Entrée du Christ dans Jérusalem : notice — Diocèse de Sens & Auxerre

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Entrée du Christ dans Jérusalem : notice

Dans la chapelle Sainte-Anne à Saint-Fargeau figurent 11 tableaux qui racontent les derniers instants de la vie du Christ. Ces fresques datent du début du XVIe siècle.
En cette période de sSemaine Sainte, prenons, pour en rappeler le récit, ce tableau qui raconte l’entrée du Christ dans Jérusalem.

Le Christ est devenu célèbre depuis qu’au début du printemps 33 il a ressuscité Lazare d’entre les morts. La foule commence à connaître les miracles accomplis par celui qu’on nomme le rabbi Jésus. Ces mouvements de foule inquiètent certains habitants dont de riches pharisiens qui craignent ces désordres. Ils alertent le haut clergé du Sanhédrin sur cet homme dangereux, ce profanateur qui se prend pour Dieu, cet ambitieux politique qui cherche à renverser le pouvoir. Donc au moment où le Christ se dirige vers Jérusalem, il sait qu’il est recherché et que les épreuves de sa passion vont commencer.

                               

Et maintenant, observons la scène que dépeint le tableau.

À gauche, la foule et deux apôtres reconnaissables à l’auréole sainte qui surplombe leurs têtes. 

Marc 11, 2-3 raconte que Jésus Christ sur le chemin de Jérusalem, en approchant du petit village de Bethphagé demande à deux de ses disciples d’aller chercher un ânon qui n’a encore jamais été monté par l’homme, de le délier  et de le conduire à lui.

Les apôtres qui ont effectivement trouvé l’animal et sa mère, après avoir jeté un de leur manteau sur son dos, le présentent à Jésus qui l’enfourche.

Derrière eux, la foule des juifs venus très nombreux en cette semaine de la Pâque, assistent à l’évènement. Le peintre arrive à produire un effet de foule en créant le moutonnement des crânes des badauds en profondeur de champ.  Au premier plan, il sait aussi rendre compte de la liesse des habitants de Jérusalem qui l’accueillent. Il  les peint tout en souplesse en pleine action. L’un jonche le sol de palmes, l’autre étend son manteau sur le chemin. 

Bordant la route au deuxième plan, on voit des arbres nombreux dans lesquels deux personnages souplement contorsionnés  sont perchés et s’accrochent aux branches pour mieux voir ce qui se passe.

Parions que celui qui est le plus richement vêtu d’une tunique rouge est Zachée, le riche collecteur d’impôts au service de l’occupant romain. Selon la tradition, Jésus va  lui demander dans un instant de descendre et de l’accueillir pour prendre un dernier repas chez lui, ce soir.

À droite, fort richement vêtus également, quatre pharisiens commentent la scène et semblent la désapprouver. Derrière eux se trouve la porte qui figure l’entrée de la ville.

Au premier plan, Jésus en manteau rouge chemine sur son ânon qui a la tête humblement baissée.

Enfin, en fond de décor, on devine le mont des oliviers dans le lointain.

Tout est là dans cette scène qui dans un raccourci saisissant, nous montre le tragique malentendu qu’il y a entre le Christ juché humblement sur son âne ; la plus modeste des montures, (symbole messianique de l’ancien testament) qui vient accomplir les Écritures en apportant la royaume céleste ; alors que les foules croient accueillir le descendant du roi David, celui qui va les délivrer du joug romain et accomplir la prophétie des Écritures en restaurant la monarchie. Ils ovationnent Jésus en criant « Osianna» littéralement « Hosanna », (sauve nous) (Matthieu 21, 9). Ce qui contribuera d’autant plus à la perte du Christ.

On remarquera les belles couleurs de l’ocre de Puisaye ainsi que l’habile composition triangulaire qui donne tout l’équilibre à la scène ; la qualité picturale des personnages dont les gestes et positions expriment les   sentiments et émotions de tous les protagonistes. Gravité du visage du Christ, mou des pharisiens, corps en mouvements ou contorsionnés des foules.

La qualité picturale de cette fresque et des dix autres scènes de la passion du Christ fait tout l’intérêt de la chapelle Sainte Anne qui s’inscrit dans le riche répertoire des fresques de Puisaye.

Brigitte Demay de Goustine, présidente de l'association Histoire et Patrimoine de Saint-Fargeau

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