2 février : fêter la vie ordinaire — Diocèse de Sens & Auxerre

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2 février : fêter la vie ordinaire

Initiative de Jean-Paul II en 1997, la journée de la vie consacrée a lieu chaque année le 2 février, en la fête de la Présentation du Seigneur au temple. Sœur Aude-Marie, FMJ, nous donne quelques pistes de réflexion, illustrées d’un tableau de Fra Angelico.

Voici l'occasion de lire ou relire un article paru dans la revue diocésaine Église dans l'Yonne - ÉDY, n°1 - janvier 2021, p. 22

Être les parents de Jésus, est-ce que cela rend la vie extraordinaire ?

L’Évangile souligne plutôt que Marie et Joseph agissent comme des gens ordinaires. Ainsi, 40 jours après la naissance de Jésus, ils l’emmènent au Temple de Jérusalem pour le consacrer au Seigneur. C’est la tradition. Et ce qui se passe alors est tout simple : Syméon reçoit l’enfant dans ses bras et proclame qu’il est l’accomplissement des promesses. En un sens, on pourrait dire que le 2 février, en fêtant la Présentation, nous fêtons la vie ordinaire dans laquelle Dieu se manifeste.

 


La présentation au Temple, fresque de Fra Angelico, Musée San Marco, Florence, Italie.

La vie ordinaire n’est pas une vie banale

Regardons comment Fra Angelico l’évoque par l’une des fresques du couvent San Marco à Florence. Marie vient de faire ce geste que font toutes les mamans : elle a mis son enfant dans les bras de ce vieil homme. Mais elle n’a pas l’attitude un peu anxieuse de celle qui craint de le confier à d’autres. Elle est là, toute droite. Une main est encore en train de donner, mais l’autre semble exprimer l’étonnement, ou peut-être le geste que l’on fait devant la flamme d’une bougie. Elle a donné son enfant, elle le contemple devenu lumière dans les bras de Syméon.

De Syméon, nous ne savons qu’une chose : il attendait. Comment imaginait-il la délivrance d’Israël ? En tous cas, aujourd’hui, il reçoit un nourrisson. Il ne le soupèse pas pour voir s’il sera un guerrier redoutable. Il le regarde. On dirait qu’il plonge ses yeux dans les yeux de l’enfant. La lumière danse sur son visage, et joue sur les plis de son vêtement. Il regarde, mais c’est l’enfant qui l’illumine.

Quant à Joseph, on ne le voit pas tout de suite, derrière Marie. On a un peu l’impression qu’il arrive trop tard, avec son panier, mais il ne s’en soucie pas ; l’offrande qu’il venait faire s’accomplit autrement.

Tout est ordinaire dans cette scène, mais rien n’est banal. En effet, chacun se donne tout entier dans son geste. Et chacun accueille une réalité plus grande que le geste qu’il fait, une vie qui le dépasse.

Consacrés pour voir Dieu dans l’ordinaire

Depuis 1997 la fête de la Présentation est aussi celle de la vie consacrée. Fra Angelico peint cette fresque pour un de ses frères dominicain, justement. Que va contempler ce “consacré” ? Donner, recevoir, c’est ce qui fait sa vie, comme celle de tout homme, et il ne le fait pas mieux que les autres. D’ailleurs, Fra Angelico ne l’invite pas à s’identifier à Marie, ou à un autre saint. Un dominicain est représenté à gauche : il regarde respectueusement, en retrait.

Mais à force de regarder, peut-être va-t-il commencer à voir : Jésus est là. Les gestes des personnages sont pleins de grâce parce que l’enfant se laisse donner et recevoir par eux. À force de regarder, il verra peut-être aussi Jésus dans les gestes de ceux qu’il côtoie, et il le leur dira par sa vie : Dieu est là, avec nous ! En un sens, c’est toute sa mission.

Alors, le 2 février, bonne fête de la vie consacrée à nous tous ! Bonne fête de notre vie ordinaire, consacrée par la présence de Dieu… et qu’il nous donne des yeux pour le reconnaître !

sœur Aude-Marie, FMJ, Vézelay