Les confessions chrétiennes dans notre diocèse — Diocèse de Sens & Auxerre

Aller au contenu. | Aller à la navigation

Outils personnels

Les confessions chrétiennes dans notre diocèse

Nous pouvons regrouper les différentes confessions chrétiennes présentes dans l’Yonne, en dehors des catholiques romains en quatre grandes familles : les coptes orthodoxes, les orthodoxes byzantins, les protestants luthéro-réformés, les évangéliques et les pentecôtistes. À cela, il faudrait ajouter les chrétiens d’Orient (catholiques ou non) que nous pouvons rencontrer occasionnellement (Maronites, Assyriens ou Chaldéens, Erythréens, Arméniens…) mais qui ne sont pas organisés en communautés structurées.

Les coptes orthodoxes

Les coptes orthodoxes sont présents dans l’Yonne à Ronchères par le monastère qu’ils ont fondé dans les années 1990. Deux moines y résident en permanence et accueillent des coptes de la diaspora résidant en France (les coptes sont originaires d’Égypte), notamment dans la région parisienne. En matière liturgique, ils pratiquent le rite dit alexandrin qui s’est développé dans l’ancien patriarcat d’Alexandrie. Sur le plan doctrinal, leur foi est pré-chalcédonienne, c’est-à-dire que leur Église ne reconnaît pas le concile de Chalcédoine de 451. On parle d’une théologie monophysite ou mieux encore miaphysite. Des accords doctrinaux très importants ont été signés entre l’Église copte orthodoxe et l’Église catholique romaine sur cette question de la nature divine du Christ et de son humanité. Sur le plan culturel, les coptes ont également une identité culturelle très forte autour d’une langue ancienne (le copte) et d’un vécu très singulier. Les coptes constitueraient 10 % de la population égyptienne soit 7,5 millions. La diaspora s’élèverait à environ 500 000 dont 45 000 en France. ■

Les orthodoxes byzantins

L’Église orthodoxe se considère en continuité par rapport à l’Église des origines apostoliques. Il serait impropre de dire que l’Église orthodoxe naîtrait au moment du schisme de 1054. L’orthodoxie est une communion d’Églises qui se reconnaissent mutuellement, qui partagent la même foi et les mêmes sacrements. Jusqu’au “schisme” récent entre Moscou et Constantinople à propos de la question ukrainienne, la communion orthodoxe désignait 14 Églises territoriales dites “auto-céphales”. Dans l’ordre traditionnel, le patriarcat dit œcuménique de Constantinople (Istanbul) possède une prééminence honorifique devant les patriarcats d’Alexandrie (à ne pas confondre avec les Coptes !), d’Antioche, de Jérusalem, de Moscou, de Serbie, de Roumanie, de Bulgarie, de Géorgie, les Églises de Chypre, de Grèce, de Pologne, d’Albanie, de Tchéquie et de Slovaquie. Les conciles œcuméniques sont les piliers de la doctrine orthodoxe (entre le IVe et le VIIIe siècles). L’Église est pensée autour du sacrement de l’Eucharistie davantage que de façon juridique. La spiritualité s’organise autour de la quête de la déification. Les orthodoxes vénèrent les icônes considérées comme des fenêtres sur le Royaume de Dieu. La liturgie est au cœur de la vie religieuse. Les orthodoxes byzantins se sont séparés des catholiques romains au cours d’un long processus qui a débuté par ce que les historiens nomment l’estrangement jusqu’aux anathèmes réciproques de 1054 (levés par le pape Paul VI et le patriarche Athénagoras). L’épisode très douloureux des croisades (notamment la prise de Constantinople en 1204) a laissé beaucoup de traces dans la mémoire collective. Le dialogue œcuménique permet aujourd’hui de penser les différences non plus en termes d’opposition mais de complémentarité.

Les orthodoxes sont présents dans l’Yonne à travers deux sites célèbres : le monastère de Bussy-en-Othe et la paroisse de Saint-Germain à Vézelay rattachée au patriarcat de Moscou. Il y a également d’autres communautés qui cherchent à se structurer, notamment celle des orthodoxes roumains. ■

Protestants luthéro-réformés

Il s’agit de l’Église luthérienne issue directement de Martin Luther (même si ce dernier n’a pas voulu fonder d’Église mais seulement réformer l’Église catholique) et de l’Église Réformée dont la figure de référence est principalement celle de Jean Calvin. Ces deux Églises partagent un certain nombre de points communs qui peuvent se résumer dans les quatre “soli” :

  • à Dieu seul la gloire à l’exclusion de toute autre réalité créée.
  • seule la grâce divine peut nous sauver (nous justifier).
  • c’est par le moyen de la foi seulement que l’homme et la femme peuvent accueillir cette grâce de la justification.
  • l’Écriture Sainte seule fait autorité en matière de foi chrétienne et pour guider la vie des chrétiens et de l’Église.

