La Toussaint — Diocèse de Sens & Auxerre

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La Toussaint

Au cœur de l'automne où les jours et la lumière diminuent, l'Église célèbre le 1er novembre, la fête de tous les saints.

Quelle est l’origine de cette fête ?

Au risque de nous surprendre, la Toussaint n’a pas son origine dans les textes bibliques comme c’est le cas pour la plupart des grandes célébrations liturgiques comme Noël, Pâques ou la Pentecôte… Elle a été instituée par l’Église pour répondre à différentes situations.
Le culte des saints a commencé sur les tombes des martyrs dans les catacombes de Rome et s’est développé tant en Orient qu’en Occident. À Rome, au VIIe siècle, le pape Boniface IV leur offrit le Panthéon avec l’église Sainte-Marie aux Martyrs et une fête annuelle leur fut adressée le 13 mai.

Cette fête de tous les saints fut généralisée dans l’ensemble de l’empire d’Occident par Louis le Pieux, fils de Charlemagne et la date du 1er novembre fut fixée avec l’idée de christianiser des fêtes rituelles païennes qui avaient lieu à cette période de l’année. C’est le pape Sixte IV au XVe siècle qui l’étendit à l’Église universelle.

Qu’est-ce qu’un saint ?

“Ce qu’ils ont fait, pourquoi toi, tu ne le ferais pas ?”
saint Augustin.

Par saint, on entend un homme ou une femme qui a eu une vie exemplaire, c’est-à-dire, pour les croyants, une vie où la Parole de Dieu a été vécue au quotidien. Un saint n’est pas forcément “parfait”. Il a simplement été reconnu qu’il est resté fidèle à l’Évangile, aussi bien dans ses paroles que dans ses actes et qu’il a persévéré malgré les contextes difficiles de l’époque dans laquelle il a vécu.
L’Église nous invite à voir dans la sainteté un chemin pour tous. À la suite de Jésus, faire de notre vie, une vie sainte en accomplissant le mieux possible notre vocation de baptisés dans l’esprit des Béatitudes.

La communion des saints

Chaque dimanche, dans notre Credo, nous proclamons : “Je crois à la communion des saints” !

Par communion des saints, on entend, la communion entre tous les membres de l’Église, visible et invisible, sur terre et dans le ciel, vivants et morts, saints ou non, dans le corps du Christ, car l’Église est comparée à un corps dont la tête est le Christ (cf. 1 col 12, 13-27).

Il existe une solidarité entre les membres du corps du Christ. Ce qu’un membre fait de bien rejaillit aussi sur ceux qui lui sont liés. Mais la réciprocité est aussi valable.

On peut dire que l’Église retrouve son unité, un seul corps au moment de l’Eucharistie. Lorsque les fidèles s’unissent dans une même foi et communient au même corps, le corps du Christ, ils deviennent eux-mêmes ce corps car, par l’Esprit Saint, ils sont en communion les uns avec les autres. Nous sommes “tous en un” et dans ce corps, il y a les saints qui ont une place particulière car ils sont déjà entrés dans la gloire de Dieu et œuvrent avec lui pour faire avancer le reste de l’humanité vers la Lumière. Beaucoup d’entre nous s’adressent à eux pour leur demander un secours fraternel en se recommandant à leur intercession.

“La communion des saints, c’est l’Église qui enjambe l’Église terrestre et l’Église glorieuse” aime dire Bernard Sesboué.

Commémoration de tous les fidèles défunts

Dès les premiers temps du christianisme, la conviction s’est établie que les vivants ont à prier pour les morts. Au moment de mourir, sainte Monique, mère de saint Augustin, demandait à son fils de se souvenir d’elle “à l’autel du Seigneur” partout où tu seras”.
Pendant le haut Moyen Âge, on célèbre l’office des morts à l’anniversaire du décès de la personne. Et tous les puissants de ce monde demandent dans leur testament des prières pour le salut de leur âme. En 998, saint Odilon, abbé de Cluny, demande à tous les monastères dépendants de son abbaye de célébrer un office le lendemain de la Toussaint pour “la mémoire de tous ceux qui reposent dans le Christ”.

Cet usage s’est répandu à toute l’Église et y demeure aujourd’hui.

Le 2 novembre, les chrétiens sont invités à participer à ce vaste mouvement de solidarité spirituelle. Les foules qui se pressent les 1er et 2 novembre dans les cimetières ne sont sans doute pas totalement étrangères au message d’espérance de l’Église, même si l’on peut trouver dommage que, du coup, la fête de la Toussaint se trouve reléguée à une triste évocation des disparus.

Penser et prier pour ceux que nous avons aimés fait partie de notre foi. La solidarité qui existait entre eux et nous demeure et se transforme en intercession, en communion de prière. Notre prière participe à les introduire auprès de Dieu, à hâter leur entrée dans la joie éternelle.

La sainteté, c’est une question de bonheur et il nous faut, aujourd’hui, sauver le vrai bonheur. Notre époque est peut-être en train d’oublier que le bonheur n’est pas d’avoir tout et tout de suite comme la publicité nous le promet. Le bonheur est d’aimer. Ce bonheur ne se vend pas. Il est une révélation, un don.

La sainteté, finalement, c’est l’avenir de tous !


père Thierry Debacker,
délégué diocésain à la pastorale Liturgique et Sacramentelle

article paru dans Église dans l'Yonne d'octobre 2020