Une juste décision peut-elle se dispenser de l’écoute ? — Diocèse de Sens & Auxerre

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Une juste décision peut-elle se dispenser de l’écoute ?

Édytorial de la revue diocésaine de novembre 2019, par le père Joël Rignault, vicaire général.

Pour annoncer fidèlement la Bonne Nouvelle, nous sommes souvent conduits à décider telle ou telle initiative pastorale. En effet se priver d’initiatives pastorales, c’est plutôt prendre la responsabilité de figer voire de stopper l’annonce de l’Évangile. Ce constat je le fais en tant que curé de paroisse, mais vraisemblablement toute Équipe d’animation paroissiale (ÉAP) pourrait l’effectuer. On ne pourrait pas imaginer une ÉAP qui se contenterait d’établir les horaires des offices et de gérer les questions matérielles de la paroisse.
Notre pape François dès le début de son pontificat nous incitait à ce que nous soyons une Église en sortie. Mais comment effectuer cette sortie, dans quelles directions, à l’égard de quelle population ? Ce questionnement n’est pas seulement porté par le pape, les évêques et les pasteurs, c’est ensemble que nous cherchons, que nous discutons.

La diversité des charismes, des vocations nous permet d’aller avec une certaine pertinence à la rencontre de nos frères et sœurs en humanité.

Dernièrement le pape François dans son exhortation Christus vivit disait même “La pastorale des jeunes ne peut être que synodale, autrement dit, constituer un “marcher ensemble” qui implique une “mise en valeur des charismes que l’Esprit donne selon la vocation et le rôle de chacun des membres [de l’Église], à travers un dynamisme de coresponsabilité”. […] Animés par cet esprit, nous pourrons avancer vers une Église participative et coresponsable, capable de mettre en valeur la richesse de la diversité dont elle se compose, en accueillant aussi avec gratitude l’apport des fidèles laïcs, notamment des jeunes et des femmes, celui de la vie consacrée féminine et masculine, et celui de groupes, d’associations et de mouvements. Personne ne doit être mis ou ne doit pouvoir se mettre à l’écart.

Le propos de notre pape nous entraîne véritablement dans une manière d’être en Église, à tous les échelons. L’Église universelle a depuis longtemps un savoir-faire en organisant régulièrement des synodes à Rome pour porter tel ou tel défi. Au niveau de notre diocèse les assemblées diocésaines annuelles sont envisagées également dans cet esprit. Sans doute il nous faut toujours progresser pour tirer de beaux fruits de ces travaux.

Mais à l’échelon des paroisses et des mouvements, il paraît aussi important d’entrer dans cette manière d’être. La charte des ÉAP encourage l’organisation annuelle d’assemblées paroissiales. Plus encore, c’est au quotidien que le réflexe de consulter, écouter doit s’installer.

Parce que je sais que l’Esprit Saint travaille les cœurs, les éclaire, parce que je sais que la Vérité de la Foi traverse tout le corps ecclésial, je sais que je ne peux pas être obéissant à la Vérité de la Foi si je n’écoute pas ce corps ecclésial. (Sensus fidei ; §91 “Les sujets du sensus fidei sont les membres de l’Église qui participent à la vie de l’Église, conscients que nous, qui sommes plusieurs, nous ne formons qu’un seul corps dans le Christ, étant, chacun pour sa part, membres les uns des autres (Rm 12,5))”.

Que je sois laïc, prêtre, diacre, religieux, religieuse, dès que je porte une responsabilité, je ne peux être oublieux de cette écoute.
Évidemment, ensemble nous ne nous limitons pas à écouter, nous apprenons à porter cette écoute dans la prière, à discerner ensemble et peut-être à décider ensemble lorsqu’une initiative semble opportune.

Dans le numéro de novembre 2019 d’Église dans l'Yonne, nous avons cherché modestement à illustrer comment cette manière d’être se déploie dans notre diocèse.

Si nous réalisons que notre Foi en la présence du Christ

  • qui fait route avec nous, et nous anime de son Esprit
  • si nous réalisons que nous sommes immergés dans ce mystère trinitaire, alors c’est toute notre vie quotidienne qui se trouve imprégnée par cette façon d’être.

Une famille peut-elle être heureuse si une seule personne décide seule, toujours et à tout instant pour tous les membres de la famille ? Une entreprise peut-elle être efficace et rentable si une seule personne décide seule, sans écouter les autres ?

Dans le domaine de la recherche, dans les services pointus de l’univers médical, on travaille maintenant plus naturellement en équipe, voir on recrute plus volontiers des personnes qui sont capables de travailler en équipe.

Bref, si dans la société civile on commence à percevoir tout l’intérêt de cette manière d’être, combien plus au nom de notre Foi nous sommes convaincus qu’au sein de notre Église il nous faut vivre habituellement de façon synodale.

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