Lignes de méditation du 18/12/2019 — 18. Paroisse Sainte-Reine - Auxerre Val de Baulche

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Lignes de méditation du 18/12/2019

«Plusieurs Juifs ont cru que la défaite de l’armée d’Hérode était une punition de Dieu, à cause de Jean, surnommé Baptiste (…) Ainsi, comme beaucoup de peuples le suivait pour écouter sa doctrine, Hérode, craignant que le pouvoir qu’il aurait sur eux n’excitât quelques séditions, parce qu’ils seraient toujours prêts à entreprendre tout ce qu’il leur ordonnerait. Il crut devoir prévenir ce mal pour n’avoir pas sujet á se repentir d’avoir attendu trop tard à y remédier. Pour cette raison, il l’envoya prisonnier dans la forteresse de Machéronte, et les Juifs attribuèrent la défaite de son armée à un juste jugement de Dieu pour une action si injuste.» (Flavius Josèphe, Histoire Ancienne des Juifs, XVIII, 7)

1. Un geste qui coûta cher «au plus grand de ceux qui sont nés des femmes»: le courage de dénoncer l’immoralité d’Hérode et de chercher la repentance de ce dernier

Pourquoi Jean le Baptiseur demandait à Hérode Antipas de laisser Hérodiade, la femme de son frère Philippe qu’il avait prise du vivant de ce dernier. Ce n’est pas parce que Jean avait pitié de Philipe, il voulait faire respecter la loi du Seigneur que tous connaissaient bien «Si quelqu’un prend la femme de son frère, c’est une abomination» (Lv20, 21). C’est vraiment une honte d’avoir un chef, un parent, un guide immoral qui ne respecte pas la loi de Dieu, ni la loi du pays, ni de la tradition … ou qui l’adapte à son goût. C’est un suicide de vouloir corriger un dirigeant autoritaire mais Jean n’était pas un homme à intimider car il s’agissait de proclamer la loi du Seigneur. Il s’adressait sévèrement à Hérode à plusieurs reprises «Il ne t’est pas permis d’avoir la femme de ton frère.» (Mc6, 18) En plus, leur mariage était incestueux parce que Philippe et Antipas, étaient frères et oncles d’Hérodiade, petite fille d’Hérode le Grand, leur père. «Si quelqu’un prend femme sa sœur (…) c’est une infamie, ils seront mis à mort sous les yeux des enfants de leur peuple.» (Lv20, 17) Mais dans la tradition de certains peuples, les rois et les princes se permettaient n’importe quoi car disaient-ils des interdits ne concernaient que le peuple. Pour eux tout était permis d’où  quelques cas d’unions avec ses propres filles ou sœurs voir même avec ses propres mères. Le peuple de Dieu, qui devait être le modèle de tous les autres peuples était tombé plus bas à cause de leurs chefs qui étaient immoraux. Quand on  ignore les mœurs et la loi, on n’a plus de résistance au mal et au péché, voilà ce que JB voulait empêcher au peuple d’Israël et à leur roi Hérode Antipas.

La construction de la ville de Tibériade: Hérode était un calculateur «Allez dire à ce renard,» (Lc13, 32) à cause de sa ruse et de son astuce, les deux qualités qu’on attribue au renard pour arriver à l’objectif. Un fait d’Hérode qui illustre cela. Pour faire honneur au nouvel empereur romain, Tibère César (14-37) Hérode a fait construire une belle ville qui lui était dédiée «Tibériade.» C’était un affront pour les juifs qui n’étaient pas contents de l’occupation étrangère. Pire encore la ville fut construite à l’endroit où il y avait un cimetière.
Une vie sans vergogne et luxueuse au palais quand la misère frappe la nation :
La vie bonne et heureuse était le secret des palais. Tout était permis chez Hérode. Un simple geste admiré par lui accordait des faveurs à celui qui l’avait fait «Demande moi ce que tu voudras, je te le donnerai.» (Mc6, 22)

