Communiqué n°9 de Mgr Hervé Giraud — Diocèse de Sens & Auxerre

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Communiqué n°9 de Mgr Hervé Giraud

"En ce 40ème jour de confinement..." communiqué de Mgr Hervé Giraud aux fidèles du diocèse de Sens & Auxerre.

"S’il est vrai que, dans le Christ, on se réconforte les uns les autres, si l’on s’encourage avec amour, si l’on est en communion dans l’Esprit, si l’on a de la tendresse et de la compassion, alors (…) que chacun de vous ne soit pas préoccupé de ses propres intérêts ; pensez aussi à ceux des autres. Ayez en vous les dispositions qui sont dans le Christ Jésus." (Cf. Ph 2,1-5)

 

Dieu ne nous sauvera pas sans nous.

 

Cette année nous avons chanté l’Alleluia de Pâques remplis "à la fois de crainte et d’une grande joie" (Mt 28,8). Nous aurions voulu nous donner la paix, nous serrer la main. Mais cette période de crise, à la fois sanitaire, économique et sociale, se poursuit et, dans toute sa rigueur, bouleverse l’ordinaire de nos vies comme nos emplois du temps qui semblaient pourtant incompressibles. Ce bien commun pour lequel nous avions peine à nous mobiliser, nous en mesurons aujourd’hui le caractère essentiel. Nous sommes entrés en temps pascal dans ce climat d’inquiétude mondiale. Le temps du carême s’est achevé mais notre quarantaine s’est transformée en cinquantaine vers Pentecôte. Les dimanches qui se succèdent ne font pourtant qu’un seul jour avec Pâques, et à cette réalité liturgique répond bien ce temps particulier qui nous est imposé par la situation, un temps suspendu à chaque nouvelle mesure imposée par la pandémie. Comme beaucoup, nous nous posons déjà la question de l’après, mais en chrétiens nous vivons le présent comme "un mémorial" c’est-à-dire avec la vive conscience du passé et l’espérance de l’avenir. La solitude conduit à nous sentir plus proches les uns des autres et nous avons besoin de l’intelligence de tous.

Alors que devons-nous faire ? Beaucoup de fidèles attendent "la relance des messes". Cette communion eucharistique est pour l’instant une communion désirée, une communion spirituelle. Mais tout dépendra de la date rendant possible des rassemblements dans les lieux publics. En attendant, nous pouvons rendre plus réelle notre communion fraternelle. Les catéchumènes attendent leur baptême. Nous l’espérons pour la veille de la Pentecôte. Il faudra encore attendre pour que cela soit confirmé. Les enfants attendent une première communion : chaque curé verra en fonction des demandes et du calendrier des messes. Des jeunes attendent leur profession de foi. Il semble opportun de la repousser à la rentrée comme un temps fort de début d’année scolaire. Des familles endeuillées attendent une "messe de suffrage" pour honorer la mémoire de leurs défunts. Ces messes seront célébrées dès que possible.

Pour tous, l’heure est à la solidarité, aux gestes simples d’attention (un appel téléphonique, des services rendus à des personnes qui ne peuvent se déplacer…). Il serait bon que nous nous partagions toutes nos idées, notre créativité, notre inventivité pour que grandisse là encore la fraternité. Pour ceux qui s’en seraient éloignés, l’heure est propice pour revenir à Dieu. Au milieu des initiatives qui se multiplient, chacun peut trouver la manière d’exprimer le renouvellement des promesses de son baptême. Dans notre diocèse, sainte Alpais nous donne l’exemple d’une vie marquée par une maladie qui l’a contrainte à vivre recluse pendant 40 ans : sans doute pourrait-elle guider notre prière.

En tout cela, il s’agit surtout de comprendre ce que Dieu attend vraiment de nous. La période nous invite à trouver les justes attitudes chrétiennes. Dieu ne nous sauve pas sans notre coopération. Ainsi que saint Augustin l’explique très clairement : "Dieu qui t’a créé sans toi ne te sauvera pas sans toi.". Dieu agit comme il veut, quand il veut, mais nous croyons surtout qu’il passe par des médiations, c’est-à-dire par nous, pour nous aimer et nous sauver. Dieu agit par notre discernement. Sa manière habituelle de nous exaucer ce n’est pas de s’imposer spectaculairement mais d’agir par nous, par l’humble geste d’un soignant, la prière d’un cœur sincère, le travail consciencieux au service de l’intérêt général… Si des gestes liturgiques extraordinaires ont été et peuvent être des signes de foi et d’espérance, ils ne le seront que par un encouragement simultané à des gestes ordinaires d’attention vis-à-vis des malades et des personnes en précarité, par des coopérations multiples à une solidarité qui ne devrait pas attendre une crise pour se vivre pleinement.

En ces jours où l’Homme se redécouvre mortel, où sa conception de la vie peut être bouleversée, où la planète elle-même semble contre toute attente pouvoir ralentir, les chrétiens affirment leur foi en la résurrection du Christ. Mais celle-ci n’enlève pas le scandale de la mort. Elle peut même l’obscurcir encore. Ne serait-ce que pour être toujours capable de compassion. Jésus a lutté contre la mort. Ainsi que je vous le confiais à travers mon homélie du mardi saint 2018 : "Ce moment de vie, ce moment si unique, si mystérieux, et que personne ne vit ni ne vivra de la même manière, ni à notre place, il nous revient de ne pas l’éluder. (…) La mort est un passage, une compagne non voulue et cependant intime et inséparable au point de n’être pas seulement un terme mais un risque permanent. La mort oblige ainsi paradoxalement à faire un choix de vie. Chaque acte quotidien, et surtout chaque acte d’amour prépare et anticipe la remise de soi entre les mains de Dieu même. Ainsi, nos actes portent un poids d’éternité. La meilleure manière d’apprendre à voir la mort en face c’est d’engager tout notre amour dans chacun de nos actes. C’est par notre don quotidien que notre mort devient mystérieusement un don pour les autres."

Continuons donc de témoigner de notre foi et de notre espérance par notre charité. En vivant comme des "christophores", des "porteurs du Christ", nous découvrirons qu’il y a déjà la présence du Christ en ceux que nous rencontrons. Permettez-moi ici de remercier tous ceux qui accomplissent chaque jour leur mission dans le diocèse, que ce soit de manière salariée ou bénévole, et d’applaudir avec vous tous ceux qui rendent possible la vie dans notre « maison commune ». Efforçons-nous résolument, en ce temps pascal où nous rendons grâce à Dieu pour la résurrection du Christ, de vivre en frères et sœurs du Ressuscité. Et n’oublions pas de prier pour les défunts, les familles éprouvées et les personnes les plus isolées.

Que le Seigneur nous bénisse et nous garde.

+ Hervé GIRAUD
Archevêque de Sens & Auxerre

 

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