La pastorale de la santé : être présent à toutes les fragilités, au nom du Christ — Diocèse de Sens & Auxerre

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La pastorale de la santé : être présent à toutes les fragilités, au nom du Christ

Nous venons de quitter une “annus horribilis”, en passant la porte du nouvel an. La pandémie a désorganisé nos équipes de Pastorale de la santé, comme d’autres pans de notre vie ecclésiale ou simplement sociale. Et pourtant, nous aurions bien eu besoin de conduire cette pastorale dans le contexte de crise sanitaire. Le “Dimanche de la santé” aura sans doute une raison d’être supplémentaire, cette année, ce sera le dimanche 7 février 2021, selon les textes du jour et un slogan “tout le monde te cherche”.

Voici l'occasion de lire ou relire un article paru dans la revue diocésaine Église dans l'Yonne - ÉDY, n°1 - janvier 2021, pp. 16-17

Avec les faibles, j’ai été faible…"
1 Co, 9, 22

Une pastorale de la santé en crise

Comme le responsable national le fait remarquer, nous avons parfois l’impression que l’Église perd de son influence dans cette mission en direction des milieux de santé : dans sa présence aux malades, et encore plus dans son accompagnement des soignants.
Nous y trouvons des raisons objectives qui s’ajoutent à l’indifférence religieuse : les pratiques hospitalières ont changé et la dimension “hôtelière” des hospitalisations s’est réduite pour des opérations ou des soins en ambulatoire. Cette situation nouvelle nous oblige à développer une “pastorale de la santé” qui rejoigne les malades chez eux… C’est à la maison que Jésus va visiter une malade, la belle-mère de Pierre. C’est ensuite dans une grande mobilité que Jésus se fait proche des malades en allant “vers d’autres villages”, si bien que “tout le monde le cherche”.
Ne cherchons donc pas, car nous avons une piste à suivre : aller à la rencontre des malades là où ils vivent et non où ils passent se faire soigner. Les paroisses ont donc une grande responsabilité pour entretenir ce goût de visite des malades, tant pour prendre des nouvelles et maintenir des liens avec ceux qui ont pu par ailleurs participer à la vie de la communauté, que pour proposer des services dont un malade a besoin : la communion à domicile… ou la livraison de courses. La crise sanitaire de 2020 n’a jamais complètement empêché cette démarche, même si les normes sanitaires ont pu compliquer ce lien ou nous rendre plus frileux pour cette mission.

La bonne santé, c’est plus que l’absence de problème

L’année dernière, souvenons-nous, nous pouvions comprendre que la crise sanitaire s’accompagnait rapidement d’une complication des liens sociaux et de problèmes économiques. L’histoire de Job ! Il perd ses biens, il perd ses proches… et qui plus est, ce bien précieux de la santé. Voyons-y non un ordre chronologique mais une avancée dans la nuit de plus en plus profonde. On sait que lorsqu’on est malade, il vaut mieux avoir des amis…, et que le chômage limite les recours à la santé. Tout est lié.
Alors comment rejoindre tous ces “Job” d’aujourd’hui, dans une pastorale où la santé est plus que l’absence de maladies. “Le travail, c’est la santé”, disait une chanson. Et nous venons de nous souhaiter une “bonne année et une bonne santé”, car l’amitié et l’attention les uns aux autres, est une composante de notre santé spirituelle.
Lorsqu’on tombe malade, on se sent seul, parce qu’on se pense l’unique malade parmi les autres, l’abandonné de Dieu ou du destin. Les soins prennent de l’énergie, distendent des relations et limitent la participation à la vie normale des autres. Bref, lutter contre la marginalisation en gardant une place à celui qui est malade mais peut “apporter sa pierre”, préserver des liens et prendre des nouvelles, aller à son rythme, sont autant de réponses à ce que la maladie pourrait détruire, pour que la Bonne Nouvelle de Jésus ré-anime les malades. Il y a là un effort d’imagination et un trésor d’ingéniosité à déployer, pour que chacun, et d’abord les personnes malades, garde sa place dans une communauté.

“Ma force dans ta faiblesse”

D’emblée, l’apôtre saint Paul nous prévient sur le déséquilibre qui s’instaure sournoisement entre l’aidant et l’aidé, entre le missionnaire et le destinataire de l’Évangile. Et il recommande ceci, par expérience : “Avec les faibles, j’ai été faible, pour gagner les faibles”. Ainsi une pastorale de la santé doit suivre ce conseil, dans l’esprit et les moyens de cette pastorale. Voyons-y un développement de ce que nous venons de célébrer avec Noël. Dieu s’est fait homme en son Fils, avec les “faiblesses” que cela comporte (limites, immersion, vie commune, réalité, refus possible et risque de la mort…). Cette alliance lie la “force” à la “faiblesse” et le “fort” au “faible”.
Nous pourrions parfois nous méprendre en demandant à Dieu sa force comme on demande quelque chose de puissant, un “plus” qui évite les difficultés. Qui ne rêve pas de miracles face à la maladie, de telle sorte que le malade soit débarrassé de son mal, alors que bien souvent un malade doit se soigner et vivre moins mal avec cette maladie, participer à nouveau à la vie de tous, apporter sa part à la vie de tous, être réintégré et faire corps, malgré ses faiblesses, son handicap.
C’est alors que la “force de Dieu” n’en est que plus visible, dans cette “faiblesse”, comme la lumière traverse le verre de la lampe. La promesse de Dieu est également de nous accompagner et nous porter, d’une manière ou d’une autre, par la foi, l’appui de sa Parole, la présence des frères. Cette force, c’est qu’un être plus grand partage la vie des plus petits : ce partage donne du sens et du courage. Rien de magique en tout cela, mais sa force dans la faiblesse. Jésus a enfin salué la force de ces dispositions si patientes dans les Béatitudes. La force des gens qu’il dit bienheureux n’est pas la puissance du monde, mais la conviction des petits qui font preuve de qualités, vues comme mineures dans ce monde : la pauvreté, la douceur, la faim de justice, la miséricorde… C’est ainsi que le Règne de Dieu vient.

Simples serviteurs… mais serviteurs de la force de l’Évangile

Dans cette pastorale, nous sommes des serviteurs, et nous ne sommes que des serviteurs. Sans doute, est-ce là une situation qui laisse le sentiment d’une mission limitée et fragile. De même que les malades ne font que passer à l’hôpital…, nous ne faisons que traverser la vie de ceux qui nous sont confiés à accompagner. “Allons ailleurs… pour proclamer l’Évangile…”.
“Si la vie n’est qu’un passage, sur ce passage au moins semons des fleurs” (Michel de Montaigne).

père Pascal Bégin
aumônier diocésain de la Pastorale de la santé

 

Pour aller plus loin

Le dossier de la revue diocésaine de janvier 2021 a pour thème "Force et faiblesse".
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