Qu'est-ce que nous disent les pierres de nos édifices ? — Diocèse de Sens & Auxerre

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Qu'est-ce que nous disent les pierres de nos édifices ?

Édytorial de la revue diocésaine de novembre 2023, par le père Joël Rignault, vicaire général.

Originaire d'un village de carriers (Ravières), spontanément, je pense que les pierres auraient de quoi se plaindre. Au cours du temps, les humains ont mené bataille contre la pierre, dans la peine, avec les burins, les marteaux et donc beaucoup de fatigue. Ils ont souhaité la dompter, pour qu’elle obéisse à leurs projets, parfois, à leurs représentations du confort, et pour les chrétiens, à leurs représentations du ciel, de ce qu'est l'Église, peuple de Dieu. Cela s’est déployé au point qu'il est devenu utile de préciser ce que veut dire entrer dans l'église. Est-ce qu'il s'agit de rentrer dans un bâtiment (église) ou d'entrer dans le peuple de Dieu par le baptême (Église) ?

Certaines églises ont traversé bien des transformations pour s'adapter à la liturgie et à la spiritualité de leur temps. Ainsi, les pierres nous rappellent aussi bien les épisodes douloureux que les enthousiasmes qui ont marqué les croyants qui sont venus prier dans ce lieu. Parfois au gré des visites, on retrouve des traces d'une période où le jansénisme s'était installé — le Christ souffrant les bras tirés vers le ciel — ou des traces d'une piété Mariale très forte.

Nos communautés prient donc dans des lieux riches de bien des épisodes de notre histoire religieuse. À certains moments, la tentation était d'effacer tout ce qui nous précédait sans présupposer que les générations suivantes pouvaient également aspirer à effacer les marques de nos propres interventions. Toujours est-il qu'il nous faut aujourd'hui organiser l'espace liturgique de telle façon que nous soyons en mesure de rendre compte, au plus près du mystère, que nous célébrons. Certaines églises construites récemment sont davantage unifiées dans leur témoignage de foi. L'autel est situé presque au centre de l'assemblée. La présidence de l'eucharistie par le prêtre est située autrement, au cœur du peuple de Dieu.

Nous pourrions déplorer cette adaptation de nos églises aux théologies et aux accents spirituels du moment, mais nous pouvons aussi y reconnaître un peuple de Dieu qui, au fil de l'enrichissement de la tradition vivante, sait rester souple et modeste tout en s'appuyant avec confiance sur l'amour trinitaire de Dieu, qui nous accompagne jour après jour.

La force de l'art qui nous permet de nous approcher de l'indicible révélé en Jésus-Christ, c'est de nous permettre, si nous nous laissons toucher, de nous fortifier dans la foi. Que ce soit dans les vitraux qui parfois deviennent des catéchèses très structurées, ou dans l’architecture qui peut nous faire pressentir que nous sommes enfants de Dieu déjà conviés par l'Église du ciel, voilà des occasions de s'émerveiller de la volonté obstinée et volontaire de nos ancêtres de témoigner à notre génération et à nos successeurs, que cela vaut la peine de se laisser saisir par le Christ.

Sans être de grands spécialistes de l'histoire de l'art religieux, nous sommes souvent en mesure de reconnaître ce qu'il y avait dans le cœur et dans l'esprit de ceux qui ont construit, peint, décorer nos lieux de célébration. Que retiendront les futures générations de ce que nous produisons actuellement pour exprimer notre foi dans la pierre, le béton ou la peinture ? Cela dépendra vraisemblablement de la région du monde où nous nous situons. Indépendamment de l'expression religieuse, en Occident, il est vraisemblable que nos successeurs retrouveront dans la façon dont nos intérieurs sont décorés et agencés, les couleurs qui sont employées, la marque du malaise psychologique et spirituel qui étreint fréquemment le cœur de l'Occidental moderne. La table familiale des retrouvailles a été remplacée par le divan.

Il est donc urgent que les chrétiens reprennent les burins et les marteaux, les pinceaux, leurs talents pour exprimer, à nouveaux frais, l'indicible ou plutôt l'infini de l'amour de Dieu qui désire orienter le monde vers le Royaume.

Sommaire

Édy-torial

  • Qu'est-ce que nous disent les pierres de nos édifices ?, par le père Joël Rignault, vicaire général, p. 1
  • Sur l’agenda de Mgr Hervé Giraud, p. 2
  • Intention de prière du Pape pour décembre 2023, p. 2
  • Dans notre prière, p. 2
  • Nominations, p. 3
  • ÉDY - abonnement 2024, p. 3

En bref

  • Marche-pèlerinage de l'Hospitalité, p. 4
  • Saint-Étienne itinérante, p. 4
  • Un temps de paix, pour la paix, avec des artisans de paix, p. 5
  • 8e Fête des Peuples, au cœur de la Semaine missionnaire, p. 5

Initiatives

  • Rencontre annuelle des équipes “Église verte”, pp. 6-7
  • Fête du doyenné du Sénonais, p. 8
  • Une sortie paroissiale sous un ciel un peu tourmenté, p. 9

“Jeunes, vous êtes le présent”

  • Séminaire ou pépinière ?, pp. 12-13
  • Scouts et Guides de France à Saint-Fargeau, p. 14 (voir en ligne)

Dossier

  • Un patrimoine vivant, p. 15
  • Les États généraux du patrimoine religieux, p. 16
  • Connaissez-vous la chapelle Sainte-Anne ?, p. 17
  • “Éveille-toi, orgue, instrument sacré”, p. 18
  • Le chemin d'Assise, patrimoine immatériel, p. 19
  • Oser franchir le seuil, pp. 20-21 (voir en ligne)
  • Les Journées du patrimoine, pp. 22-23
  • “Ouvrons les portes”, p. 24 (voir en ligne)

Repères pour une vie de foi

  • Idée de lecture : “Pape François, la révolution”, p. 25
  • Lexique chrétien : fidèles, p. 26

Actualités

  • Kerygma : un processus d'évangélisation, p. 27 (voir en ligne)

À vos agendas, pp. 28-29

Prier

  • 8 décembre, solennité de l'Immaculée Conception, p. 32
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