"Ma force et mon chant, c’est le Seigneur" — Diocèse de Sens & Auxerre

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"Ma force et mon chant, c’est le Seigneur"

Quand notre corps est blessé par la souffrance et la maladie, notre esprit est brisé et notre Foi chancelante. Le père Jean-Michel Tendeng, curé de la paroisse Sainte-Colombe du Sénonais, témoigne de sa maladie à la lumière de sa Foi chrétienne.

article paru dans la revue diocésaine Église dans l'Yonne de janvier 2021, dans le dossier "Force et faiblesse", p. 18

Témoigner de ma maladie à la lumière de ma Foi chrétienne c’est dire l’espérance qui m’anime à la suite de l’exhortation de saint Pierre (cf 1P 3, 15).

Il m’a été découvert des uvéites bilatérales récidivantes, une maladie inflammatoire des yeux et aussi une inflammation chronique des intestins en 2010. En 2016, la maladie intestinale a été maîtrisée. Mon combat aujourd’hui reste l’inflammation des yeux qui semble parfois prendre le dessus : tension des yeux incontrôlables, greffes multiples de la cornée, jusqu’à l’implantation de valves afin de stabiliser la tension. Toutes ces interventions m’ont rendu malvoyant, ce qui rend lourd ma charge pastorale en tant que prêtre en responsabilité. L’impossibilité à lire rend difficile le ressourcement par la lecture, le manque d’autonomie dans la mobilité ne me permet pas une pastorale de proximité telle que je le souhaiterais. Les sentiments qui m’animent souvent sont la frustration et la lassitude. Les choses m’échappent, je ne peux rien planifier à long terme, le sentiment d’être incapable est souvent présent. Bref, il est difficile de se voir diminué.

Mon endurance dans ce combat quotidien je le dois au soutien des paroissiens. Leurs prières, leur patience et leur compassion me sont d’un grand réconfort ; leur disponibilité et celle de mes confrères prêtres d’un grand soutien. Je le dois également à ma foi au Christ qui nous a dit “qu’il n’est pas venu pour les biens portants ou pour les justes mais pour les malades et les pécheurs”. Le ministère du Christ a été en grande partie porté sur la guérison des malades, guérison du corps, de l’esprit et de l’âme. Fort de cette parole, Jésus a communiqué par la puissance de son esprit des grâces de guérison à des malades qui se sont tournés vers lui en toute confiance.

Toutefois dans cette lutte contre la maladie j’ai conscience que seule la grâce ne suffit pas, il me faut la volonté, l’effort personnel et la confiance totale au Christ. Un jour j’ai dit à mon chirurgien, chrétien maronite, que j’étais fatigué des interventions, ce à quoi il me répondit qu’il fallait prier. Je lui dis alors que je ne faisais que ça et mes paroissiens également. Il eut le bon sens de me dire que cela dépendait aussi du comportement du patient. En effet Dieu ne peut pas nous sauver sans nous-même. Il faut aussi notre adhésion totale à ce projet de guérison et le secours nous viendra de Lui.

Ainsi je ne céderai jamais à la peur, je ne la laisserai jamais miner mon cœur, car elle est source de désespoir. En dépit de mes limites et souffrances, brille en moi une espérance en des lendemains meilleurs. Jésus nous disait en saint Jean “Dans le monde vous aurez à souffrir. Mais gardez courage moi j’ai bel et bien vaincu le monde” (Jn 16, 33). Jésus a vaincu le monde, il a vaincu le mal et la mort, il nous associe à sa victoire. La souffrance et la maladie font partie de notre condition humaine. Elles révèlent nos faiblesses et fragilités, mais c’est dans nos faiblesses que le Seigneur déploie la puissance de son esprit pour nous renouveler et nous rendre notre dignité d’enfants de Dieu.

Noël c’est l’humanité renouvelée, rendue visible par le Christ. C’est chaque jour Noël chaque fois que nous nous tournons en toute confiance vers Jésus quand les vagues nous submergent. Je vis ma maladie en gardant toujours à l’esprit ces paroles fortes du psalmiste : “ma force et mon chant, c’est le Seigneur”.

père Jean-Michel Tendeng

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