Méditation de Mgr Hervé Giraud — Diocèse de Sens & Auxerre

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Méditation de Mgr Hervé Giraud

Nous allons célébrer Pâques au terme d’un carême marqué par l’épreuve d’une pandémie planétaire et dans les rigueurs d’un confinement qu’il est essentiel d’observer dans l’intérêt du bien commun ... (31 mars 2020).

Parce que nous sommes déjà ressuscités avec le Christ…

 

Nous allons célébrer Pâques au terme d’un carême marqué par l’épreuve d’une pandémie planétaire et dans les rigueurs d’un confinement qu’il est essentiel d’observer dans l’intérêt du bien commun. Certes, nos esprits et nos cœurs sont contraints par l’inquiétude et la compassion devant une situation qui doit d’abord provoquer à la solidarité. Mais cette situation n’enlève rien à cette célébration essentielle de la foi chrétienne.

            En effet, il ne s’agit pas simplement de liturgie, de calendrier, ni de rite. La résurrection n’est pas une “happy end” : nous n’attendrons pas la fin de cette période, aussi difficile soit-elle, pour vivre en “ressuscités”, sinon nous attendrions la fin des temps pour fêter Pâques. En ces temps, très durs pour certains, comme en tout trouble grave qui marque la vie des hommes et des femmes, pensons notamment à la Syrie, à l’Irak, au Soudan… il nous faut déjà être “ressuscités avec le Christ” (Col 3,1). Le cortège des maladies cruelles, des accidents dramatiques, des victimes de famines ou de guerres accompagne l’humanité depuis toujours, sans que ces épreuves aient jamais empêché d’annoncer la résurrection du crucifié et surtout d’en vivre.

            Car, fondamentalement, Pâques ne fait pas oublier la Croix ou la mort ou les épreuves. La résurrection rend même la croix plus ténébreuse : “Il a donc fallu que Dieu en passe par là… ?” Insondable mystère ! Il nous faut d’abord croire que la résurrection habite la Croix, que la vie habite le crucifié. Sa nuit est déjà “lumière de midi”. La résurrection habite et même précède la mort.  La célébration pascale n’est pas un alléluia qui oublie les croix vécues, un chant d’allégresse qui étouffe les cris de douleur de l’humanité.

            Il faut célébrer cette fête de Pâques en ces jours qui l’ont préparée, dans les conditions contingentes de notre monde traumatisé, car ce n’est pas seulement fêter la victoire sur le Mal et la mort, c’est être invité à compatir toujours mieux aux souffrances actuelles. Différer la célébration de Pâques ce serait reporter l’espérance qui nous anime quand nous devenons des prochains de tant de souffrances, d’isolements, de fragilités, de précarités. Fêter Pâques en son temps, c’est rendre manifeste le temps de l’Esprit, qui habite le nôtre, le temps de ce monde. Dans le temps pascal, chaque jour célèbre le Christ ressuscité qui monte vers son Père et le prie de nous envoyer son Esprit. Si nous pouvons, comme nous l’espérons, célébrer les sacrements de l’initiation chrétienne des catéchumènes à la vigile de Pentecôte, nous manifesterons alors tout ce que nous n’aurons pas pu vivre visiblement à Pâques. Dans le temps de Dieu, Pâques et Pentecôte ne forment qu’un seul jour ! Les fêtes de Pâques seront toujours célébrées par l’Église dans toute sa catholicité et au juste moment : ces conditions qui nous sont aujourd’hui imposées nous rappellent qu’il y a toujours des frères ou des sœurs qui souffrent auprès ou loin de nous, et nous provoquent à mieux comprendre, à cette mesure, le sens d’une véritable communion.

+ Hervé GIRAUD

Archevêque de Sens & Auxerre

 

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