L’édito du père François Campagnac (juin - juillet 2020) — 27. Paroisse Notre-Dame de Montréal

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L’édito du père François Campagnac (juin - juillet 2020)

Que nous est-il arrivé ?

Il nous faudra du temps pour relire et saisir ce qui s’est passé pour chacun ces dernières semaines. Temps de confinement chez soi, de distanciation sociale, de mesures sanitaires… Plus de distances, plus de restrictions, moins de relations, moins de libertés… Certains ont pu éprouver comme une sorte de "mort sociale"… qui n’est pas sans rappeler celle à laquelle sont confrontés pourtant au quotidien tant d’exclus, de malades, de personnes âgées isolées, de sdf, de migrants…

Que nous est-il arrivé ? Un temps de désert, de jeûne vécu humainement et peut-être aussi spirituellement… pas seulement pour les chrétiens, mais pour l’humanité entière ; un temps de manque qui a bousculé nos habitudes et nos certitudes ; un temps de vide qui a éprouvé nos convictions et peut-être jusque notre foi…, et que nous avons vite cherché à remplir de paroles, d’images, de bruit… parce que l’absence ou le silence nous font peur… à l’image de notre finitude…

De la même manière que pour Jésus au désert 40 jours après son baptême (cf Marc 1,12), l’Esprit nous a poussé au désert bien plus que le temps d’un carême… pas pour nous mettre à l’épreuve, mais pour nous parler. Dans la Bible, le désert est d’abord le lieu et le temps où Dieu parle à son peuple. Dans toute expérience de désert, Dieu n’est jamais absent, mais au contraire plus proche de nous. Même sans pouvoir nous rassembler pour célébrer l’eucharistie, le Seigneur s’est rendu présent à chacun par sa Parole. (Cf Matthieu 28,20) Et certains ont pu redécouvrir dans leur vie des espaces ou des chemins de prière. L’Esprit Saint a réveillé un don de communion avec le Christ et entre nous…

Au désert, L’Esprit Saint agit aussi comme un révélateur de nos fonctionnements : le manque révèle la valeur que nous donnons aux personnes, aux démarches ou aux choses devenues absentes, la distance révèle quel essentiel nous avons mis au cœur de notre vie. L’Esprit a mis en lumière que nous sommes fragiles, vulnérables. Pris de panique, nous aurions pu rejeter cette fragilité, en la transformant en sentiment d’oppression ou de persécution de la part des autorités, ou de fatalité devant le destin. Mais de cette fragilité, l’Esprit a suscité aussi de formidables élans de solidarité : dans nos villages, des gestes concrets de soutien, des liens nouveaux tissés avec des voisins, des attentions simples comme faire des courses, fabriquer des masques, téléphoner à l’un ou l’autre… L’Esprit a soufflé discrètement. Comme le disait St François de Sales, “le bruit ne fait pas de bien, et le bien ne fait pas de bruit."

Ce même Esprit Saint est celui qui est donné à l’Eglise le jour de la Pentecôte. Depuis l’arrestation et la mort de Jésus, les Apôtres avaient vécu plus de 50 jours confinés au Cénacle, enfermés dans la peur. Le souffle de l’Esprit leur donne la force de sortir et la confiance pour vivre le déconfinement, c’est-à-dire auprès de tous être témoins de Jésus Ressuscité, de sa paix et de sa miséricorde. Et à nous aussi qui avons pu nous retrouver pour fêter ensemble la Pentecôte ! Parmi les dons que l’Esprit diffuse, demandons celui de "conseil", qui donne discernement et sens de la responsabilité. Alors nous pourrons avec les autres enfin prendre l’air, reprendre souffle dans nos vies… et mieux qu’avant !

Père François Campagnac
Curé de Notre-Dame de Montréal
Doyen de l’Avallonnais-Tonnerrois

MERCI à tous ceux qui ont été des relais, des messagers, des soutiens pendant cette période de 2 mois de confinement, pour diffuser les numéros spéciaux des Semeurs : ils ont été au long de ces semaines, un lien et un soutien pour beaucoup.

MERCI aussi aux paroissiens qui se sont mobilisés pour le nettoyage et les aménagements à la collégiale, nécessaires pour la reprise des célébrations dans le respect des règles sanitaires demandées. Ce dispositif exigeant n’étant pas aménageable dans nos autres églises, la collégiale de Montréal demeure jusqu’au 15 août le lieu privilégié pour les célébrations.   

L’EAP