III. Tout quitter pour être avec Dieu dans un sentiment de confiance — 18. Paroisse Sainte-Reine - Auxerre Val de Baulche

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III. Tout quitter pour être avec Dieu dans un sentiment de confiance

Pour appartenir à Dieu, le point de départ est de tout abandonner: privilège, réconfort, facilité, avantage, protection pour ne compter que sur Dieu. Jésus «était de condition divine, est descendu, s’est abaissé au rang d’humain.» Jésus a tout quitté, sa divinité, son royaume, son Père pour venir chez nous.

INTRODUCTION

L’épître aux Philippiens nous révèle que Jésus Christ «Lui, de condition divine, ne retient pas jalousement le rang qui l’égalait à Dieu. Mais il s’anéantit lui-même, prenant condition d’esclave, et devenant semblable aux hommes.» (Phil2, 6-7) Pour appartenir à Dieu, le point de départ est de tout abandonner: privilège, réconfort, facilité, avantage, protection pour ne compter que sur Dieu. Jésus «était de condition divine, est descendu, s’est abaissé au rang d’humain.» (Gal 4, 2) Jésus a tout quitté, sa divinité, son royaume, son Père pour venir chez nous. Un Dieu qui devient rien, qui n’a plus rien, qui se dépossède de ce qu’il était pour s’habiller de ce qu’il n’est pas.

            Tout quitter, nous dévêtir de nos volontés, de nos forces, de nos capacités jusqu’à se perdre dans le ressuscité jusqu’à devenir rien, selon la poétesse Hadewijch d’Anvers (1200-1248) «c’est le destin le plus beau». Il faut être équilibré pour ne plus s’appuyer sur nous-mêmes, mais de nous en remettre et de nous abandonner à Dieu. Il faut être adulte pour se faire petit, il faut être croyant pour comprendre qu’on peut vivre entièrement de la volonté de Dieu. Quand nous nous abandonnons à Dieu, ce n’est pas la perte de notre liberté d’exister mais la confiance totale en Lui.

            Il faut beaucoup de maturité, beaucoup de temps, pour vivre de l’Esprit de Jésus, pour nous ouvrir au don de son Esprit. Tout quitter c’est dégager la force ‘centripète’, d’ouverture aux autres et non ‘centrifuge’ toute centrée sur nous-même. Jésus insiste sur cette part de renoncement, d’abandon, de mort à soi-même mais il ne s’agit pas de perdre pour perdre, de jouer au perdant! Pour Lui, il s’agit de saisir à pleines mains ce désir de vivre, de gagner, mais autrement. Le Christianisme n’est pas une religion de faibles et de vaincus comme le prétendait le grand philosophe Friedrich Nietzsche (1844-1900).

 

I. TOUT QUITTER POUR DIEU SEUL

1. Tout quitter comme le propre de notre nature

Tout quitter est une question de notre être. Nous abandonnons notre enfance, notre jeunesse, notre foyer, notre milieu de vie pour aller dans un autre. Dans la sphère spirituelle, tout quitter est une condition de suivre la volonté de Dieu. Tout quitter demande un détachement ou un arrachement, un abandon total. Pas facile d’abandonner une habitude, une attitude, une possession ou attirance mais quand l’ordre vient d’en haut, il faut suivre. «Va, vends tout de ce que tu as, donne-le aux pauvres puis viens et suis-moi.» (Mt19,21) dit Jésus au jeune homme riche. Cet appel «Nous fait participants de la nature divine» (2Pi1, 4) c’est cela le but de tout quitter. Il faut quitter notre nature, pour embrasser une nouvelle nature, celle de Dieu. On ne devient pas disciple de Jésus sans quitter quelque chose car notre nature n’est pas naturellement chrétienne, on ne naît pas chrétien on le devient.

