Inséparables. — 9. Paroisse Sainte-Alpais

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Inséparables.

Lorsque je retrouve Laurence ce dimanche 6 novembre 2022 au début de la messe
dominicale , elle a le sourire , mais un sourire un peu inhabituel car empreint de gravité.
Un sourire au milieu de larmes qu’elle retient. En effet son papa et sa maman viennent de
décéder il y a deux jours à 24h d’intervalle. Un départ exceptionnel qu’elle me partage en
cette fin de dimanche.


Laurence, vous la connaissez peut-être si vous avez lu son parcours de catéchumène
déposé dans notre église ou posté sur le site paroissial.
Laurence et son fils Adrien, servant d’autel, qui vient de perdre d’un coup son papi et sa
mamie mais dont la tristesse est atténuée par le fait « qu’ils sont entrés tout les deux
ensemble au paradis »…

Car ces deux là, Charles et Mauricette Renotte, ne sont pas décédés ensemble dans un
accident mais après 69 ans de mariage au cours duquel ils ne se sont jamais séparés:
quand l’un a quitté ce monde, l’autre l’a suivi quelques heures après.
C’est avec une émotion certaine mais aussi beaucoup de sérénité que Laurence, après
m’avoir confié son parcours personnel il y a quelques mois, évoque celui de ses parents.
Inséparables ils le furent, même si ces 69 ans années de vie commune ne furent pas un
long fleuve tranquille. Comme tant d’autres ils ont traversé des épreuves, des orages et
peut-être des tempêtes mais aussi beaucoup de joies et l’un ne pouvait vivre sans l’autre.

Un couple extrêmement lié, des « dinosaures » du mariage...
Ils finissaient tranquillement leur vie à l’EHPAD des Rives de l’Yonne quand l’état de
Mauricette, qui aurait eu 90 ans le 7 novembre, s’est beaucoup dégradé jusqu’à son
hospitalisation au mois d’ octobre. Elle fut soignée puis renvoyée à Villeneuve où Charles
et elle vivaient dans le même appartement. Elle repartait cependant à l’hôpital quelques
heures plus tard pour y être admise en soins palliatifs.

Le lendemain Charles manquait de s’étouffer et dut partir en catastrophe à l’hôpital, lui
aussi , en soins palliatifs également. Mais hélas séparés, dans deux services différents.

C’est alors que leurs trois enfants et leur petite-fille Céline, conscients de la gravité de
leurs états respectifs et sachant que leur désir profond était de ne jamais être séparés,
plaidèrent leur cause afin qu’ils soient réunis dans la même chambre, ce qui fut accepté
avec beaucoup d’humanité par le médecin et le personnel du service : vendredi 4
novembre les inséparables étaient réunis.

A l’hôpital Mauricette, croyante, avait reçu le sacrement des malades tandis que
Laurence priait pour que ses parents partent ensemble, sans trop de souffrances. Sa
prière était en parfaite union et relayée par celle qui avait encouragé et suivi le parcours
de catéchumène de Laurence, Martine sa marraine. Celle-ci se trouvait à Jérusalem et
ses textos pleins de compassion adressés depuis le mont Golgotha et le Saint Sépulcre
n’ont cessé de soutenir Laurence durant ces moments difficiles.

A peine réunis le vendredi 4 novembre, Charles a trouvé les clefs du paradis, précédant
de quelques heures son épouse Mauricette, tout comme, 69 ans plus tôt, dans l’église où
fut célébré leur mariage il l’avait précédée, attendant qu’elle franchisse la porte pour le
rejoindre à l’autel.

En effet Mauricette est allée retrouver Charles dès le samedi 5 novembre, à peine
quelques minutes après que ses trois enfant et Céline l’aient assurée de leur présence
autour d’elle. Céline, infirmière de son métier, a été également très présente auprès de
ses grands-parents et leur a prodigué des soins jusqu’à leur dernier souffle.

Comme si leur mariage, célébré en juillet 1953, puis « confirmé » 50 ans plus tard en juillet
2003 n’était qu’un avant goût de noces éternelles…
En me partageant ces moments si forts, douloureux et heureux à la fois, Laurence me dit
combien elle remercie Dieu pour la façon dont s’est effectué ce double départ qui parle,
au-delà de la souffrance de la séparation, de la paix dont Jésus dit :

"Je vous laisse la paix, je vous donne ma paix. Je ne vous la donne pas comme le monde donne. Que votre
coeur ne se trouble point, et ne s'alarme."   (Jean 14:27)