jesu Christ » (soit loué Jésus-Christ) traitée ensuite par Bach n’est autre que le «Grates nunc omnes reddamus » (séquence pour la messe de minuit).

 Inversement notre prière universelle «Jésus sauveur du monde » utilise la mélodie d’un choral luthérien « Herzlich tut mich verlangen » (Ardemment j’aspire à une fin heureuse) elle aussi traitée par Bach.  

On le devine, cette machine-orgue, comme l’avait ainsi dénommée Pierre Vidal, nous réserve bien des surprises du vaste univers de l’expression artistique et de la dévotion. Des airs populaires des Noëls français, à la prière, ou à l’expression la plus intérieure, quelques titres d’œuvres sont à eux seuls évocateurs : Joseph  est bien marié, laissez paitre vos bêtes….Crucifixion… le banquet céleste….les oiseaux et les sources… 

 

Jean-Michel LASSAUGE