2. Des  interrogations sur le tout quitter

C’est humain de penser que c’est trop dur ce que la foi exige de nous. Tout quitter pour Dieu semble parfois inhumain et impossible «Si quelqu’un vient à moi sans haïr son père, sa mère, sa femme, ses enfants, ses frères, ses sœurs, et jusqu’à sa propre vie, il ne peut être mon disciple.» (Lc14, 26) Nous pouvons aussi poser à Jésus la même question que Pierre: «Voici que nous, nous avons tout laissé et nous t’avons suivi, quelle sera donc notre part?» (Mt19,27) Est-il possible tout quitter réellement? Selon l’avis des spirituels, tout quitter est impossible sans accueillir l’Esprit de Dieu, sans une nouvelle promesse. C’est Dieu qui met aux cœurs des fidèles la volonté de tout quitter pour se consacrer à sa volonté. Comme le dit saint Paul c’est Dieu qui veut nous rendre «conforme à l’image de son Fils.» (Rm8, 29) C’est Lui qui nous transforme substantiellement pour nous transformer en nouvelles créatures. «Ceux qui appartiennent au Christ Jésus ont crucifié la chair avec ses passions et ses désirs.» (Gal5, 24-25)

 

3. Tout quitter pour se réaliser

Ignace d’Antioche sur la route de son martyr confesse «Quand je serai arrivé là, je serai homme. Je serai quelqu’un si je rejoins Dieu.» C’est ce martyr exceptionnel qui disait «Ne parlez pas de Jésus alors que vous désirez le monde. En moi, il n’y a plus d’ardeur pour aimer la matière mais une eau vivre qui vit et qui parle, disant au fond de moi: Viens vers le Père.» Jésus nous fait cette invitation de tout quitter pour savourer une plus grande intimité avec Lui. Tout quitter pour atteindre le but de toute vie, pour entrer en extase avec celui qu’on aime. Tout quitter est le symbole de la mort pour vivre. Thérèse d’Avila disait sans cesse: «Je me meurs de ne point mourir.» Tout quitter est le désir de ceux qui veulent être comblés dans leur existence, de ceux qui cherchent la plénitude de la vie.

4. Ce que doit être tout quitter

Il faut voir ce qu’on a pour prévoir ce qu’on cherche. Jean de la Croix, disait que nous devons quitter nos affections, nos appétits, nos passions que sont l’agressivité, la colère, la jalousie, l’orgueil, qui est autre chose qu’une volonté de puissance mais une estime exagérée de nous-même. Quitter nos troubles ou tout au moins si nous n’y arrivons pas, les offrir avec simplicité au Seigneur. Quitter cette décentration de soi pour voir le monde non à partir de nos yeux mais des yeux de Dieu. Quitter, pour nous retrouver vide de tout. Dieu ne tombe que là où il y a le vide. Il ne peut remplir ce qui est plein. Jean TAULER, un mystique du 14e siècle  disait dans ses sermons: «Si donc tu sors complètement de toi-même, Dieu entrera tout entier; autant tu sors, autant il entre, ni plus ni moins.» Il disait aussi que la seule chose que Dieu désire «c’est de trouver vide et de préparer le noble fond qu’il a mis dans le noble esprit de l’homme afin de pouvoir y accomplir son œuvre noble et divine.» A Jésus de dire sans ambiguïté «Celui qui veut être mon disciple, qu’il se renie lui-même» (Mt16, 24) ou encore «Qui perdra sa vie à cause de moi et de l’Évangile, la sauvera.» (Mc8, 35) Pour acquérir Dieu, on doit d’abord perdre tout car le chemin de l’âme est dans la descente. Se dévêtir de nous-même pour conserver notre habit de ressuscité.

5. Qui doit tout quitter

Il y a ceux qui pensent qu’ils n’ont rien à tout quitter parce qu’ils sont pauvres et qu’ils n’ont presque rien. Mais c’est la disposition du cœur plutôt que de la fortune qu’il faut considérer. On n’a pas assez à donner pour Dieu. Mais si on lui donnait tout ce qu’on possédait, ce n’est encore rien. Jésus n’a pas dit à la veuve de l’Évangile qu’elle n’a rien donné mais «Cette veuve qui est pauvre a mis plus qu’eux tous (…) elle, de son dénuement, a mis tout ce qu’elle avait pour vivre» (Lc21, 3-4) Mais devant Dieu, tous, nous n’avons qu’un tout petit rien qu’il faut abandonner pour l’accueillir. Nous devons tous nous dépouiller de notre amour-propre pour n’aimer que Dieu. Selon le cardinal Ratzinger, il faut dire «oui à cette sainte aventure de la perte de soi-même.» Toute vie de foi ressemble au grain de blé jeté en terre (Jn12, 24).

