Les sept dons de l'Esprit

Notre vie chrétienne est vie dans l’Esprit. Saint Irénée exhortait les chrétiens à « se laisser rajeunir par l’Esprit Saint ». Il précisait : « sous l’action de l’Esprit saint, la foi rajeunit et nous rajeunit ». Laissons-nous rajeunir par l’Esprit ! L’Esprit est le Don par excellence : il nous faut donc prier l’Esprit Saint qui nous offre de multiples dons. Un confirmand m’a écrit : « Je demande tous les dons qui me font défaut. J’ai fait des recherches sur internet, sur les dons de l’Esprit ; et cela m’a convaincu. » Dans une prière à l’Esprit, il est précisé : « Tu es l’Esprit aux sept dons… ». Isaïe (11) les citait déjà et dans la prière de confirmation on les énumère ainsi : « Esprit de sagesse et d’intelligence, Esprit de conseil et de force, Esprit de connaissance et d’affection filiale ; remplis-les de l’Esprit d’adoration. » Permettez-moi de dire l’actualité de ces sept dons.

1. Le don de la sagesse : c’est le don le plus élevé. C'est un don de vigilance, de discernement, de recul. Il aide à prendre de la hauteur sans se mettre en surplomb, au-dessus des autres. La sagesse, c'est de voir la vie, les personnes, la réalité un peu comme Dieu les voit. « Si l'un de vous manque de sagesse, qu’il la demande à Dieu et elle lui sera donnée » disait saint Jacques (1,5-6).

2. Le don d’intelligence : c’est le don le plus urgent actuellement. Face au dérèglement de la raison, il est le don qui nous aide à réfléchir. Il n’est pas réservé aux intellectuels car chacun de nous a son intelligence propre. Il éclaircit et dilate l’esprit, le simplifie. Chers parents, prenez le temps de réfléchir et aider vos enfants à faire de même. Ne répondez pas à leur place pour laisser leur intelligence grandir. Le don d’intelligence aide à penser par soi-même. Dieu croit à notre intelligence. Mais n’ayons pas honte parfois de dire que nous ne savons pas. Nous avons le droit de ne pas tout savoir. C’est un moyen de renvoyer vers d’autres.

3. Le don de conseil : ce don est infiniment précieux quand il s’agit de décider pour un avenir toujours incertain. L’Esprit est notre conseiller. Il m’arrive souvent de lire des points de vue très divers pour chercher la part de vérité qui est ailleurs. N’oublions pas que « la nuit porte conseil », « la nuit, Dieu porte conseil ». « Avant de choisir… une nuit, une messe » disaient nos maîtres au séminaire.

 4. Le don de force : c’est le don des recommencements. C’est aussi le don des achèvements. Car il faut aimer jusqu’au bout : « Jésus, sachant que son heure était venue de passer de ce monde vers le Père, ayant aimé les siens qui étaient dans le monde, les aima jusqu'à la fin ». Ce don nous aide à ne pas nous décourager. Lors d’une difficulté, apparemment insurmontable, c’est ce don qu'il faut demander. L’Esprit Saint nous relance. Sans lui, il n'est pas possible d’affronter toutes les difficultés d’une vie. Ce don de force est un don de résistance au mal, de résistance dans les épreuves. Demandons ce don de force pour ne pas reculer face à la première difficulté. Le don de force, c'est celui de Marie au pied de la croix.

5. Le don de connaissance : c’est le don qui est au service de la foi. Ce don nous permet de discerner ce qu’il faut croire et ce qu’il ne faut pas croire. Dieu lui-même nous donne de mieux croire en lui. Il nous conduit à croire d’une manière toujours plus intelligente. Ce don nous permet de prendre du recul face aux rumeurs, aux fausses nouvelles, aux réactions trop rapides des réseaux sociaux. Ce don peut nous aider à avoir le sens de la foi, à juger ce qui consonne avec la foi. Par ce don, Dieu nous dit d’ajuster aussi notre foi, de l’affiner. Ce don de connaissance invite à l’humilité et aux nuances pour « être des collaborateurs de la vérité » (3 Jn 8).

6. Le don de l’affection filiale : il nous pousse à aimer comme des fils. « Vous avez reçu un Esprit qui fait de vous des fils adoptifs et par lequel nous crions : Abba, Père » (Rm 8,15). Ce don nous pousse à un amour filial envers Dieu. Car on n’aime pas Dieu n’importe comment : on l’aime comme des fils en nous aimant comme des frères. Ce don est celui qui nous fait rendre un culte à Dieu, notre Créateur, notre Seigneur, et surtout notre Père.

7. Enfin le don d’adoration : il nous aide à nous préparer à la contemplation de Dieu. Il nous prépare à cette rencontre transcendante qu’est Dieu lui-même. Il renvoie donc à la crainte de Dieu, ce sentiment qui est respect de la sainteté de Dieu. Ce qu’il faut craindre, ce n’est pas d’abord Dieu, c'est d’être séparé de lui. Les célébrants à l’Eucharistie disent cette prière à voix basse : « Seigneur Jésus Christ… fais que jamais je ne sois séparé de toi. » Le don d’adoration nous fait accéder à la hauteur, à la largeur, à la longueur et à la profondeur de son mystère (Ep 3,18.19).

Je termine par quelques phrases de confirmands qui font écho à ces sept dons qu’ils aspirent à recevoir :

« J’ai fait ce choix réfléchi seul. J’ouvre un chapitre de ma vie chrétienne » ; « On nous a laissés réfléchir à notre foi » ;  « J’ai découvert ce que voulait dire le mot chrétien » ; « Jésus est devenu un pilier de ma vie. Je me suis attaché à ce personnage qui est Dieu. J’ai découvert que Jésus est mon repère » ; « L’incendie de Notre-Dame de Paris m'a amené à franchir les portes de notre cathédrale… avec besoin… avec soif… » ; « Le Seigneur est venu me chercher alors que j’étais au plus bas. Je n’avais jamais pensé en tant qu'adulte qu'il était encore possible d'être confirmé. »

Ainsi donc, « n’éteignez pas l’Esprit » (1 Th 5,19) : « Là où l’Esprit du Seigneur est présent, là est la liberté. » (2 Co 3,17)