Oser parler d’obéissance — Diocèse de Sens & Auxerre

Aller au contenu. | Aller à la navigation

Outils personnels

Oser parler d’obéissance

ÉDYtorial de la revue diocésaine d'octobre 2020, par le père Joël Rignault, vicaire général.

S’il y a une attitude qui supporte d’être comprise en mobilisant notre cœur et notre intelligence, c’est bien celle de l’obéissance.

Cette notion nous ramène spontanément à notre enfance où il nous est souvent arrivé d’obéir à nos parents ou à des adultes ayant autorité sans vraiment comprendre pourquoi il fallait faire cela ou ne pas le faire. Certes, souvent l’adulte fait l’effort d’être pédagogique et d’expliquer pourquoi il demande cela à l’enfant, mais l’enfant ne comprend pas nécessairement pourquoi on lui demande d’obéir.

C’est peut-être d’ailleurs la raison pour laquelle nous sommes fréquemment en difficulté devant le fait d’être amené à obéir, parce que même adulte, nous ne comprenons pas toujours pourquoi une personne ayant autorité sur nous, nous demande d’obéir.

Pourquoi ces situations sont si inconfortables et engendrent parfois de fortes souffrances ? Avons-nous l’impression d’être considéré comme un enfant, incapable de comprendre ? Avons-nous le sentiment d’être méprisé ? Cela peut nous arriver. Percevons-nous cela comme une injustice ou une atteinte à notre liberté ? Peut-être !

Nous avons eu l’audace, dans le numéro d'octobre 2020 d’Église dans l'Yonne, d’aborder ce sujet si délicat, y compris dans la vie de notre Église et donc de nos communautés.

Notre évêque nous demande quelque chose ; comment cela est-il perçu ? Notre curé demande, quelqu’un en responsabilité dans la paroisse demande, un membre de l’ÉAP… Comment cela est-il perçu ?

Évidemment, nous n’avons pas l’ambition d’exposer largement tout ce qui est en jeu dans cette attitude d’obéissance, mais simplement d’ouvrir des perspectives positives qui peuvent nous réconcilier avec cette notion.

D’abord, j’aime me souvenir de cet appel que nous trouvons dans le livre du Deutéronome (Dt 6, 4) : “Écoute Israël”. Il s’agit pour le croyant d’écouter son Seigneur. En effet, pour le disciple du Christ que nous pouvons être, reconnaître quelle est la volonté du Seigneur et comment nous pouvons devenir de bons serviteurs, pour annoncer en acte et en parole le Royaume de Dieu, peut être une finalité pour notre vie terrestre.

Rapidement exprimé, cela sera souvent un chemin de conversion personnel où nous aurons, avec l’amour de Dieu dans le cœur, transformé notre soif presque “mammifère” de pouvoir, notre préoccupation parfois démesurée de l’image que nous avons de nous-mêmes ou que nous voulons donner de nous-mêmes.

Autrement dit, qui est au centre de ma vie ? Ma personne ? Le Seigneur ? Ceux que le Seigneur me donne ? Mon conjoint ? Ma famille ? Des frères et sœurs en humanité ? Est-ce que le bien commun est une préoccupation pour moi ?
Tout ce questionnement est indispensable et supporte des débuts de réponses pour pouvoir percevoir ce que peut recouvrir cette notion d’obéissance.

Tous, nous sommes conduits à préciser comment nous percevons l’obéissance, parce que tous nous sommes conduits à un moment ou à un autre, à obéir ; parce que l’obéissance traverse notre existence, que ce soit sur le plan familial, professionnel ou institutionnel. Il est difficile parfois pour des parents avancés en âge d’obéir à leurs enfants par exemple.

Ces dernières années, il a souvent été mis en pleine lumière des abus de pouvoir. Cette mise en lumière, nous en avions tous un grand besoin et nous en avons tous toujours un grand besoin. Bien des souffrances peuvent être évitées lorsque le courage de les dénoncer est suffisamment fort.

Tous ces abus ont défiguré les aspects positifs de l’obéissance. Les traumatismes sont parfois tels, qu’ensuite nous avons une répulsion vis-à-vis de l’idée de l’obéissance. Non seulement cela est triste mais cela risque de nous empêcher d’entrevoir que l’obéissance n’abîme pas la liberté spirituelle, bien au contraire, et peut nous transformer en de très bons serviteurs du bien commun.

Dans notre existence, il peut arriver que nous constations, à la relecture de notre vie, qu’une institutrice nous avait demandé quelque chose qui était bénéfique pour nous et pour le bien commun, sans que l’on en perçoive le bien-fondé au moment de la demande.

Cette affirmation évidemment ne contredit pas d’écouter, “d’obéir” à sa conscience. Mais une conscience qui n’est pas repliée sur elle-même, une conscience qui accepte la lumière qui lui est offerte. Pour dire autrement, un cœur qui écoute.

Grâce à ces quelques lignes, nous allons chacun et chacune revisiter le rapport que nous avons avec l’obéissance. Bien sûr, nous tiendrons toujours à vérifier si celui ou celle qui a autorité sur nous, est en recherche du bien commun. Mais n’est-ce pas légitime ? ■

Mots-clés associés :
Mots-clés associés :