Vanessa,catéchumène de l’année 2023 — 9. Paroisse Sainte-Alpais

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Vanessa,catéchumène de l’année 2023

Elle a débuté le catéchuménat en septembre 2022 et sera baptisée lors de la vigile pascale, dans quelques jours. Nous avons réussi à nous caler un rendez-vous de dernière minute, juste avant son baptême. Une dernière minute qui en a duré de nombreuses tant notre échange fut passionnant, inhabituel. Et bouleversant. Décidément ces rencontres sont de véritable cadeaux…

Vanessa, maman de trois enfants, est assise devant moi, un grand sourire éclaire son visage. 

Vanessa comment en es-tu venue à demander le baptême ? Au départ je devais être baptisée toute petite mais mon frère et moi avons été abandonnés par nos parents et lorsque j’avais environ 4 ans, confiés par la DDASS à une famille d’accueil où je suis restée avec mon frère de 4 à 18 ans. La signature de l’acte d’abandon a eu lieu lorsque j’avais 10 ans. Mais avant cela, après être née et déclarée morte-née puis réanimée, j’ai quasiment vécu dans la rue avec mon grand frère qui s’occupait de moi comme il pouvait. Une fois confiée à la DDASS, celle-ci ne pouvait statuer sur le sujet confessionnel aussi je n’ai pas pu aller au caté tandis que les enfants de ma famille d’accueil y allaient. Alors je me suis rabattue sur les livres et j’ai beaucoup lu, je lisais même la bible, j’étais réellement passionnée par le sujet, attirée par de Jésus, Marie. Marie tout particulièrement d’ailleurs.

De cette vie dans la rue ou presque je garde le sentiment fort d’avoir toujours été protégée, il aurait pu m’arriver les pires choses. Mais Quelqu’un a mis les gens qu’il fallait sur ma route...  

J’ai eu la chance de pouvoir continuer mes études tandis que mon frère a été rattrapé par l’alcool et la drogue, et est retourné dans la rue. Je me souviens que, petite fille, je volais de la nourriture dans ma famille d’accueil pour la lui porter. 

A 17 ans j’ai pu travailler à la poste , au tri du courrier quand j’étais mineure et au guichet lorsque je suis devenue majeure.  L’impression très forte qui demeure est qu’il y a eu un fil conducteur tout au long de ma vie. 

Par la suite je me suis plongée, immergée dans le travail, certainement pour ne pas penser au passé... Mais après la vaccination du Covid, j’ai été si malade que j’ai dû m’arrêter durant six mois. Mes enfants étaient à l’école Saint-Louis Notre-Dame où il y avait une grande statue de Marie qui m’attirait énormément: je la découvrais tandis que, en en parlant avec une amie , celle-ci m’apprit qu’elle avait toujours été là. Cette pause a été bienfaisante car elle m’a aidée à prendre de la distance avec mon travail qui mobilisait tout mon temps. Un temps spirituel que je ne prenais pas. 

Mes deux premiers enfants sont baptisés et la dernière est en marche pour l’être aussi je me suis dit: mais pourquoi pas toi? C’est devenu une évidence: il fallait que je sois baptisée.  

Prendre cette décision, qu’est-ce que cela a changé pour vous, Vanessa? 

Cela a généré une tonne de questions. J’étais une enfant non désirée, je me disais que personne ne voulait de moi car personne n’a voulu m’adopter alors que j’étais adoptable. Aussi ce baptême c’était comme si Jésus m’adoptait, comme s’il devenait mon père. J’avais cherché une famille toute ma vie et cette famille était là, juste là...Je me sens tellement mieux que même mes collègues de travail ont remarqué ce changement.

Pour moi la mort de Jésus, c’est comme si des milliards d’étoiles avaient été envoyées dans l’univers, c’est l’infini: le Christ est partout, en chacun de nous. 

Je me rends compte que dans ma vie presque chaque évènement et relié à un évènement religieux, particulièrement les évènements difficiles et douloureux que j’ai vécus. 

Je n’ai aucune colère envers mes parents biologiques: je ne voulais pas faire de place à la rancœur ou à la haine. Ces évènements, on ne peut pas les comprendre de l’extérieur , mais seulement de l’intérieur, quand on les a vécus. 

Désormais je me sens en paix avec mes démons: je suis épaulée par quelque chose, Quelqu’un d’invisible mais bien présent à mes côtés. Je ne le percevais pas mais néanmoins ce Quelqu’un, Dieu, a toujours été à mes côtés et m’a guidée. 

Dans ce chemin de catéchuménat que je fais, j’ai l’impression que les mots (les maux?) prennent tout leur sens. Ils me donnent la sensation de voyager dans ce pays que je ne connais pas, je ressens même la chaleur du soleil, les odeurs et surtout la lumière. 

Je fais de la méditation, et cette rencontre avec Lui a eu lieu en septembre 2022 mais auparavant, je vivais cela «naturellement», sans le savoir. J’avais une grande attirance pour la vierge Marie et trouvais étonnant, voire injuste qu’on parle surtout de Jésus. Mais Il est «venu» à moi et m’a donné la clef: aimer à l’infini… 

Une image me parle beaucoup: quelque part je viens de l’enfer mais j’ai été guidée par la lumière, ce qui n’empêche cependant pas la part d’ombre. 

Il me semble que lorsqu’ une personne commence à avoir une conscience «éclairée», un changement s’opère. 

Désormais participer à l’eucharistie c’est comme une addiction pour moi, j’attends le dimanche suivant! 

Vanessa, qui est Dieu pour vous?

Avant tout Il est mon protecteur, Celui qui veille sur moi. Dans la souffrance, quand on en bave, on a besoin de quelque chose, de quelqu’un pour puiser de la force. Et en puisant on découvre une autre force. Ça semble facile de trouver des solutions pour aider les autres, c’est beaucoup plus difficile lorsqu’il s’agit de soi...Il m’a fallu cette force pour traverser les épreuves et quand je pleure c’est là où j’entends cette voix intérieure qui me redonne de l’espoir et regonfle cette force. 

Y-a-il des personnes à qui vous parlez de cela? 

Vous savez la politique et la religion, c’est tabou, mais sans le vouloir, j’incite des personnes à aller à l’église. Elles me disent: « Tu sais j’ai pensé à toi et je suis allée à l’église» (et voilà comment on évangélise!). 

Comment vous-êtes-vous sentie accueillie dans la communauté? Il y avait un premier appel en novembre mais je n’ai pas pu y venir car j’étais malade, je suis donc venue seule le dimanche suivant et le Père Romain m’a marquée des huiles saintes. Je vois beaucoup de sourires autour de moi, beaucoup de chaleur. 

Je suis tellement heureuse car Gino, mon fils qui est servant d’autel va participer au baptême de sa maman! 

Le temps est passé très vite pendant cet entretien et nous avons  largement débordé: débordé sur l’horaire, débordé sur le thème  et avons parcouru ensemble des sentiers inhabituels, ouvert des  portes étonnantes 

"Venez à moi, vous tous qui peinez et ployez sous le fardeau, et  moi je vous soulagerai" 

En écoutant longuement Vanessa, je songe à ce fardeau dont le  Christ l’aide à se débarrasser...