2. Jean Baptiste dans la prison de Machéronte

JB n'ignorait point ce qui lui était réservé de la part d’Hérodiade. Il savait à quoi son zèle allait l'exposer en essayant de la séparer d’Hérode. Mais le zèle de la maison de Dieu le dévorait. Un soulèvement survint et on attribua au Précurseur les troubles et les murmures du peuple. Hérode l'a enfermé dans la forteresse de Machérouse ou Machéronte. Les rabbins la nommaient Fort-Noir ou encore Fournaise, à cause de la terre noire d'asphalte et des sources chaudes qui se trouvaient dans cette contrée. Pour discréditer la personne et la vertu du Précurseur, on formula contre lui des accusations sans consistance, que l'on divulgua habilement parmi le peuple. On le fit panser pour un factieux qui cherchait à ameuter la multitude. On ne manqua point surtout de l'accuser d'avoir insulté la majesté royale, en la personne d'Hérode, par les reproches que JB lui avait adressés et par le blâme dont il l'avait couvert en présence même du peuple. En fait Hérode redoutait que Jean profitait de son ascendant sur les foules fascinées par son discours pour les entraîner à la révolte.

La fidélité des disciples de Jean Baptiste : L’emprisonnement n’a pas terminé l’œuvre de JB. Ses disciples conservèrent toujours leur affection pour ce digne maître; leur fidélité ne se démentit point jusque dans la persécution; ils voulurent continuer de lui être exclusivement attachés, quoique le Précurseur se fût efforcé souvent de leur faire comprendre qu'ils devaient désormais suivre Jésus.
Effacement progressif de JB dans la souffrance: Le cachot a fait taire à JB. Sa voix et sa personne sont brisées uniquement pour satisfaire à Hérodiade. Sa mission touche à son terme dans la souffrance et l’effacement.
Le doute sur le Messie : Il n’est pas facile mais pas impossible de découvrir la venue de Dieu quand la souffrance dépasse notre entendement. Mais le doute de JB est aussi sur un autre niveau. Il avait annoncé que le Messie viendrait avec une pelle à vanner pour nettoyer son aire et faire le tri. Jésus est le Messie très proche des publicains, des prostituées et des colons romains. C’est très irritant mais c’est le propre de Dieu qui est le Père de tous, les bons et les méchants. Jésus fait découvrir à Jean sa vraie identité de Messie.

3. La mort du plus grand prophète

Hérodiade était une femme jalouse et assoiffée de pouvoir d’après certains historiens. Elle apprenait qu’Hérode pouvait devenir roi de tout Israël, et non seulement de la Galilée, elle a fait tout pour devenir son épouse en abandonnant son mari Philippe. JB la gênait dans ce projet, lui qui demandait à Hérode d’abandonner Hérodiade et sortir de l’immoralité adultère car il était moralement répréhensible de répudier sa femme ou son mari, et de prendre un autre conjoint. Sans morale ni remord, Hérodiade a poussé son mari à faire emprisonner Jean le Baptiste, mais cela ne lui suffit pas, semble-t-il. Elle jura sa mort, ce qu’elle va essayer de réaliser.