Si ces deux Églises partageaient ces points fondamentaux de la Réforme protestante, elles ont divergé dès le XVIe siècle sur d’autres points, notamment la question de la présence du Christ dans l’eucharistie (Luther ayant une interprétation plus littéraliste des paroles de Jésus sur le pain et le vin, “ceci est mon corps”, “ceci est mon sang”, tandis que les réformateurs suisses ou du sud de l’Allemagne comme Zwingly, avaient une interprétation plus “symbolique” de ces paroles). Cela peut étonner les catholiques romains, mais le dialogue œcuménique était aussi difficile entre Luthériens et Réformés à cette époque qu’entre catholiques romains et protestants en général ! Le dialogue œcuménique luthéro-réformé a abouti à l’échelle européenne à un accord en 1973 (Leuenberg) qui reconnaît la possibilité de l’union entre ces deux Églises sur les bases d’un “consensus différencié”. Cela se traduira concrètement en France par la création de l’Église protestante unie de France (EPUF) qui scelle l’union institutionnelle entre l’Église Évangélique Luthérienne de France et l’Église Réformée de France.

Pour des raisons historiques (rappelons que Théodore de Bèze était originaire de Vézelay), notre région est surtout marquée par la présence des protestants de sensibilité réformée (calvinienne, zwinglienne). Deux paroisses aux dimensions couvrant tout le département et davantage encore sont présentes chez nous : la paroisse protestante de Sens et celle d’Auxerre. Chacune de ces communautés est organisée selon le système presbytéro-synodal (au niveau local, un conseil presbytéral et à un niveau plus global, un synode composé de délégués locaux). ■

Protestants évangéliques et pentecôtistes

Il y a beaucoup d’idées reçues sur les évangéliques (souvent désignés maladroitement dans les médias sous le nom d’évangélistes). Une de ces idées reçues serait qu’ils n’auraient pas le même enracinement historique que les protestants luthéro-réformés. En fait les origines historiques des évangéliques remontent directement à la Réforme du XVIe siècle elle-même. Il s’agit de courants réformateurs radicaux qui ont été marginalisés par ce qu’on appelle aujourd’hui la Réforme magistérielle. Ces réformateurs radicaux (Carlstadt, Müntzer à la toute première génération) refusaient par exemple le baptême des petits enfants (d’où l’appellation d’anabaptisme). L’influence du calvinisme classique et du piétisme luthérien est également importante à partir du XVIIe siècle. On peut dire que les évangéliques sont des protestants orthodoxes (sur le plan doctrinal), spirituels (qui insistent beaucoup sur l’expérience personnelle, la conversion, l’adoption d’un style de vie qui rompt avec la société ambiante) et qui prennent une certaine distance avec le courant protestant libéral (sur le plan théologique, c’est-à-dire ayant adopté le point de vue de la modernité critique des Lumières). Le protestantisme évangélique est un univers à part entière d’une très grande complexité. Il ne faudrait pas tout ramener au modèle de l’évangélique du sud des États-Unis très fondamentaliste, très conservateur et très orienté sur le plan politique. Il existe d’autres styles d’évangéliques. Un dénominateur commun peut être établi dans la façon de “faire Église” : le modèle congrégationnaliste. Dans ce modèle c’est toute l’assemblée locale qui est censée orienter la vie de la communauté. Il n’y a pas d’autorité reconnue à un synode national ou supra-national.

Le Pentecôtisme, quant à lui, est apparu aux USA au début du XXe siècle à la faveur de ce que l’on appelle un “Réveil”, expérience spirituelle de type charismatique. Il s’est d’abord séparé des Églises protestantes à la fois luthéro-réformées et évangéliques pour se développer avec une vigueur assez spectaculaire d’abord aux USA puis dans le monde entier, notamment dans beaucoup de pays pauvres. Le pentecôtisme est revenu ensuite à l’intérieur des Églises qu’il avait quittées y compris dans l’Église catholique avec le Renouveau charismatique dans les années 1970. Il existe aujourd’hui une 3e vague pentecôtiste qui insiste de façon très tranchée sur certains charismes comme celui de la guérison ou de la prophétie.

Dans l’Yonne les protestants évangéliques et pentecôtistes sont représentés (baptistes à Sens, Assemblées de Dieu à Sens, Joigny et Auxerre, diverses Églises aux dénominations très diverses dont certaines sur des bases ethniques). Pour se repérer, le Conseil National des évangéliques de France (CNEF) qui est présent dans le département est un bon guide. ■

père Christophe Champenois
délégué diocésain à l’Œcuménisme

 

Texte paru dans le dossier de la revue diocésaine "Église dans l'Yonne" de décembre 2019, sur le thème "œcuménisme et unité des chrétiens" (acheter ce numéro)