Sobriété — Diocèse de Sens & Auxerre

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Sobriété

Édytorial de la revue diocésaine d'octobre 2019, par Mgr Hervé Giraud.

Qu’elle soit qualifiée de saine, heureuse, numérique… etc., la sobriété semble renaître à l’heure des choix écologiques. Presque absent dans les textes du concile Vatican II, sauf à propos de la vie religieuse, le mot apparaît deux fois chez saint Jean-Paul II, toujours dans le contexte de la vie consacrée : “la pauvreté évangélique suscite l’intérêt de ceux qui, conscients des limites des ressources de la planète, réclament le respect et la sauvegarde de la création en réduisant la consommation, en pratiquant la sobriété et en s’imposant le devoir de mettre un frein à leurs désirs. Il est donc demandé aux personnes consacrées de donner un témoignage évangélique renouvelé et vigoureux d’abnégation et de sobriété…” (Vita consecrata 90).

Benoît XVI aura été le premier à établir plus explicitement, et de façon générale, le lien entre sobriété et consommation, dans Caritas in veritate : “il faudra consommer de manière plus sobre…” (Caritas in veritate 66). Mais c’est bien le pape François qui va donner à ce mot toute son ampleur. On le relève huit fois dans l’encyclique Laudato Si’, à l’appui de l’idée de “saine sobriété” (LS 126).

Le pape invite à “une certaine décroissance” ou à “une saine croissance” pour favoriser des comportements plus sobres” (LS 193). Mais il estime surtout que la sobriété commence par une attitude spirituelle : “La spiritualité chrétienne propose une autre manière de comprendre la qualité de vie, et encourage un style de vie prophétique et contemplatif, capable d’aider à apprécier profondément les choses sans être obsédé par la consommation. […] Il s’agit de la conviction que ‘moins est plus’. […] La spiritualité chrétienne propose une croissance par la sobriété… C’est un retour à la simplicité qui nous permet de nous arrêter pour apprécier ce qui est petit, pour remercier des possibilités que la vie offre, sans nous attacher à ce que nous avons ni nous attrister de ce que nous ne possédons pas”. (LS 222). Il proclame alors que “la sobriété… est libératrice” (LS 223).

Pour François, la sobriété n’est pas moins de vie, mais une manière de valoriser chaque personne et d’apprécier des choses les plus simples. Cela passe par les rencontres fraternelles, le service, le déploiement de nos dons, “dans la musique et l’art, dans le contact avec la nature, dans la prière”. En reconnaissant que “la sobriété et l’humilité n’ont pas bénéficié d’un regard positif au cours du siècle dernier”, il en appelle à développer une “sobriété heureuse” (LS 224) : “Aucune personne ne peut mûrir dans une sobriété heureuse, sans être en paix avec elle-même. […] La paix intérieure des personnes tient, dans une large mesure, de la préservation de l’écologie et du bien commun, parce que, authentiquement vécue, elle se révèle dans un style de vie équilibré joint à une capacité d’admiration qui mène à la profondeur de la vie”. (LS 225)

Au milieu des bruits de ce monde et de la distraction permanente et anxieuse, le numéro d'octobre 2019 d’Église Dans Yonne nous invite à “consacrer un peu de temps à retrouver l’harmonie sereine avec la création, à réfléchir sur notre style de vie et sur nos idéaux, à contempler le Créateur, qui vit parmi nous et dans ce qui nous entoure” (LS 225). Jules Renard remarquait : “c’est le jeûne qui fait le saint, et la sobriété, l’homme de bon sens”. Que le bon sens guide donc, dans la sobriété, nos premiers pas vers la sainteté.

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