Le fameux anniversaire d’Hérode: Les anniversaires étaient des fêtes païennes que ceux qui attendaient la venue du Messie ne fréquentaient pas. Il y avait une débauche monstrueuse, et les festivités comportaient beuveries et orgies, tous ce que les sens réclamaient selon leurs détracteurs. Hérode avait invité tous les grands de son royaume.
 La danse de Salomé, la séduction d’Hérode et de ses convives : Salomé jusqu’à maintenant était inconnue. Elle va devenir tristement célèbre non par sa danse mais par son grand rôle dans la mort de JB. Elle va apparaitre dans l’anniversaire et elle va réjouir son beau-père et ses convives. Ce qu’elle a fait est-il le savoir faire de l’artiste qu’elle était? N’était-elle pas intentionnée dans sa danse pour séduire son beau-père? La suite de ce qui s’est passé montre que Salomé était en connivence avec sa mère pour détourner la pensée d’Hérode afin d’arriver à leur objectif de tuer Jean Baptiste. Hérodiade usa donc de la grande beauté de sa fille pour obtenir ce qu’elle voulait de son faible mari.
 Le Serment d’Hérode ou la faiblesse d’un homme: Selon Flavius Josèphe, un historien romain d’origine juive, Hérode Antipas n’était pas comme son père, Hérode le Grand qui était brutal, sanguinaire et autoritaire. C’était lui que l’empereur Auguste avait ridiculisé dans ces termes «Il vaut mieux être le porc d’Hérode que son fils!» car il avait tué sa femme préférée Mariamne, ses trois fils (Alexandre, Aristobule et Antipater). Bien différent donc de son père, Antipas aimait la tranquillité. Mais il n'était pas pour autant un agneau et Jésus le décrivait même plutôt comme un renard. Son serment cache son identité d’un roi faible, dominé par ses courtisans. En tout cas tout était calculé par Hérodiade qui connaissait les faiblesses de son mari. On sait qu’à cette époque, les serments, surtout de la bouche d’un roi, étaient réputés inviolables. «Le roi dit à la jeune fille: Demande-moi ce que tu voudras, et je te le donnerai. Il ajouta avec serment: «ce que tu me demanderas, je te le donnerai, fût-ce la moitié de mon royaume.» (Mc 6, 22) Une parole risquée de l’homme, un serment où il mettait sa vie en danger à cette époque dominée par des tragédies á la cour.
La demande insensée de Salomé : Après avoir accompli ce que sa mère lui avait demandé, Salomé pose à sa mère «Que demanderais-je?» (Mc 6,24) Elle conseille sa fille à demander la tête de Jean Baptiste. Quelle mère et quel conseil à sa fille! «Je veux qu’à l’instant tu me donnes sur un plat la tête de Jean Baptiste» (Mc6, 25) Les expressions «je veux» et «tout de suite», laissent percer la dureté, la haine farouche d’Hérodiade mais aussi son autorité sur Hérode. C’est comme un ordre impérieux donné au roi, plutôt qu’un désir ou une demande respectueuse. Hérodiade ne veut pas tarder sinon Hérode peut changer d’avis.

L’ostentation d’Hérode et la vengeance d’Hérodiade: Hérode est coincé dans sa tête. Il ne sait plus quoi faire, entre le bien et le mal. D’un côté il voulait tuer JB pour montrer «à ses grands, à ses généraux et aux notables de la Galilée » (Mc6, 21) qu’il est un roi qui accomplit ses promesses. D’un autre côté, il avait peur que la foule se mutine contre lui. Il devient immoral et vaniteux dans une affaire qui devrait le sauver de la haine de son peuple. Seule la vengeance d’Hérodiade triomphe. Hérode est tiraillé entre la sympathie qu’il éprouve pour le Baptiste et la fidélité à son serment.
La décapitation de Jean Baptiste: Ce fut le 10 du mois appelé chez les Juifs Ab, ou Lous, que Jean fut mis à mort. C'était un jour de malheur pour ce peuple. C'était en ce jour en effet, que Dieu, irrité contre les enfants d'Israël, leur avait annoncé qu'aucun de ceux qui étaient sortis d'Egypte n'entrerait dans la terre promise. C'était en ce jour que le premier temple avait été détruit par Nabuchodo­nosor; et c'est en ce jour encore que, plus tard, le second temple fut détruit par Titus. La tête de Jean fut apportée sur un plat et donnée à Hérodiade. La tête de JB va à qui est venue l’idée de le décapiter. Un anniversaire qui se termine en tragédie.

Conclusion: Jean ne voulait pas mourir mais comme Jésus, il accepte son sacrifice. La fin de la vie de Jean-Baptiste est l’un des passages les plus révoltants des Évangiles. Cet homme était bon et énergique, il appelait sans peur à la conversion, il baptisait des multitudes et annonçait l’arrivée prochaine du Messie. Il est froidement mis à mort parce que la danse de la fille d’Hérodiade a plu à Hérode Antipas, et que cela l’a incité à faire des promesses démesurées. La vie digne du plus grand prophète devient un jouet des plus indignes parmi les hommes. C’est un affront à Dieu et aux croyants de tous les temps.