Être religieux franciscain à La Cordelle — Pôle Annonce de la foi

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Être religieux franciscain à La Cordelle

Être religieux franciscain à La Cordelle

Vézelay, La Cordelle… Connaissez-vous cette petite chapelle romane et son ermitage attenant ? Lieu de silence, de nature et de fraternité. C’est là que les premiers franciscains de France, envoyés d’Assise par saint François, ont posé leur baluchon en 1217.

Je rends grâce souvent de la chance de vivre à la Cordelle de Vézelay !

Très souvent, des gens nous demandent : “Que faites-vous ?” J’aime répondre : “Rien !... même si on ne s’ennuie pas…” Car la vie religieuse ne sert à rien ! Ou plutôt ne se justifie-t-elle pas par son efficacité. Mais bien plutôt par son étrangeté, comme le fut la vie de Jésus en son Incarnation.

Vivre entre frères, plutôt qu’en couple et en famille, pour expérimenter et signifier que l’humanité est fraternelle dans l’Amour de Dieu qui est Père de toute créature. Recevoir mes frères et tout homme “comme un don de Dieu” et mendier l’amour pour eux, quotidiennement, comme une grâce ; car “l’amour de Dieu est répandu dans nos cœurs par l’Esprit Saint”. Célibat de disponibilité pour essayer d’aimer sans exclusive.

“Que les frères n’aient rien en propre”, c’est-à-dire “ne s’approprient rien, mais aient tout en commun”. Le vœu de pauvreté a des résonances fortes dans notre monde développé, matérialiste, individualiste, qui s’avère destructeur de la création. En communauté faire des choix de sobriété heureuse et solidaire. Au fil des années, tenter de faire la lumière sur tous ces attachements personnels, ces compensations, ces fausses sécurités, ces idoles, qui m’empêchent de me laisser faire par Dieu, comme un pauvre qui compte sur lui en tout, ainsi que Jésus l’a montré et nous y invite.

Le vœu d’obéissance revêt pour moi une actualité toute particulière avec l’invitation du pape François à vivre la synodalité. J’ai toujours vu et essayé de vivre l’obéissance comme une volonté de disponibilité à l’Esprit, à la nouveauté que Dieu créateur cherche à faire advenir sans cesse dans l’Histoire et nos petites histoires, personnelles et communautaires. Obéir nécessite générosité, liberté, écoute, ouverture, créativité, désir de discerner avec d’autres, de chercher ensemble la volonté de Dieu. C’est un grand chemin de libération, très progressif.

Ces 35 ans de suite du Christ à la manière de saint François m’ont rendu je crois plus humain et mieux chrétien, plus libre, paisible et joyeux. Loué sois-Tu, mon Seigneur !

 

frère Éric Moisdon, ofm

 

 

 

Article paru dans la revue diocésaine Église dans l'Yonne - ÉDY n° 12 - décembre 2023, p. 11