 

II. VIVRE EN PRÉSENCE DE DIEU

Jésus nous dévoile le secret d’être en communion avec son Père «Comme le Père m'a aimé, je vous ai aussi aimés. Demeurez dans mon amour. Si vous gardez mes commandements, vous demeurerez dans mon amour, de même que j'ai gardé les commandements de mon Père, et que je demeure dans son amour. Je vous ai dit ces choses, afin que ma joie soit en vous, et que votre joie soit parfaite.» (Jn15, 9-11) Vivre en présence de Dieu consiste à avoir la volonté d’aimer, de respecter les commandements de Dieu. Se dépouiller de notre volonté pour faire la volonté de Dieu. Vivre ainsi est possible à une condition «Du moment donc que vous êtes ressuscités avec Christ, recherchez les choses d'en haut, là où se trouve le Christ, assis à la droite de Dieu. Songez aux choses d’en haut, et non à celles de la terre.»  (Col3, 1-2) Enfin, vivre en présence de Dieu c’est s’appliquer à la vie spirituelle par la prière. C’est seulement dans la prière que l’on entend la voix du Seigneur.

1. Jésus est notre Emmanuel «Dieu avec nous»

Jésus est la deuxième personne de la Trinité. Il se définit en Emmanuel ou Dieu avec les hommes. Être en présence de Dieu n’est rien d’autre que vivre en présence de Dieu, c’est croire en lui. En ressuscitant Jésus est devenu compagnon de tous ceux qui veulent être dans la miséricorde Divine. Sans nous abandonner, il nous accompagne sur le chemin de la vie (Voir le Ps 138).

 

2. C’est dans la foi que nous découvrons la présence de Dieu

Avec un regard de foi, tout révèle la présence de Dieu, tout. Les choses, les évènements et les personnes. Dans cette pandémie de covid-19, Dieu ne nous abandonne jamais mais il nous révèle que nous sommes très fragiles, que nous devons compter sur lui. Il nous montre que le plus important n’est pas être actif mais être en sa présence. Nous ne devons pas avoir peur mais reconnaître que c’est lui qui donne l’existence à tout et préserve tout. Il nous montre que quand chacun veille sur la vie de l’autre rien ne peut nous faire peur. Dieu est avec nous, il veut se révéler, se faire connaître de nous, il dépend de chacun d’ouvrir les yeux avec un regard de foi et de le reconnaître. Le contraire serait une sorte de cécité ou de myopie.

3. Dieu est présent dans notre histoire

Un grand théologien belge,Edward SCHILLEBEECKX (1914-2009), nous a laissé un écrit magnifique, «Histoire des hommes, récit de Dieu». Vraiment Dieu est présent dans l’histoire et dans notre histoire personnelle, celle de chaque jour. Dieu se manifeste généralement à travers des actes et des paroles d’autres personnes, à travers des grâces que l’Esprit Saint nous accorde, des opportunités de grandir, des sacrements etc. Ne pensons pas que Dieu est nécessairement présent dans les grands évènements de notre histoire. Il nous offre humblement et simplement son amour. Ne lui tendons pas des pièges, pensant qu’il serait un Dieu puissant et amour s’il suit notre programme, il agit quand il veut et comment il veut. Il n’a pas de compte à nous rendre, il n’est pas notre esclave.

4. Notre prière, halte à la communion avec Dieu

Sans la prière c’est impossible d’être en communion avec Dieu. Faire la charité est très important mais ceux qui ne croient pas peuvent donner beaucoup et faire la charité plus que les disciples de Jésus. Tout ce que nous faisons au nom de Jésus, voilà ce qui nous met en communion avec lui. Faisons du bien au nom de Jésus mais n’oublions jamais d’être en communion avec lui par la prière. Une prière comme le dit les différents mystiques, c’est un cri du cœur qui s’élance vers Dieu. L’Église nous rappelle que la messe est une prière par excellence  à cause de l’Eucharistie et à cause de la plus grande présence de Jésus en elle. Ne manquons pas l’adoration eucharistique et la communion. Sachons qu’il y a la communion spirituelle ou communion de désir quand il n’est plus possible de recevoir l’Eucharistie (voir le Pape Jean Paul II, L’Église vit de l’Eucharistie. Lettre encyclique «Ecclesia de Eucharistia vivit», 2003).

