Coulours — 7. Paroisse Saint-Ebbon

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Coulours

L’église de Coulours est dédiée à la Nativité de saint Jean Baptiste.

Cette église est aussi surnommée Cathédrale de la Forêt d’Othe.

Orientée vers le nord-est, on ignore totalement l’année de sa construction. Dès 1193, une ancienne église est mentionnée à Coulours. Selon un document datant de 1456, on peut conjecturer qu’il s’agit de l’église actuelle. Les substructures datent du Moyen-Age, et les parties hautes de la première moitié du XVIème siècle.

En 1567, les Huguenots (Protestants) passant à Coulours, pillèrent et incendièrent l’église, qui, dans ces circonstances, servait probablement de refuge aux villageois. A la suite de ce désastre, l’église à demi démolie resta abandonnée pendant 66 ans. Elle fut ensuite restaurée de 1633 à 1636 par les soins des paroissiens et du Commandeur. Mais ceux-ci se bornèrent à consolider ce qui restait du bâtiment ruiné. La nef et les collatéraux furent ainsi réduits de plus de moitié. C’est la raison pour laquelle la principale caractéristique de cet édifice est son manque de proportions. Son plan est celui de l’ancienne basilique : une nef principale et deux collatéraux, sans transept, un chœur d’une travée et un sanctuaire à cinq pans.

Les contreforts énormes sont en grès. La couleur sombre du grès contraste singulièrement avec la craie employée pour la partie supérieure des murs. La portée principale est un grand cintre de pierre nue, surmonté d’un fronton trapézoïdal. Une dalle rectangulaire de 0.70 X 0.90 m, scellée dans le tympan porte une inscription sculptée qui rappelle les malheurs de cette église.

Deux dalles carrées de 0.70 m sont scellées dans le mur de la façade de chaque côté du fronton ; elles portent des sculptures en relief représentant les ornements de l’Ordre de Malte entourant un écu dont le champ martelé est à peu près indéchiffrable. Cependant l’œil averti reconnaît sur l’écu de droite les armes du Commandeur DE ROUXEL-MEDAVY : d’argent à trois coqs crêtés et becquetés d’or. La charpente est apparente sous le vaste berceau lambrissé de lames de chêne, plafonnant d’un seul jet le chœur et la nef. L’inscription ci-dessous est peinte sous cette voûte :

Une charpente massive, carrée, a été élevée pour consolider le clocher qui abrite la seule cloche que l’église possède encore aujourd’hui, fondue en 1568, et dont le diamètre fait 114 cm. Sur le pourtour de cette cloche, on peut lire l’inscription suivante :

Deux statues anciennes en bois peint représentent à gauche sainte Catherine, à droite saint Joseph. Le maître-autel en bois n’a pas de retable. Derrière le tabernacle, une fresque peinte en 1636 représente le baptême du Christ par Jean Baptiste. L’ancienne chapelle de Madame de sainte Anne se trouve dans le collatéral. La fresque représente l’Annonciation et date de 1636 aussi. Cette chapelle a changé de dénomination et est dédiée maintenant à la Nativité de la Vierge. Un crucifix de grandes dimensions est scellé depuis 1903 dans le mur latéral – autrefois il était suspendu à la voûte au-dessus de l’entrée du chœur. La piscine monolithe des fonts baptismaux est de forme ovale et mesure 1 m de hauteur et 3.70 m de pourtour. Depuis 1903, le sol de l’allée centrale est recouvert de grands carreaux en terre cuite. Ils portent en leur milieu l’empreinte d’une fleur de lys surmontée d’une couronne de marquis, le tout encadré par une rainure à 5 cm du bord. Ces carreaux proviennent de l’ancienne demeure seigneuriale. Il suffisait autrefois de payer une certaine somme au curé et à la fabrique pour être inhumé dans une église. Un fragment de pierre tumulaire est placé dans le sol devant la porte de la sacristie, il porte une inscription gothique :

En 1903, deux fragments plus petits furent scellés par l’abbé BOURGEOIS auprès des fonts baptismaux.

La Commanderie de COULOURS

Pendant près de sept siècles, les commandeurs de Coulours furent seigneurs temporels et spirituels de ce lieu.

Par l’entremise de Thibaut II, comte de Champagne, et d’Henri Sanglier, archevêque de Sens, entre 1127 et 1134, les Templiers entrèrent en possession de la terre de Coulours. Ils y fondèrent l’une de leurs premières Commanderies. Cet établissement religieux, mi-ferme, mi-forteresse, était également au Moyen-Age un lieu d’hébergement pour les pèlerins nombreux en ces siècles de foi. Les Templiers devaient assurer la police des chemins, alors peu sûrs, et escorter les pèlerins qui voyageaient par caravanes.

A quelque distance de la maison principale, les frères du Temple construisirent une annexe qui accueillait les lépreux.

Après la suppression de l’Ordre du Temple, ses biens furent attribués le 24 août 1312 aux Hospitaliers de saint Jean de Jérusalem. Cet ordre avait été créé à la même époque que les Templiers, et avait à peu près les mêmes attributions. Quelques siècles plus tard, l’ordre des Hospitaliers devint l’Ordre de Malte. C’est à cet ordre qu’appartenait le chevalier Jacques DE ROUXEL-MEDAVY qui fit remettre en état l’église de Coulours, en 1630, après les malheurs de 1567 (passage des Huguenots).

La Révolution française vit la fin de la Commanderie de Coulours, avec la vente de ses biens aux enchères le 13 avril 1793. La famille Salmon qui l’acheta, resta propriétaire du domaine jusqu’en 1870 ; depuis c’est la famille Darde.

La chapelle à moitié ruinée possède un choeur à chevet plat, percé de trois petites fenêtres. On remarque, à l’intérieur du bâtiment, les armes du chevalier Thimoleon Testu de Balincourt..