Quand vieillir est une bénédiction et une grâce ... — 3. Paroisse Sainte-Colombe du Sénonais

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Quand vieillir est une bénédiction et une grâce ...

Dans une série de catéchèses, le Pape François à inviter le peuple de Dieu à méditer et à s'interroger sur notre attitude sur cette période de la vie.

QUAND VIEILLIR EST UNE BENEDICTION ET UNE GRÂCE ....

« Aux jours de la vieillesse et des cheveux blancs, ne m'abandonne pas, ô mon Dieu ; et je dirai aux hommes de ce temps ta puissance, à tous ceux qui viendront, tes exploits. » (Ps70,18).                                                         Cette prière du psalmiste dit la peur et la fragilité de l’Homme au jour des cheveux blancs.

Dans une série de catéchèses du 23 février au 24 août 2022, le Pape François a invité le peuple de Dieu à méditer et à s’interroger sur notre attitude face à cette période de la vie. En dressant le tableau de notre civilisation dite moderne, le Pape pose une question : « Comment se fait-il que la civilisation moderne, si avancée et efficace, soit si mal à l'aise avec la maladie et la vieillesse, cache la maladie, cache la vieillesse ? » Evidemment dans une société de rendement, d’efficacité, l’être humain est généralement assimilé à une machine de production, qui n’a de valeur que si elle produit des richesses et des biens. La machine est envoyée naturellement à la déchèterie quand elle ne sert plus. « Dans cette société de déchet, cette culture de déchet », pour reprendre les mots du Pape François, la personne âgée qui ne « sert plus à rien » (au sens capitaliste du terme), est mise à l’écart. Et pourtant, nous sommes tous des personnes âgées en sursis.

Cette mentalité fait qu’on refuse des appellations de vieux ou de vieilles, considérées comme péjoratives. On préfère maquiller la réalité par d’autres concepts qui n’effacent pourtant pas ce qui est : « les aînés », « les seniors »,    « les personnes âgées ».

Vieillir, c'est accepter les rides du visage, la neige des cheveux, comme de chers présents qui veulent nous dire, en leur simple langage : « le déclin est venu ; sur toi, la nuit descend ».

Vieillir, c'est constater la faiblesse croissante de nos corps lassés par de rudes travaux, notre œil moins assuré, notre marche plus lente, et les moindres ennuis devenant des fardeaux.

Vieillir, c'est regarder la route parcourue, regretter nos erreurs, notre manque de foi et bénir notre Dieu qui prépare l'issue de nos sombres tunnels, en calmant notre émoi.

                                                                                                                                                                                 

Quand j’étais en Côte d’Ivoire, j’étais étonné qu’on appelle certaines personnes dans la rue ou à la maison « la vieille » ou « le vieux ». J’ai compris après, que c’était une marque d’affection envers une personne qui peut avoir l’âge de nos parents. Cela signifie aussi qu’on reconnaît à la personne une forme de sagesse qui peut aider et éclairer le plus jeune.

C’est donc à juste titre que le Pape François invite à reconnaître les personnes âgées comme étant les gardiens de la mémoire. « Ils sont la mémoire de la famille, la mémoire de l’humanité, la mémoire du pays. » Un peuple qui perd sa mémoire est un peuple condamné à répéter les erreurs du passé.                          « Pénètre le cours des âges. Interroge ton père, il t’instruira ; les anciens te le diront. » (Dt 32,7), rappelle l’auteur sacré.

La vieillesse aujourd'hui, dans les sociétés occidentales, est une saison de la vie souvent mal aimée et qui fait peur. Or savons-nous que dans la Bible, le grand âge est aussi un signe de bénédiction ? Le prophète Isaïe le traduit bien : « Là, plus de nourrisson emporté en quelques jours, ni d’homme qui ne parvienne au bout de sa vieillesse ; le plus jeune mourra centenaire, ne pas atteindre cent ans sera malédiction. » (Is 65,20).                                                                      Nous devons rendre grâce à Dieu de vieillir et aussi d’avoir des vieux avec nous. Même s’ils ne sont plus solides physiquement, ils ont des richesses à partager avec nous.                                                                                   C’est pourquoi Ben Sira le Sage nous recommande : « Ne fuis pas la conversation des vieillards – eux-mêmes ont appris de leurs pères – car auprès d’eux tu acquerras l’intelligence et l’art de répondre en temps voulu. » (Sir 8, 9) Apprenons donc, à honorer nos vieillards selon l’injonction du Seigneur : « Tu te lèveras devant des cheveux blancs, tu honoreras la personne du vieillard et tu craindras ton Dieu. Je suis le Seigneur. » (Lv 19,32)

 

P. Jean-Eric AGBOBLI, curé de la paroisse de Saint Ebbon