 

III. AVOIR CONFIANCE EN DIEU

Quand on a tout quitté pour être en communion avec Dieu, rien au monde ne peut nous terrifier et notre assurance et notre sécurité deviennent totales. La première chose est donc d’avoir confiance en Dieu, en ses promesses. Le pape François nous rappelle que «Qui ne met pas sa confiance en Dieu perd tout; c’est la clé du succès de la vie; Dieu ne déçoit jamais, jamais.» Ces paroles du pape peuvent nous soulager surtout actuellement où nous sommes tourmentés par les vagues de Covid-19.

1. Compter sur la parole de Dieu  

La Parole de Dieu nous rassure que Dieu accomplit toujours ses promesses. Il soulage et il aide son peuple et il nous éloigne des épreuves. La Parole de Dieu est capable de transformer le doute en certitude, le mal en bien, la nuit en aurore radieuse nous dit le Papa François dans son Tweet.

2. Ne douter jamais de l’amour de Dieu

L’amour de Dieu est inconditionnel, il donne confiance car il est parfait et fidèle «Ce n’est pas nous qui avons aimé Dieu, mais c’est lui qui nous a aimés et qui a envoyé son Fils en victime de propitiation pour nos péchés.» (1Jn4, 10) Cet amour nous assure la victoire et la survie «Ni mort ni vie, ni anges ni principautés, ni présent ni avenir, ni puissance, ni hauteur ni profondeur, ni aucune autre créature, ne pourra nous séparer de l’amour de Dieu manifesté dans le Christ Jésus notre Seigneur.»  (Rm8, 38-39) Conscient de cet amour plus fort que ce que l’on peut imaginer,  dans les bons et mauvais jours, il faut compter sur Dieu  et non sur ses propres moyens. Le Psaume nous le dit «Mieux vaut s’appuyer sur le Seigneur que de compter sur les puissants.» (Ps117, 9)

3. Prière de confiance à Dieu

Voici ici la prière de confiance à Dieu de père Thomas MERTON (1915-1968), moine cistercien-trappiste américain:

«Seigneur mon Dieu, je ne sais pas où je vais, je ne vois pas la route devant moi, je ne peux pas prévoir avec certitude où elle aboutira. Je ne me connais pas vraiment moi-même, et, si je crois sincèrement suivre Ta volonté, cela ne veut pas dire qu’en fait je m’y conforme. Je crois cependant que mon désir de Te plaire Te plaît. J’espère avoir ce désir au cœur de tout ce que je fais, et ne jamais rien faire à l’avenir sans ce désir. En agissant ainsi, je sais que Tu me conduiras sur la bonne route, même si je ne la connais pas moi-même. Je Te ferai donc toujours confiance, même quand j’aurai l’impression que je me suis perdu et que je marche à l’ombre de la mort. Je n’aurai aucune crainte car Tu es toujours avec moi et jamais Tu ne me laisseras seul dans le péril» Amen.

CONCLUSION

Depuis le début de son ministère, Jésus a rencontré beaucoup d’épreuves mais jamais il n’a douté  de la puissance de son Père en qui il avait tout mis tout son espoir. C’est jusqu’à la mort, et la mort sur la croix, que Jésus a persévéré dans sa confiance, témoignant ainsi que Dieu est proche de chaque humain dans le rejet, l’échec et l’exclusion. Dieu n’abandonne jamais ceux qui espèrent en sa parole et qui croient en son amour.

            Sur la croix, Dieu n’a pas livré son Fils en lui-même, mais Il a montré un amour qui se donne dans l’humilité car la mort n’est pas un échec pour celui qui croit. C’est un tremplin de la vie en plénitude. Thérèse de l’enfant Jésus disait que «Le bonheur est de réussir à s’oublier soi-même.» La force de Jésus provient de la connaissance qu’il avait de son Père, il sait qu’Il est pur amour. Jésus est donc notre chemin pour arriver au Père, c’est de lui que nous devons tout apprendre pour être en communion divine.

Dans ces moments où la pandémie  du Coronavirus ou Covid-19, est devenue une épreuve mondiale, n’hésitons pas à déposer notre fardeau de douleurs au pied de Jésus Christ dans notre humble prière. Il s’est montré un Dieu miséricordieux, compatissant dans notre misère «Il vit une foule nombreuse et en eut pitié, et il guérit leurs infirmes.» (Mt14, 14) Par sa résurrection, il annonce la victoire que Dieu remportera un jour définitivement sur le mal et la mort, lorsque nous y serons associés pleinement et avec confiance.