Dans notre prière — Diocèse de Sens & Auxerre

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Dans notre prière

Monsieur le Chanoine Jacques Leviste

Monsieur le Chanoine Jacques Leviste est décédé à Brienon-sur-Armançon, le 18 mars 2021, à l’âge de 92 ans, dans la 68ème année de son ministère presbytéral.

La messe de funérailles a été célébrée le lundi 22 mars à 10h30, en l’église Saint-Maurice de Sens, suivie de l’inhumation au cimetière de Vallan.

Son parcours

  • Ordonné prêtre à Auxerre, le 5 juillet 1953 ;
  • Vicaire à Toucy, 1953-1955
  • Curé de Massangis, 1955-1961 ;
  • Vicaire à la cathédrale de Sens, 1961-1991 ;
  • Conservateur du Trésor de la cathédrale de Sens, 1961-2007 ;
  • Aumônier du Carmel de Sens, 1991-2006 ;
  • Membre du Chapitre cathédral, depuis 1991.
  • Chevalier de l’Ordre national du Mérite
  • Commandeur de l’Ordre des Arts et des Lettres

Homélie pour les obsèques du chanoine Jacques Leviste

prononcée par le père Ivan Roulier, membre du Chapitre Cathédral, Sens, 22 mars 2021

J’ai peu connu le chanoine Leviste, il a simplement été pour moi l’aumônier du Carmel où j’aimais aller à la messe lorsque j’étais séminariste en insertion à Sens il y a un peu plus de 20 ans. Mais si je prononce cette homélie à l’occasion de ses obsèques, c’est au nom du chapitre des chanoines, dont il a été membre pendant de nombreuses années, et en particulier au nom de son doyen, le père Jean-Yves Morel, pour la santé duquel il nous faut tout spécialement prier aujourd’hui.

Les lectures que nous venons d’entendre, choisies par ses proches, me semblent bien correspondre à ce que le prêtre qu’il était aurait voulu nous faire entendre en ce jour où nous lui rendons un dernier hommage.

Je mets mon espoir dans le Seigneur, je suis sûr de sa Parole. N’est-ce pas là une belle devise pour un homme qui a consacré sa vie à l’annonce de cette Parole à travers son ministère, sous une forme particulière, qui n’était pas tant celle d’un pasteur, car il n’a été curé que peu de temps, que celle d’un passeur, enseignant, érudit, liturge, faisant résonner la Parole de Dieu à travers l’art sacré ?

L’Évangile que nous venons d’entendre est un extrait de celui que l’Église nous proposait hier pour le 5ème dimanche du Carême. En évoquant ce grain de blé tombé en terre pour pouvoir porter du fruit, Jésus répondait à des grecs, des étrangers, qui voulaient le voir, et annonçait ainsi sa passion qui allait bientôt advenir, concluant en disant que, quand il serait élevé de terre, il attirerait tous les hommes à lui.

Dans son enfance et sa jeunesse, le chanoine Leviste a lui aussi certainement cherché à voir Jésus, et il l’a sans doute rencontré, et il a été attiré par le Fils de Dieu élevé sur la croix, ce qui l’a conduit à vouloir le servir et le suivre en lui donnant sa vie, entrant au séminaire puis devenant prêtre.

Il savait probablement que ce ne serait pas un chemin facile, que les difficultés ne lui seraient pas épargnées, sa santé a été plutôt fragile, il n’a peut-être pas toujours été apprécié à sa juste valeur dans son ministère, et sa fin de vie a été longue et pénible.

Comme le grain de blé, peu à peu, il a été broyé, jusqu’à disparaître aujourd’hui en mourant. Mais son départ nous rappelle une vérité trop oubliée aujourd’hui dans notre monde déchristianisé : la mort fait partie de la vie. Le grain de blé doit mourir pour pouvoir porter du fruit.

L’amateur d’art qu’était le chanoine Leviste connaissait certainement ce beau chapiteau de Vézelay où Moïse verse le grain dans ce moulin qu’est le Christ pour le broyer et le transformer en pure farine que recueille saint Paul et qui deviendra le pain de l’eucharistie, le pain qui donne la vie, ce pain que, toute sa vie de prêtre, le chanoine Leviste a consacré pour que, par l’action de l’Esprit Saint, il devienne Corps du Christ.

Le grain de blé est aussi celui que le semeur va semer dans la bonne terre, pour qu’il donne du fruit en abondance, 30, 60 pour un comme nous le dit Jésus dans une parabole que nous connaissons bien. Je pense que ce que nous a dit tout à l’heure Bernard Brousse peut nous montrer quels fruits, à travers son œuvre, le chanoine Leviste nous laisse. Mais il y a aussi tous les fruits moins visibles, peut-être même invisibles, qu’il va encore nous laisser en priant et en intercédant pour nous, et pour ce diocèse auquel il était tant attaché.

Car le chanoine Leviste est entré dans une autre vie. Par la résurrection de Jésus, la mort n’est plus un mur contre lequel une vie vient s’écraser, car Jésus a ouvert une porte dans ce mur, et, de l’autre côté, il est allé y préparer une place pour le chanoine Leviste, et pour tous ceux qui, consciemment comme lui, ou inconsciemment en menant une vie droite, ont suivi Jésus et mis en pratique le grand commandement qu’il nous a donné de nous aimer les uns les autres comme il nous a aimé.

Le chanoine Leviste a désormais quitté cette création qui crie sa souffrance, comme nous le voyons particulièrement en ce moment. Comprenons que cette création passe par les douleurs d’un enfantement qui dure encore, pour reprendre les mots de saint Paul dans notre première lecture. Voilà pourquoi le malheur, et sa plus grande manifestation qui est la mort n’ont pas disparu de cette terre. Mais un jour viendront des cieux nouveaux et une terre nouvelle, comme nous l’annonce le livre de l’Apocalypse. Alors nous serons semblables à Dieu car nous le verrons tel qu’il est, nous dit encore saint Jean. Ce moment est venu pour le chanoine Leviste, désormais délivré de son corps ! Il est auprès de Dieu, dans la paix et la lumière, et il sûrement heureux de nous voir ici rassemblés pour lui rendre ce dernier hommage.

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