Un libre chemin vers la Vérité — Diocèse de Sens & Auxerre

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Un libre chemin vers la Vérité

Édytorial de la revue diocésaine de mai 2021, par Mgr Hervé Giraud

Entre les artistes et l’Église il y a une longue histoire qui incite à toujours encourager ceux qui portent, condensent et parfois anticipent les questions de l’humanité. S’imprégnant du sens de la création, l’art peut nous déplacer, nous faire avancer au large. C’est pourquoi l’Église espère toujours un dialogue fécond avec les artistes : leur inspiration peut nous inspirer ; leurs œuvres laissent entrevoir un chemin vers un au-delà et parfois vers Dieu lui-même. Leur liberté incite à s’extraire du carcan matérialiste, de même que l’idée peut surgir de la forme artistique sans en rester prisonnière.

Et cette liberté première est vouée à une saine contagion : la vocation des artistes, belle et souvent difficile, les rend capables de nous faire entrer dans cet espace créatif. Ainsi, en encourageant les artistes nous leur disons : “Éveillez-nous, réveillez-nous ! Soyez des artisans et des promoteurs de la culture, d’une culture qui favorise le bien et le beau”. En les accueillant, nous souhaitons apprécier leur talent non avec le filtre de la mondanité, mais avec cette même vision spécifique du prochain qui nous est indiquée par le Christ. Il revient donc à chacun de savoir réserver un espace de liberté en lui pour accueillir les expressions artistiques, un espace où dialoguent raison et foi, sensibilité et passion.

Les sens, dans toutes les acceptions de ce terme, apparaissent ainsi au cœur même de cet espace de liberté artistique. Et l’on mesure d’ailleurs que ce n’est pas en vain que l’Église considère sa liturgie comme “source et sommet de la vie chrétienne”, puisque ses célébrations convoquent non seulement les cinq sens qui nous donnent d’apprécier la bonté de la Création, mais aussi le sens de ces signes et de ces rites : la présence de Dieu au milieu de son peuple assemblé. Or c’est bien l’incarnation du Verbe éternel qui a donné aux plasticiens la liberté d’ouvrir un champ créatif plus vaste en manifestant, par l’image, cette présence réelle et éternelle : “Dieu, personne ne l’a jamais vu ; le Fils unique, lui qui est Dieu, lui qui est dans le sein du Père, c’est lui qui l’a fait connaître” (Jn 1,18). Soyons donc fiers de la tradition artistique de l’Église qui s’en est suivie, donnant à l’humanité quelques-uns de ses plus beaux trésors et contribuant à encourager une considération nouvelle de la grandeur de l’homme, temple de l’Esprit Saint.

Tout cela crée une responsabilité réciproque entre les artistes et les fidèles. Pour les uns, l’exigence de l’inspiration et de la sincérité est totale car des mots égrainés au fil de la plume n’ont jamais fait une poésie, des notes distillées sans intention n’ont jamais produit de musicalité, des pierres posées sans âme n’ont jamais édifié de temple à la gloire de Dieu. Mais à nous aussi, il est demandé d’être attentifs autant qu’exigeants, ouverts à la nouveauté autant qu’attachés à appréhender la continuité de l’héritage de la foi. Le chef-d’œuvre mérite bien d’être entouré de toutes ces précautions si l’on réalise qu’il ne fait rien de moins que matérialiser, dans l’œuvre d’art véritable, cette quête de la Vérité dans laquelle l’humanité doit exercer au plus haut degré sa liberté.

 

Le numéro de mai de la revue diocésaine a pour thème "La liberté dans l'espace artisitique". Il est disponible à l'achat au numéro.

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