“Pour tous ceux qui rêvent de se nourrir en paix” — Diocèse de Sens & Auxerre

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“Pour tous ceux qui rêvent de se nourrir en paix”

Édytorial de la revue diocésaine de février 2023, par le père Joël Rignault, vicaire général

Voici un slogan qui porte notre attention en direction des personnes, malheureusement nombreuses dans le monde, qui ne se nourrissent pas en paix. Quels peuvent être les motifs d’un tel empêchement ? D’abord nous viennent à l’esprit les temps de guerre où l’inquiétude des bombardements inattendus ou d’une intrusion brutale, doit plonger, autant les civils que les militaires, dans l’angoisse et la peur. Dans cette situation, il ne s’agit effectivement pas de “repas” mais simplement de se nourrir par nécessité. Comment vivre durablement dans ces conditions ? Ces situations d’angoisse et de tensions font oublier la perspective de se mettre à table pour seulement parer au plus urgent. Ils sont également nombreux ceux qui, dans notre pays comme ailleurs, rêveraient d’une table bien préparée où ils seraient attendus et accueillis. Et nous n’oublions pas ceux qui ne se nourrissent pas en paix parce qu’ils se savent très endettés ou parce que l’approvisionnement en nourriture est très aléatoire.

Parmi de nombreuses organisations humanitaires, le CCFD nous alerte sur le lien fréquent entre les situations de guerre et le manque de nourriture. Le défi des urgences doit pouvoir alors s’imposer au niveau de tous ceux qui portent des responsabilités. Trop de nos semblables sont dans l’insécurité alimentaire sans perspectives d’amélioration de leur situation. Les chrétiens ne peuvent endormir leur conscience au point de penser qu’il y a là un fléau insurmontable qui est de l’ordre d’une fatalité.

L’humain doit pouvoir faire preuve d’initiatives astucieuses pour travailler concrètement à sortir de la souffrance et de l’angoisse nos frères qui ne peuvent pas actuellement se nourrir convenablement. Si le Carême est un temps privilégié de prière et de partage, il peut être aussi un temps d’espérance si en Église, en communauté paroissiale, nous réalisons qu’au fil de l’histoire nous avons fait preuve d’audace pour être, à la suite du Christ, sel de la terre et lumière du monde.

Mais j’aimerais également tourner mon regard en direction de tous ceux qui rêvent de vivre des repas en paix. Certes, il y a la nécessité impérieuse de se nourrir, mais l’humain, celui qui par chance a déjà ouvert les livres bibliques, celui-ci a bien compris que la notion de “repas” a aussi une autre envergure. Devant la télévision ou son ordinateur chaque membre de la famille peut se nourrir sans vivre de véritable repas. Il est très facile parfois de se nourrir d’une façon très individualiste voire de se nourrir dans la surabondance ou le gaspillage en ayant perdu de vue la notion de “repas”.

Notre dossier a souhaité aussi nous inciter à nous interroger : savons-nous encore prendre un repas en famille ou avec des frères et sœurs à la façon du Christ ? Sommes-nous encore capables d’avoir ce regard inquiet pour percevoir si les personnes qui prennent le repas avec nous ont besoin d’un service, d’une écoute, d’une conversation ? Je participe à un certain nombre de repas où je m’attriste de constater que le plat ne circule pas parce que l’on s’imagine que le ciel va s’en charger. La pandémie nous a alertés sur les risques sanitaires parfois au point d’avoir désappris comment prendre un repas entre personnes civilisées.

Je suis de ceux qui rêvent de “repas” vécu en paix chrétienne et non pas dans une paix égoïste où l’on ne veut pas être dérangé par le voisin de table. Il est possible avec bonheur de se nourrir tout en partageant ses joies et ses peines tout en s’écoutant mutuellement. On parle usuellement d’un art de la table en pensant notamment à l’ambiance esthétique avec laquelle on peut dresser une table, mais il y a certainement un art de la table que l’on peut retrouver dans la culture chrétienne et l’esprit évangélique pour parvenir à créer un climat où chacun et chacune peut se sentir attendue, estimé, écouté, en dégustant la joie d’être ensemble avec nos personnalités, nos compétences, nos charismes différents. Une table où l’invité de la dernière heure serait véritablement attendu ; où l’intrus de la dernière heure serait une joie et non pas un dérangement. J’émets ce souhait, et non le rêve, que ce Carême à venir nous fasse aussi redécouvrir l’art de la table chrétienne.

Sommaire

Édy-torial

  • “Pour tous ceux qui rêvent de se nourrir en paix”, par le père Joël Rignault, vicaire général, p.1

En bref

  • Sur l’agenda de Mgr Hervé Giraud, p.2
  • Intention de prière du Pape pour mars 2023, p.2
  • Cellule d’écoute diocésaine, p.2
  • Informations officielles, p.3
  • Carême 2023, p.3
  • Dans notre prière, p.3
  • Secours catholique : offre d’emploi, p.4
  • Actualité des AFC de l’Auxerrois, p.4

Initiatives

  • Parole, prière, témoignages et joie, p.5
  • Le premier tract du Denier de l’Église !, pp.6-7
  • 2023 : les Actes des Apôtres comme guide, p.8
  • Les religieux, témoins de la joie de l’Évangile, p.9
  • Des chocolats pour la formation des séminaristes, p.10
  • Société Saint-Vincent de Paul : les idées et l’envie reviennent, p.11

“Jeunes, vous êtes le présent”

  • Un repas portugais pour les JMJ, p.14

Dossier : s'attabler

  • S’attabler, p.15
  • À l’école de saint Benoît, pp.16-19
  • La lutte contre la faim, sur le chemin de la Paix, p.20
  • “Les mains nourricières qui préservent les semences paysannes”, p.21
  • Un Carême pour s’engager contre la faim et pour la paix, pp.22-23
  • “La guerre et la faim vont de pair”, p.24

Repères pour une vie de foi

  • Pour mieux connaître Joseph Ratzinger/Benoît XVI, p.25
  • Lexique chrétien : autour du Credo, pp.26-27

À vos agendas, pp.28-29

Prier

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