Quinzième méditation : Jeudi 19 novembre 2020 — 16. Paroisse Saint-Germain d'Auxerre

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Paroisse Saint-Germain d'Auxerre

Quinzième méditation : Jeudi 19 novembre 2020

à partir de l’Évangile de la messe du jour (Lc 19, 41-44)

Texte de référence

            Reconnaître le moment où Dieu nous visite…. 

            Dieu pleure sur nos aveuglements non parce que nous Lui sommes infidèles et qu’Il serait déshonoré par cette infidélité, mais parce que nos aveuglements nous empêchent de vivre fondamentalement dans l’action de grâce. Je pense que c’est vraiment l’un des aspects de notre condition humaine commune : au lieu de comprendre notre existence comme le miracle d’une vie qui aurait pu ne pas éclore et qui est là, chargée de promesses jusque dans l’éternité, nous nous centrons sur ce que nous n’avons pas, ce que nous voudrions, ce que nous ne sommes pas, ce que nous voudrions être à la place... Même dans le domaine de la vie spirituelle, nous-nous laissons voler la joie des grâces qui se sont épanouies en nous, par un esprit d’accusation et de remords qui nous ramène aux sources de la déception… Combien de fois avons-nous vu dans nos familles, dans notre communauté, dans notre paroisse, et plus largement dans notre Église, des lieux de déception où il manquait ceci, où l’on ratait cela, où l’on aurait tant voulu qu’il se vive autre chose…? Il y a souvent dans le cœur de l’homme ce poison d’une attente mal située qui nous abime et stérilise notre témoignage. 

            Comme nous avons du mal à nous lever chaque matin en nous étonnant d’être encore vivant et en faisant de cet étonnement une action de grâce stimulante pour faire de ce jour un aujourd’hui de Dieu, nous peinons à déciller nos yeux devant la beauté des dons que Dieu donne à notre communauté, comme elle est, ici, et pas ailleurs, maintenant, ni avant, ni après. Pourtant, elle est belle notre famille paroissiale, faite de tant de diversités, de visages irremplaçables, des liens fraternels qui nous manquent tant quand ils sont distendus par l’éloignement… elle porte en elle tant de talents plus ou moins déployés, tant de promesses et elle est illuminée de tant de grâces…! Oui, Dieu nous visite! Il nous visite dans les enfants baptisés au cœur de nos eucharisties dominicales, dans nos catéchumènes qui nous font redécouvrir que toute la vie chrétienne est un chemin vers le Royaume… Il nous visite  dans le don quotidien de ceux qui se dépensent au service des plus petits, dans les jeunes et les moins jeunes au service de la beauté de la liturgie, dans l’accompagnement des familles en deuil, dans les innombrables formes que prend sa présence, même en ces temps d’éloignement… Notre Église est belle, j’en suis persuadé, vraiment belle, dès aujourd’hui, dans nos visages, nos regards, nos gestes, nos paroles, nos espérances les plus vives, nos partages les plus vrais… En tout cela, Dieu nous visite, il s’invite là où deux ou trois sont réunis en son nom, mais nous n’y prêtons pas toujours attention.

            Alors, frères et sœurs, ne nous nous trompons pas d’objectif…! Nous avons tous en nous le désir du Royaume. Nous portons tous en nos cœurs l’attente profonde de cette réalité du Ciel pour laquelle nous sommes faits, et dans laquelle nous serons pleinement nous-mêmes, pleinement reconnus, pleinement épanouis, dans une Création renouvelée qui donnera tout son fruit. Dans cette réalité que nous désirons, tout ne sera plus qu’Eucharistie, et nous comprendrons vraiment la grandeur de ce qu'est l’Action de Grâce du Fils récapitulant toute chose en Lui. Ne perdons pas le Nord!! Ne reprochons pas à l’Église de ne pas être déjà le Ciel, et reconnaissons les grâces qui passent, malgré tout, à travers elle.